Les statuts secrets, de Maître Roncelin

 

Au 19° siècle, parmi d'autres documents de caractère maçonnique fut découvert, à Hambourg, un manuscrit en langue latine, et traduit par Mertzdorff, en 1877. En voici  une version résumée et en français de René Gilles, suivie de l'ouvrage complet du professeur Merzdorf (en format pdf téléchargeable.)

 

Ici commencent les statuts secrets des frères élus de la Milice du Temple,  approuvés par Roger de Montagu, précepteur de Normandie et Robert de Barris, procurateur de Normandie.

 

Art. 1. - Les temps préparés par les saints sont révolus. II faut faire pénitence, le royaume de Dieu étant proche pour ceux qui ont été baptisés dans le feu et le Saint-Esprit.

Art. 2.3.4. - Des chapitres secrets et de la manière de les tenir: portes closes, un veilleur sur le toit. Les Frères Élus doivent être avertis par un signe secret, immédiatement après none, qu'un chapitre sera tenu dans la nuit.

Art. 5.6.7. - Comment il faut s'assurer des personnes aptes à recevoir l'initiation. Leur montrer l'insuffisance de la règle commune, les attirer hors de la Babylone moderne, l'Église, dont l'enseignement est vide. L'Église n'est que la Synagogue de l'Anté-Christ. Mais les élus s'élèvent sur les hauteurs de la Vérité. Certains sont venus d'Outre-Mer nourris de la manne divine et ayant des visions. Ils sont saints. Dieu étant auprès d'eux, et possèdent le Trésor céleste de la Sagesse.

Art. 8. - Il est interdit d'admettre parmi les Élus, les Frères qui méprisent la règle officielle, parce que celui qui est négligent dans les petites choses le sera bientôt dans les grandes.

Art. 9. - L'ignorance étant la source de beaucoup d'erreurs, nul ne sera adonis parmi les Élus s'il ne connaît, au moins, le « Trivium et le Quadrivium ». Exception faite pour les musulmans qui n'ont aucune part à la Babylone romaine et à ses erreurs.

Art. 10. - Seront exclus rigoureusement les descendants d'Arefast, homme-lige du due de Normandie Richard II, qui, par sa trahison, a causé le martyre d'Étienne et de Lisoë à Orléans. Clercs ou Laïcs qu'ils soient exclus de la fraternité des Élus jusqu'à la septième génération.

Art. 11. - Rituel de la réception des Élus : serment de garder le secret de l'Ordre, la moindre indiscrétion étant punie de mort. Le récepteur baisera successivement le néophyte sur la bouche, pour lui transmettre le souffle, au plexus sacré, lequel commande la force créatrice, à l'ombilic, enfin au membre viril, image du principe créateur masculin.

Art. 12. - Acte de Foi au Dieu Créateur et à Son Fils qui n'est pas né, n'est pas mort, n'a pas été crucifié et n'est pas ressuscité. Haine éternelle au tyran séculier et à sa synagogue de l'Ante-Christ annoncé par Jean.

Art. 13. - Le néophyte foulera la Croix au pied et crachera dessus ; il recevra ensuite la tunique blanche avec la ceinture.

Art. 14. - Celui qui croirait avoir licence de se permettre de vitupérer Jésus, Fils de Marie, en raison de l'outrage infligé par nous au bois de la Croix, sera exclu des chapitres et son instruction ne sera pas poussée plus avant.

Art. 15. - Les chapitres ne doivent pas durer au-delà de la troisième nuit. Ils se termineront par ces mots que dira le précepteur, le visiteur ou le Maître : « Allez, et ne jetez pas ce qui est saint aux chiens, ni vos perles aux pourceaux, de peur qu'ils ne se retournent contre vous et vous dévorent. Dans la liberté qui vous est acquise comme vrai chrétien de Dieu, vous devez rester et ne jamais lever la main vers le Ciel comme ceux qui sont dans les liens de l'esclavage. Que le Dieu protecteur remplisse vos cœurs de foi, de paix et de joie ; afin que vous soyez pleins d'espérance et de la force du Saint-Esprit ». Le Prieur ou visiteur étend alors les mains vers les Frères, les bénit sans faire le signe de la Croix, et dit : « Que le Dieu de la Sagesse, de la Lumière ci de la Paix soit avec tous! Amen ». Les Frères sortent en silence.

