Commentaire sur la liste des Grands Maîtres
de l'ordre des Templiers
les listes des Grands Maîtres
Les recherches sur la liste des Grands Maîtres de l'ordre des Templiers ne semblent pas encore totalement abouties. Seuls deux documents nous renseignent sur cette liste. Hélas ces documents sont très approximatifs et contiennent des inexactitudes qui peuvent tromper les historiens.
Le premier de ces documents est l'obituaire de la commanderie templière de Reims. Ce document est précieux car un obituaire est un registre chargé de relever les noms et la date anniversaire de la mort des personnes afin de célébrer des offices religieux pour le repos de leur âme. Les templiers à Reims s'étaient installés dans les murs de l'ancienne collégiale de la Trinité vers le milieu du XII° siècle grâce aux bons offices de l'archevêque Henri et du chapitre métropolitain. L’obituaire de Reims, rattaché à l'église de la Trinité, après avoir enregistré le décès des chanoines de la Trinité, va enregistrer celui des Grands Maîtres de l'ordre des Templiers.
Les historiens ont fait remarquer que le texte de l'obituaire de la commanderie de Reims présente un détail précieux car à chaque fois qu'il donne le nom d'un Grand Maître et la date de son décès, il l'accompagne d'un chiffre indiquant son rang dans l'ordre chronologique des Grands Maîtres. Le nombre total est de vingt-deux. Mais l'obituaire finit avec Thibaud Gaudin qui n'est que l'avant-dernier Grand Maître de l'ordre des Templiers. L'obituaire de Reims semblerait donc indiquer qu'il y a eu vingt-trois Grands Maîtres de l'ordre des Templiers, si on y rajoute Jacques de Molay.
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Obituaire de la commanderie templière de Reims 1 Hugo de Paens. 2 Robertus Burgundus. 3 B. de Tremelai. 4 A. de Monte Barri. 5 Bertrandus. 6 Ph. Neapolis. 7 Odo de Saint Amando 8 Ernau Lus de Terra Rubra. 9 Girardus de Ridefort. 10 Robertus de Sabloel. 11 Gilberlus Arail. 12 Philippus de Plaessceiz. 13 -------------- 14 Guillaume Carnotensis. 15 -------------- 16 -------------- 17 -------------- 18 -------------- 19 Regnald do Vicheriis. 20 -------------- 21 -------------- 22 Theobaldus Gaudin.
Mais quel crédit peut-on accorder à cette numérotation puisque l'obituaire de Reims n'est capable de citer le nom que de quinze Grands Maîtres seulement. De plus, dès le début de la liste, l'obituaire omet de citer Evrard des Barres, le troisième Grand Maître de l'ordre des Templiers. La seule explication que nous voyons à cette absence est qu'Evrard des Barres a été démis de ses fonctions vers l'année 1152 et a ensuite rejoint l'ordre de Cîteaux. Il n'est donc pas mort sous l'habit des Templiers mais en moine cistercien le 25 novembre 1174. C'est probablement pour cette raison qu'il n'apparaît pas dans l'obituaire de Reims. Donc à partir du troisième Grand Maître, la numérotation de l'obituaire est déjà faussée. En se fiant à ce registre, certains historiens ont mis en doute la carrière d'Evrard de Barres. Elle est pourtant assez bien établie et il est même un des rares Grands Maîtres dont nous possédons le sceau.
Une deuxième liste des Grands Maîtres de l'ordre des Templiers a été retrouvée en Angleterre dans un manuscrit de la bibliothèque Cotton . Elle se trouvait à la fin d'un terrier de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem daté de 1342. Monsieur Bréquigny qui a retrouvé cette liste au XIX° siècle avait tout de suite fait ses mises en gardes envers ce document qui selon lui n'étant pas exempt de fautes. L’auteur de cette liste faisait des erreurs grossières, situant par exemple la création de l'ordre des Templiers en 1123. cette liste comporte vingt-deux noms de Grands Maîtres. Elle aussi s'arrête à Thibaud Gaudin . L'explication la plus simple à ce fait est que l'ordre des Templiers a été dissous pendent le magistère de Jacques de Molay. Les biens de l'ordre ont été confisqués et son nom mis à l'index par l’Église catholique. On n'avait donc plus aucune raison de conclure la liste des Grands Maîtres.