Aux chapitres de réception, le précepteur dit en général : Nous plions le genou devant le Père de tout, de qui vient toute paternité au Ciel et sur la Terre (la main sur la tête du néophyte) afin qu'il te fortifie (ici le nom du néophyte) en vertu de la richesse de sa grâce, par son Esprit dans l'homme intérieur et que le vrai Christ demeure par la foi dans ton cœur fortifié et mieux établi, afin qu'avec tous les Élus et les Saints, tu comprennes ce qu'il y a de large, de long, de haut et de profond dans la science supérieure et dans l'amour du vrai Christ et afin que tu sois rempli de Dieu en surabondance ».  Ces prières, les cérémonies et les coutumes mêmes de l'Ordre devront être souvent variées pour que les indiscrets et les malintentionnés ne les puissent surprendre.

Art. 16 - Les statuts secrets ne seront traduits en aucune langue vulgaire et ne seront jamais mis entre les mains d'aucun Frère. Ils seront lus à haute voix les jours de l'Epiphanie, du Vendredi-Saint, de la Saint-Jean et de la Saint-Michel au cours du chapitre nocturne, expliqués et suivis de nouvelles ordonnances.  Le précepteur apaisera les querelles, les mésintelligences, les incidents domestiques. Il n'y aura pas de réception ces jours-Ià.

Art. 17. -Les statuts de l'Ordre ont été apportés d'Outre-Mer par les Maîtres, ils ne sont en contradiction ni avec les Évangiles ni avec les préceptes des Apôtres. Leur doctrine est celle-ci : renoncer au monde, mater les désirs de la chair, poursuivre les brigands voleurs, usuriers, détracteurs, fornicateurs. Par le travail matériel et moral faire notre vie, ne causer de tort à aucun homme de bien, recevoir avec amour ceux qui s'intéressent à notre savoir, obéir à Dieu avant d'obéir à l'homme. Si nous nous en tenons à ces règles de vie, nous n'avons nul besoin des sacrements qui sont vendus dans la synagogue de Satan, et si nous ne tenons pas notre règlement, les sacrements ne nous donneront rien pour notre salut. Ceci est la somme de notre justification, le résumé de notre savoir, à quoi aucune cérémonie ne peut rien ajouter.

Art. 18. - Attention, Frères, que personne ne vous tente, parce qu'il y a beaucoup de faux christs menteurs. Ils sont l'Anté-Christ et renient le vrai Christ par leur vie souillée. Le royaume de Dieu n'est pas dans les mots des dogmes, mais dans la vertu. II n'est pas dans le boire et le manger, mais dans la justice, la paix et la joie de l'Esprit-Saint. Ce n'est pas la pratique extérieure qui fera venir le Royaume de Dieu, et ceux qui le prétendent, mentent. Le Royaume de Dieu est en nous. L'Église du vrai Christ au temps du Pape Sylvestre s'est changée en synagogue de l'Anté-Christ, et la Rome de Pierre, en Babylone moderne. De là sont venus autrefois les Pharisiens et maintenant les faux prophètes du peuple et les maîtres-menteurs qui, s'asseyant dans les chaires des Conciles, patronnent des sectes de perdition en reniant le Dieu qui les a rachetés. Ils honorent Dieu des lèvres et il est loin de leur cœur.

Art. 19. - Les Élus sont parmi les sept cents dont il est écrit qu'ils ne plient pas le genou devant Baal. Ils ont été choisis et ne sont pas de ceux à qui Dieu a donné des yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre, un esprit pour les punir. Sur nous aussi étaient les ténèbres, mais le jour de l'élection est venu. Rejetons les œuvres de ténèbre, que nous commettions dans la Synagogue de l'Anté-Christ et revêtons nous des armes de la lumière, soyons un corps et une âme. Élus dans l'espérance de la vocation, soyons de ceux qui n'ont qu'un Seigneur dans la foi, le baptême de l'Esprit, un Dieu Père de tous, qui est au dessus de nous tous et en nous tous.

Art. 20. - Les Élus étaient la race de choix, la sainte assemblée, le peuple de l'acquisition dans lequel il n'y a ni Juifs, ni Sarrasins, ni libres, ni esclaves, ni hommes, ni femmes - qui est « Un » dans le vrai Christ-Dieu, nous vous annonçons un Dieu qui est révélé dans le Monde, nous vous annonçons un Christ fils unique de Dieu, qui était de toute éternité en Dieu, qui n'est jamais né, n'a jamais souffert, qui ne peut pas mourir, qui est omniscient, qui a anime l'âme du fils de Marie et qui a ainsi été dans le monde, que le monde n'a point connu parce que les hommes charnels n'ont pas compris ce qu'est l'Esprit. Tenez pour certain que le fils de Marie et de Joseph a tout lait : son enseignement, ses miracles, ses œuvres saintes, par la force et la puissance de ce vrai Christ qui était de toute éternité émané de Dieu, qui pour un temps s'était uni à l'âme de Jésus, mais qui n'a jamais apparu charnellement. Parce que le fils de Joseph et de Marie a été, saint, libre de tout péché et crucifié, nous vénérons en Dieu et nous le prions. Mais le bois de la Croix, nous le tenons pour le signe de la bête dont il est question dans l'Apocalypse.

Art. 21. - Si vous vivez selon l'esprit de Dieu qui vit en vous et vous guide, vous n'êtes plus sous la loi mais sous la grâce. Délivrés des liens de la mort dans lesquels vous avez été détenus, servez avec un esprit renouvelé et dans le vieil esprit des Saintes Écritures. Avant votre délivrance vous étiez prisonniers de la loi. Cette loi était votre maître en Christ, afin que par cette loi vous soyez justifiés et choisis. Ayant été choisis, vous n'avez plus de maître, vous avez la liberté des fils de Dieu. Dieu vous ayant choisi et vous l'ayant reconnu, ne vous tournez plus vers les faibles, les insuffisants enseignements de la synagogue de l'Anté-Christ et servez-le de tout votre cœur.

Art. 22. - Inutile de jeûner. Le Templier est délié du carême et des autres jeûnes, mais il doit prendre garde ce faisant de ne scandaliser personne. Tout est pur pour les purs. Mangez de la viande et remerciez Dieu qui vous donne l'abondance.

Art. 23. - Si un Juif ou un Sarrasin, que la nouvelle Babylone condamne, vous invite à manger mangez de tout ce qui vous offert et méprisez les hypocrites qui réprouvent le mariage et évitent la nourriture que Dieu a créée, au lieu de remercier Dieu de ce qu'il donne à l'homme.

Art. 24. - Si vous voyagez vers l'Orient ou vers l'Espagne, vous devez conduire la guerre avec justice et charité, chercher à protéger le faible et à punir le coupable Ne pensez surtout ni à votre gloire propre, ni à profiter de la cupidité des princes, ni à vous enrichir par la rapine. Pendant la période de paix, vous devez songer souvent que votre Dieu est aussi celui des Juifs et des Sarrasins et que ceux qui, derrière le voile du christianisme, s'attachent à poursuivre l'hypocrisie frauduleuse du Pape, sont plus agréables à Dieu que ceux qui mésusent des vertus de notre Saint Ordre, dans le but de satisfaire à leur propre gloire et non pour la glorification de Dieu.