Terrier de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem |
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1 | Hugo de Paens. |
2 | Burgundus. Ebaredus. |
3 | B. de Tremeley. |
4 | Andreas Brooke. |
5 | Bertrandus. |
6 | Ph. de Neapoli. |
7 | Odo de Saint Amando. |
8 | Alanus de Turrirubea. |
9 | Gir. de Ridfort. |
10 | Rob. de Sambell. |
11 | Gilb. Grail. |
12 | Ph. De Plesseto. |
13 | Will. de Carnoto. |
14 | Petrus de Monte Acuto. |
15 | Arm, de Petragrossa. |
16 | Herm. Petragoricus. |
17 | Richard de Bures. |
18 | Will. de Savenay. |
19 | Regin. de Vichers |
20 | Thomas Berard. |
21 | Will. de Bello Loco. |
22 | Theobald Gaydin. |
La liste du terrier de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem suggérerait vingt-trois Grands Maîtres de l'ordre des Templiers. Mais des noms de Grands Maîtres semblent avoir été mélangés – comme Burgundus Ebaredus, qui serait le mélange de Robert le Bourguignon (Robert de Craon), deuxième Grand Maître et Ebaredus qui serait Evrard des Barres. De plus, des noms auraient été rajoutés : Andreas Brooke à la place d'André de Montbard et un certain Richard de Bures qui ne laisse aucune trace dans les archives comme Grand Maître. Beaucoup d'historiens ont tout de même rajouté sur leur liste Richard de Bures pour arriver au nombre de vingt-trois Grands Maîtres. Pour finir, la liste anglaise cite deux noms, Armand de Petragrossa et Herman Petragoricus, qui sont en réalité une seule et même personne, Armand de Périgord.
Pour notre part, nous reconnaissons vingt-deux Grands Maîtres de l'ordre des Templiers – même si une petite majorité des historiens contemporains , en commençant par le premier d'entre eux Alain Demurger, Les Templiers une chevalerie chrétienne au Moyen-Age,Seuil (1985), en reconnaît vingt-trois en incluant Richard de Bures. L'historien Laurent Dailliez, dans son ouvrage Les Templiers ces inconnus, Perrin (1972), affirme que le Grand Maître Guillaume de Sonnac apparaît dans un acte concernant l'ordre de Saint-Thomas-d'Acre au début de l'année 1245.- plus précisément au mois de février 1245. Son prédécesseur, Armand de Périgord, est mort à la bataille de la Forbie le 17 octobre 1244 – ce qui n'a laissé à l'ordre du Temple que trois ou quatre mois pour organiser l'élection d'un nouveau Grand Maître. Pour Laurent Dailliez, pendant cet intervalle, Richard de Bures, qui aurait été châtelain de Chastel Blanc, fut élu Grand Commandeur de l'ordre 1, assurant l’intérim et organisant l'élection d'un nouveau Grand Maître. Richard de Bures n'aurait donc jamais été Grand Maître. Comme aucun document jusqu’à ce jour n'est venu confirmer l'action de Richard de Bures comme Grand Maître2, nous sommes enclins à suivre la thèse de Laurent Dailliez sur ce point , en attendant de nouveaux rebondissements.
les Grands maîtres démis de leurs fonctions
Les Grands Maîtres de l'Ordre des Templiers étaient élus à vie mais l'autorité suprême au sein de l'Ordre restait le chapitre général qui se réunissait périodiquement environ tous les cinq ans. Sur la liste des vingt-deux grands maîtres de l'Ordre trois d'entre eux furent démis de leurs fonctions : Evrard des Barres (1147-1152), Philippe de Milly (1169-1171) et Renaud de Vichiers (1250-1252) .
Pour Philippe de Milly dit Philippe de Naplouse, on ignore encore la cause de sa démission. On ne sait pas non plus s'il est mort en cette même année, en 1171, ou s'il a rejoint après sa démission un monastère cistercien comme c'était la coutume pour les Templiers qui quittaient l'Ordre. Le fait qu'il apparaisse sur l'obituaire de Reims nous inciterait à penser qu'il est mort avec l'habit du Temple.
En revanche, la démission des deux autres grands maîtres est directement liée aux relations parfois conflictuelles que l’Ordre entretenait avec les rois de France. Evrard des Barres était un grand maître qui vouait une sincère admiration pour le roi de France Louis VII. Il déploya un zèle sans faille pour protéger les troupes françaises sur le chemin de la Seconde Croisade.