Les Frères sont tenus à faire des stages dans les maisons de l'Ordre où il y a beaucoup d'Elus afin que par des conversations fréquentes ils augmentent en eux-mêmes la lumière de leur élection. Et, comme nombreux sont les fils de nos pères qui sont dispersés dans le monde et occupés à diverses professions ou métiers, nous vous engageons à les reconnaître à l'aide des signes appropriés. Si vous passez à Orléans, allez pieusement vers les murs de la ville où les glorieux martyrs de la science divine « Stéphanus et Lisoë », avec dix autres fils de nos pères, ont été brûlés sur l'ordre du Roi, Robert le Pieux, et des évêques. De cela, nous vous supplions en Dieu.

Art. 25. - Les lois courantes, qu'elles soient de l'Ordre ou de la Synagogue de l'Anté-Christ, doivent être accomplies devant les yeux des hommes; afin de ne pas occasionner de scandale. Observez notre régime, observez également les lois de Rome. Dans votre cœur n'honorez cependant que la loi écrite de vos cœurs par l'Esprit Saint.

Si l'un de vous a contrevenu à une loi, qu'il se confesse à un de nos prêtres, ou, à défaut du prêtre-Élu, à un laïc-Élu. Tertullien a dit: « Nous, laïcs, ne sommes-nous pas aussi prêtres? C'est l'Église qui a établi une différence entre prêtres et laïcs. Là où trois sont ensemble, il y a une Église parce que chacun vit pour sa foi et dans sa foi. »

Art. 26. - Dans toutes les maisons du Temple, les Élus doivent tenir les grades supérieurs ainsi que celui d'administrateur. De même, les Élus doivent tenir ensemble dans les Chapitres, pour la nomination des visiteurs, précepteurs, procurateurs et autres supérieurs, le Grand Maître excepté qui ne doit pas être un Élu.

Art. 27. - Si un Frère Élu a obtenu la charge de Prieur ou de Préfet, il doit travailler à mettre en état les ateliers de la maison tels que nos usages secrets le réclament, ce qu'il doit faire avec un maître maçon qui soit un descendant de nos Pères. Si celui-là n'est pas encore initié et s'il est habile, vous pouvez lui révéler la lumière. Qu'il se hâte d'édifier le chapitre afin que la lumière de Dieu dissipe bientôt les ténèbres de la synagogue de l'Anté-Christ. Que le prieur rende serviable le chapelain de la maison et si celui-ci est récalcitrant, qu'il le chasse et en prenne un autre. Les chapelains doivent persuader les Frères chevaliers, servants d'armes et Frères servants de se confesser au Supérieur de la maison, lequel a le pouvoir de les délier de leurs péchés, aussi bien les péchés cachés par la honte que ceux qu'ils ont avoués. A ceux qui douteraient de ce privilège, dites que le Pontife suprême et le prêtre supérieur de notre Ordre a reçu ce privilège du Christ, fils de Dieu.

Art. 28. - Les bibliothèques de l'ordre doivent toujours posséder les Écritures Saintes, les Pères de l'Église, les œuvres de Maître Jean Eugène sur la division de la nature, le livre d'Altonis Vercellensis, sur la pressuration ecclésiastique, le monologue et le prosloguim d'Anselme de Canterbury, le livre de canon des concordances et des non concordances de Gratiani, le livre des sentences de Maître Pierre Lombard, le livre de Maître Gilbert sur la Trinité de Jean de Salisbury et, enfin, tous les écrits qui ont été condamnés par les Pharisiens de la Synagogue de l'Anté-Christ, par exemple le divin écrit de Maître Amalrich de Béna et de David de Dinant, dans lesquels vous puiserez des trésors de sagesse. Afin que vous ne soyez pas surpris dans votre inexpérience par les cours de Justice des princes et des évêques, nous vous ordonnons de vous mettre à l'étude sans tarder des décrets et des lois.

Art. 29. - Si un Frère s'oublie, soit par légèreté, soit par bavardage, et fait connaître la plus petite partie des statuts secrets ou de ce qui se passe dans les chapitres nocturnes, qu'il soit puni selon la grandeur de sa faute par une détention à temps dans les chaînes et soit exclu à jamais des Chapitres. Si la trahison est prouvée et s'il a parlé avec mauvaise intention, qu'il soit condamné à la prison perpétuelle ou même mis à mort secrètement si le bien général l'exige.

Si l'on vous interroge en justice sur les usages, lois statuts et entreprises secrètes de l'Ordre, résistez à cette tyrannie en niant et en jurant de votre ignorance. L'accusation de faux serment tombera avec la malédiction divine non pas sur vous, mais sur les iniques inquisiteurs. A vous, au contraire, la récompense de la vérité méconnue.

Art. 30. - Si un Frère est mourant, un autre Frère doit se tenir auprès de lui, ne pas le laisser seul et tâcher d'appeler un Élu. Le malade doit demander à voir un Élu d'une maison voisine s'il n'y en a pas de présents dans la sienne. Si le mourant est tourmenté par des scrupules, l'Élu doit le tranquilliser, l'entendre en confession et le déclarer délivré de tous ses péchés, quels qu'ils soient. Ne jamais permettre que le malade s'entretienne avec un Frère clerc ou laïc qui ne soit pas Élu. Le mort sera enterré avec sa ceinture rouge, on dira pour lui la Messe du Saint-Esprit, en vêtements rouges et sur la pierre tombale on gravera le plus vieux signe du salut, le Pentalpha.

Pierres tombales situées dans l'ancienne maison cheftaine de la province templière du Portugal à Tomar . Photo:tomarterratemplariafotos.blogspot.fr/2011/07/estelas-funerarias-medievais.html

 

Ici commence le liber consolamenti ou Statuts secrets rédigés pour les Frères Consolés de la Milice du Temple, par Maître Roncelinus

 

Art. 1er. - Le peuple qui marchait dans l'obscurité a vu une grande lumière et ceux qui étaient dans l'ombre de la mort ont vu cette lumière. Pour nous aussi la lumière a lui. Nous étions tous dans le deuil et nous avons été consolés, dans la terreur et l'esclavage et nous avons reçu l'esprit d'adoption des enfants qui nous fait crier: « Un seul est notre Père, Maître, Sauveur, Consolateur - Un seul est notre Dieu et son Esprit donne au nôtre l'assurance que nous sommes fils de Dieu ».

Art. 2. - A vous, Frères, il est donné de connaître les secrets du royaume de Dieu; heureux nos yeux et nos oreilles qui voient et entendent. Sachez que Papes, Rois, Évêques, Abbés et Maîtres ont désiré voir et entendre ce que vous entendez et voyez, mais ils ne l'ont ni vu ni entendu et ne le connaîtront jamais.

Art. 3. - Le temps est venu où l'on n'adorera le Père ni à Jérusalem, ni à Rome. L' Esprit est Dieu et, si vous êtes en Dieu, vous l'adorerez en Esprit et en Vérité. Sachez que tout ce que Jésus a dit par le vrai Christ, est esprit et vie en Dieu. C'est l'esprit de Dieu qui vivifie. La chair de Jésus ne peut servir à rien.

Art. 4. - Dieu est Amour et quiconque reste dans l'amour reste en Dieu et Dieu en lui. Nous vous parlons en secret de ce qui reste caché aux enfants de la Babylone nouvelle qui sera réduite en cendre et en poussière par les plus humbles serviteurs de Dieu. Nous vous parlons de la Sagesse de Dieu, révélée à nos Pères qui nous l'ont transmise pour notre gloire et notre bien. Aucun prince ou grand prêtre de ce temps ne l'ont connue. S'ils l'avaient connue, ils n'adoreraient pas le bois de la Croix, et n'auraient pas brûlé ceux qui possédaient le Vrai Esprit du Vrai Christ.