Mais l'action du roi de France en Terre Sainte se révéla néfaste aux intérêts de l'Ordre et portait atteinte à la conception même que se faisaient les Templiers du pouvoir en Terre Sainte. Arrivé à Jérusalem, Louis VII n'eut qu'une idée en tête : restaurer le droit féodal franc, rétablir les principes de la monarchie qui selon lui avaient été trop longtemps bafoués en Terre Sainte. La politique affichée du roi de France pendant la Seconde Croisade (1146-1149) eut des conséquences graves et inédites à Jérusalem. Elle poussa l'Ordre des Templiers dans une opposition à la dynastie hiérosolymitaine et il faudra attendre l 'accession de Guy de Lusignan au trône de Jérusalem (1186) pour que les Templiers retrouvent leur place aux affaires du royaume.
Dans ces conditions, la position du grand maître Evrard des Barres était des plus inconfortable. Mais loin de s'en inquiéter, il continuait à servir son roi, allant jusqu'à suivre Louis VII quand celui-ci se ré-embarqua pour la France à la plus grande stupéfaction de ses frères chevaliers. Il fallait bien se rendre à l'évidence : l'Ordre avait élu un grand maître royaliste. Seulement, il n'y avait pas que les Templiers qui étaient dépités par la tournure des événements. Il y eut aussi le père spirituel des Templiers, l'abbé de la claire Vallée, saint Bernard lui-même. Après l'action de Louis VII en Terre Sainte, ressentie comme une véritable trahison, saint Bernard et les Templiers auront des comptes à régler. Dans une lettre adressée à son oncle, André de Montbard, Sénéchal de l'ordre des Templiers, saint Bernard révèle le fond de sa pensée :
« Je retrouve dans vos lettres le même désir, mais aussi vos craintes au sujet de la terre que Notre Seigneur honora de sa présence et consacra de son sang. Malheur à nos princes ! Dans la terre du Seigneur, ils n'ont rien fait de bon ; dans les leurs, ils sont rentrés à la hâte, ils exercent une malice inconcevable. »
Le projet de saint Bernard est de créer un nouveau royaume en France qui serait, celui-là, plus favorable à l'idéal porté par l'univers de la Stricte Observance bénédictine. Pour cela, il fallait obtenir l'annulation du mariage de Louis VII avec Aliénor d'Aquitaine, la puissante duchesse d'Aquitaine. Un obstacle se présentait à ce projet, voire deux : les sages conseillers du roi de France, Suger, abbé de Saint-Denis et Evrard des Barres, grand maître des Templiers. Tous deux étaient fermement hostiles à cette annulation qui était dans l'air depuis le retour du roi de la Seconde Croisade.
Pour le premier obstacle, c'est André de Montbard, oncle de saint Bernard et Sénéchal de l'ordre des Templiers - c'est-à-dire numéro deux dans la hiérarchie de l'ordre – qui s'en chargera. André de Montbard écrit en 1149 à Evrard des Barres qui est à Paris auprès du roi. L’objectif est d'éloigner le grand maître de la cour capétienne pour que laissant parler sa rancœur personnelle, Louis VII répudie sa femme. Précisons que saint Bernard est l'ami personnel d'Aliénor d'Aquitaine et son confesseur. Il était au fait des angoisses les plus intimes de la jeune duchesse et notamment sa crainte d'être stérile. Saint Bernard saura calmer ses angoisses infondées, et l’avenir lui donnera amplement raison.
Nous allons citer la lettre d'André de Montbard à Evrard des Barres car elle est un monument de l'histoire française. Avant cela, il faut préciser que dans la cérémonie de l’élection d'un grand maître, les Templiers promettent obéissance au nouvel élu. Mais dans un second temps et au final, on faisait promettre au nouveau grand maître obéissance au couvent. La formule exacte est : « « Commandeur, si Dieu et nous t'avons élu pour maître du Temple, promets-tu d'être obéissant tous les jours de ta vie au couvent et de tenir les bonnes coutumes de la maison et les bons usages ? » Et il doit répondre : « Oui, s'il plaît à Dieu.' »» (La règle des Templiers, élection du Grand Maître, article 220). Maintenant nous pouvons citer la lettre qui doit éloigner Evrard des Barres du roi de France.