Art. 5. - Vous qui êtes les Temples de Dieu, construits sur les fondements de la Sagesse et de la Sainteté antiques, sachez que Dieu ne fait point de différence entre les personnes: Chrétiens, Sarrasins, Juifs, Grecs, Romains, Francs ou Bulgares, parce que tout homme qui prie Dieu est sauvé.

Art. 6. - Le Consolé est délivré du joug que les enfants de Babylone ont établi sur des dogmes faux. Parmi les Juifs et les Sarrasins, soyez comme si vous étiez des Sarrasins et des Juifs. Avec les fils de Babylone, soyez comme les fils de Babylone bien que par l'Élection et le Consolamentum vous soyez libérés.

Rendez-les heureux et tâchez d'attirer à vous ceux dont les yeux s'ouvrent, mais agissez avec prudence à cause de l'Évangile éternel et afin d'éviter le scandale.

Art. 7. - A vous qui êtes saints, tout est permis. Cependant, il vous faut garder d'abuser de cette permission. Ne laissez jamais rien soupçonner de ce que vous êtes autour de vous. Ayez dans vos maisons des lieux de réunion vastes et cachés, auxquels on accédera par des couloirs souterrains, pour que les Frères puissent se rendre aux réunions sans risques d'être inquiétés.

Art. 8. - Il y a des Élus et des Consolés dans toutes les régions du monde. Là où vous verrez construire de grands bâtiments, faites les signes de reconnaissance et vous trouverez beaucoup de justes instruits de Dieu et du Grand Art. Ils en ont hérité de leurs pères et maîtres et sont tous frères. Dans ce cas, sont les Bons Hommes de Toulouse, les Pauvres de Lyon, les Albigeois, ceux des environs de Vérone et de Bergame, les Bajolais de Galicie et de Toscane, les Bégards et Bulgares.

Par les chemins souterrains vous les amènerez à vos chapitres et, à ceux qui concevraient quelque crainte, vous conférerez le Consolamentum en dehors des chapitres, devant trois témoins.

Art. 9. - Vous recevrez fraternellement les Frères de ces groupements et de même les Consolés d'Espagne et de Chypre recevront fraternellement les Sarrasins, les Druses et ceux qui habitent le Liban Et si l'Esprit divin animait des Sarrasins ou des Druses, vous pouvez les admettre comme Élus ou comme Consolés.

Art. 10. - Nul frère ne sera reçu s'il ne compte trente-cinq ans d'âge et s'il n'a acquis les vrais fruits de son élection. Pour le prouver, il justifiera de son instruction et de ses connaissances dans les décrets avant son admission.

Art. 11. - Il est expressément recommandé de s'entourer des plus grandes précautions vis-à-vis des moines, prêtres, évêques, abbés et docteurs de la science, parce qu'ils agissent en traitres afin de se rouler plus librement dans la boue de leurs crimes. Si vous les admettez après une longue probation, que ce soit en dehors du chapitre, en présence de trois Frères, et sans rien leur révéler des statuts et coutumes de l'Ordre.

Art. 12. - Avec les laïcs qui servent Dieu dans la simplicité de leur cœur, il est permis de prendre moins de précautions et de les recevoir soit comme Élus, soit comme Consolés, après une probation raisonnable.

Art. 13. - Rituel de « Consolamentum » : le néophyte écrira sa confession générale et l'adressera au Précepteur. I1 confirmera cette confession par serment, en présence de deux témoins, et elle sera conservée dans les archives du chapitre. Il dira ensuite les Psaumes, l'Antienne tirée du Deutéronome et il sera béni par tous les Frères, qui poseront leur main droite sur sa tête, après quoi il jurera silence, obéissance et fidélité.