« Depuis que nous sommes privés de votre chère présence, nous avons eu le malheur de perdre, dans un combat, le Prince d'Antioche avec toute sa noblesse. A cet accident en a succédé un second : les Parthes viennent de faire une invasion dans le pays d'Antioche, et sans que personne osât leur résister, ils en ont fortifié les places, y tiennent garnison, et ne paraissent pas devoir s'en dessaisir de longtemps, si Dieu n'y met la main. A la première nouvelle de ce désastre, nous nous sommes assemblés ; et de concert avec le Roi de Jérusalem, nous avons résolu d'aller au secours de cette Province désolée. Nous n'avons pu fournir, pour cette expédition, que cent vingt Chevaliers, et mille tant Servants que Soudoyés ; encore nous a-t-il-fallu emprunter, pour leur équipage sept mille bésans à Acre, et mille à Jérusalem. Votre paternité sait à quelle condition nous avons consenti à son départ ; elle connaît le besoin extrême dans lequel nous sommes d'argent, de Chevaliers et de Servants ; nous la supplions avec instance de nous rejoindre au plutôt avec tous les secours nécessaires à l’Église orientale, notre mère commune...
« A peine fûmes-nous arrivés dans le voisinage d'Antioche que le Sultan d'Alep d'un côté, et les Parthes de l'autre, nous ayant investis et resserrés dans l'enceinte de la ville, ravagèrent impunément nos vignes et nos moissons. Pénétrés et accablés de la plus vive douleur à la vue de l'état pitoyable auquel nous sommes réduits, nous vous conjurons de tout quitter pour vous embarquer sans délai : jamais votre présence ne fut plus nécessaire à vos Frères ; nulle autre conjoncture ne peut rendre votre retour plus agréable à Dieu. De quelque manière que la Providence dispose de nous ne tardez pas que de vous mettre en route. Nous savons qu'il est aussi facile à Dieu de nous délivrer, de la puissance de nos ennemis, que d'un idolâtre en faire un adorateur du vrai Dieu ; aussi mettons nous toute notre confiance en celui qui nous a lavés de son sang. Si ceux de nos Frères que nous vous envoyons sont en si petit nombre, n'en soyez pas surpris ; nous voudrions au contraire rassembler et retenir ici, sous vos ordres tous ceux des nôtres qui sont au-delà des mers. La plupart de ceux que nous avions conduits au secours d'Antioche sont morts, et c'est une des raisons pour lesquelles nous ne craignons pas de vous lasser, en vous conjurant encore une fois d'amener avec vous tout ce que vous pourrez de Chevaliers et de Servants les plus capables de porter les armes. Peut être qu'avec toute la diligence que vous ferez, vous ne nous trouverez plus en vie.
Usez donc de toute la célérité possible, et de grâce, n'oubliez pas les nécessités de notre Maison : elles sont telles que nous n'avons ni couleurs pour les peindre, ni termes pour les exprimer. Il est aussi de la dernière importance d'annoncer la prochaine désolation de la Terre Sainte au Pape, au Roi de France, aux Princes et aux Ecclésiastiques, afin de les engager à nous secourir en personne, ou à nous envoyer des subsides. Quelques obstacles qu'on oppose à votre départ, nous espérons de votre zèle qu'il les surmontera, puisque c'est ici l'occasion d'accomplir parfaitement nos vœux, en nous sacrifiant pour nos Frères, pour la défense de l’Église orientale et du Saint-Sépulcre. Pour vous, nos très chers Frères, que les mêmes liens et les mêmes vœux doivent rendre sensibles à nos calamités, joignez-vous à votre chef, entrez dans ses vues, secondez ses intentions ; et fallût-il vendre tout ce que vous pourrez, venez nous retirer du péril : c'est de vous que nous attendons la liberté et la vie. »
http://www.templiers.net/maitres/index.php?page=evrard-des-barres
C'est son couvent en la personne de son Sénéchal qui le rappelait à ses devoirs. Evrard des Barres, probablement à contrecœur, s’exécuta et se rendit en Terre Sainte avec la troupe des Templiers qu'il avait pu rassembler. Avant son départ, il avait réuni un chapitre général à Paris le 14 mai 1150. Le 13 janvier 1151, Suger, abbé de Saint-Denis, meurt. Le dernier obstacle au projet de saint Bernard vient de sauter. Le grand maître Evrard des Barres figure comme souscripteur dans un acte daté de 1152 par lequel l'évêque de Tortose remet le château de la ville aux Templiers. C'est bien en Terre Sainte qu'Evrard des barres apprit l'annulation du mariage de Louis VII avec Aliénor d'Aquitaine, le 21 mars 1152 à Beaugency. La duchesse d'Aquitaine se remaria aussitôt le 18 mai 1152 à Poitiers avec Henri II Plantagenet, comte d'Anjou, du Maine, de Touraine, duc de Normandie et candidat à la couronne d’Angleterre.