Le précepteur l'absout de tous ses péchés. Il le délie de tous les commandements de l'Église au nom de Dieu qui n'est pas engendré et qui n'engendre pas, au nom du vrai Christ qui n'est pas mort et ne peut mourir. On récite alors les trois Prières:

Pendant la première, le néophyte se tient debout, les mains levées.

Durant la seconde, il s'agenouille, les bras en croix.

Pour la troisième, il se prosterne la face contre terre.

 

Art. 14-15-16.

-La première prière est celle de Moïse: «Magnificetur, fortitudo Domini... » suivie de ces mots: Dixit que Dominus vivo ego et implebitur gloria Domini universa terra. Après quoi le précepteur coupe un peu de la barbe, des cheveux et de l'ongle de l'index droit du néophyte en disant: « Sers Dieu, tu souffriras plus dans ton cœur que dans ton corps en signe de l'alliance de Dieu avec l'esprit de l'homme ».

- La seconde prière est celle du fils de Marie qui est appelé Jésus: « Pater aeterne glorifica nos... » (Saint jean, c. XVII), suivie de: « Facta est vox de coelo, iste filius meux dilectus in quo mihi bene complacuit ». Le récepteur passe ensuite un anneau à l'index droit du Frère en disant: « Fils de Dieu, prends cet anneau en signe de ton union éternelle avec Dieu, la Vérité et nous-mêmes ».

- La troisième prière dite de Baphomet, est celle qui sert d'ouverture au Coran et qui porte le nom de « Fatiha ». Le récepteur ajoute: « Un Maître, une Foi, un Baptême, un Dieu Père de tous, et chacun qui invoque le nom de Dieu est sauvé ». I1 relève alors le néophyte et oint ses paupières avec l'huile sainte en disant : « je te veux oindre, ami de Dieu, avec l'huile de la Grâce, afin que tu voies la Lumière de notre Baptême du Feu et qu'elle brille pour toi et pour nous tous sur le chemin de la Vérité et de la Vie Éternelle ».

Art. 17. - La figure de Baphomet est retirée de sa châsse et le récepteur dit: « Le Peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière et elle a brillé pour ceux qui étaient assis dans les ombres de la mort. I1 y en a trois qui rendent témoignage à Dieu et au monde, et ces trois sont: Un » (Saint-Jean).

Tous les Frères s'écrient: « Yah Allah! », c'est-à-dire, « Splendeur de Dieu », baisent l'image et la touchent de leur ceinture. Le récepteur prend ensuite le néophyte par la main et dit: « A présent le Fils de l'Homme est glorifié et Dieu est glorifié en Lui. Voici un nouvel ami de Dieu, qui parle à Dieu quand il lui plaît, à Dieu auquel vous devez rendre grâce, parce qu'il vous a conduit là où vous désiriez aller et qu'il a exaucé vos désirs. Que la Lumière Divine reste dans nos cœurs et nos esprits. Amen ». Pour terminer la cérémonie, on chante le chant tiré du Livre de la Sagesse, chant qui marque la fin du chapitre.

Art. 18 - Le néophyte est conduit aux archives où on lui enseigne les : mystères de la science divine, de Dieu, de Jésus enfant, du véritable Baphomet, de la Nouvelle Babylone, de la nature des choses, de la vie éternelle ainsi que la science secrète, la grande Philosophie, Abrax et les talismans. Choses qui toutes doivent être rigoureusement cachées aux ecclésiastiques admis dans l'Ordre.

Art. 19. - Il est interdit dans les maisons où tous les Frères ne sont pas des Élus ou des Consolés, de travailler certaines matières par la science philosophique et donc de transmuter les métaux vils en or et en argent. Ceci ne sera jamais entrepris que dans les lieux cachés et en secret.

Art. 20. - Il est rigoureusement interdit de choisir pour Grand-Maître un Consolé. Les autres postes et charges principaux de l'Ordre sont réservés aux Élus et aux Consolés.

 

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