L'empire Plantagenet venait de se créer et saint Bernard et les Templiers s'étaient vengés de Louis VII qui devenait subitement un nain politique avec la perte du duché d'Aquitaine. Evrard des Barres, comme sans doute le roi de France, ont dû comprendre un peu tard qu'ils s'étaient fait bernés. On ne sait si Evrard des Barres se démit lui-même de ses fonctions ou si le chapitre général le poussa vers la sortie. Ce qui est certain c'est que l'ordre des Templiers n'avait surtout pas besoin de grand maître royaliste. On a souvent présenté une vision romantique d'Evrard des Barres, comme un homme détaché du monde qui aspirait à une vie contemplative. En réalité, le Grand Maître était en conflit ouvert avec son couvent, représenté par son sénéchal, André de Montbard, qui deviendra le cinquième Grand Maître de l'ordre des Templiers.
1252-1256: une scission au sein de l'ordre du Temple?
Nous avons déjà évoqué dans notre article sur les statuts secrets des Templiers les circonstances qui ont prévalu pour que le chapitre général des Templiers démette de sa fonction le dix-huitième grand maître de l'ordre des Templiers, Renaud de Vichiers. Cette démission intervient pendant la septième croisade (1248-1254) après que le roi de France Saint Louis ait publiquement humilié le couvent en faisant défiler devant son armée les frères du Temple sans chausse. Cette humiliation publique était intolérable et Renaud de Vichiers en fit les frais.
Mais l’histoire ne s'arrête pas là. Il semble que Renaud de Vichiers refusa de se soumettre à la décision du Chapitre Général. Probablement que cette décision avait été acquise a une courte majorité. Le Chapitre Général se trouvait divisé en deux. Fort de cette situation, Renaud de Vichiers refusa de remettre son sceau et faisant comme Evrard des Barres en son temps, il suivit le roi et ré-embarqua avec lui pour la France. C'est dans la province templière de France, sous la protection de Saint Louis que Renaud de Vichiers continuera à jouer le rôle de Grand Maître.
A partir de 1252, l'ordre du Temple se trouve donc dans une situation ubuesque avec deux Grands Maîtres à sa tête : Thomas Berard, le dix-neuvième Grand Maître de l'ordre des Templiers, élu entre mais et août 1252, et Renaud de Vichiers, l’ancien Grand Maître. C'est pour cette raison que dans les mêmes années, entre 1252 et 1256, on peut trouver deux actes dans lesquels ces deux grands maîtres sont cités. Dans le premier acte datant d'octobre 1252, qui se trouve dans les archives de l'ordre de Malte (Div I. vol 18. pièce I), Thomas Berard est désigné Grand Maître. A la fin de ce document, parmi les témoins de l'acte, Roncelin de Fos se trouve en première place (voir notre article sur Roncelin de Fos). Dans un deuxième document, à Paris aux Archives Nationales, sous la cote J 198 B.n°100, il est possible de trouver le sceau du Grand Maître Renaud de Vichiers sur un acte datant de juillet 1255. Cet acte concerne le règlement d'un litige avec Marguerite « par la grâce de Dieu, reyne de Navarre, de Champaigne et de Brie, comtesse palatine » . Renaud de Vichiers agit en Occident comme si de rien n'était et nous avons bien pendant la même période deux actes faisant état de deux Grands Maîtres du Temple 3.
L’Église catholique apostolique romaine avait eu l'habitude au Moyen-Age d'avoir des papes et des anti-papes. Mais pour l'ordre des Templiers cette situation était une première. Elle perdurera jusqu'à la mort de Renaud de Vichiers le 20 janvier 1256.
Au décès de Renaud de Vichiers, on aurait pu croire que les partisans de ce Grand Maître, soutenus par le roi de France, auraient réclamé l’élection d'un nouveau Grand Maître entraînant l'ordre dans un dangereux bras-de-fer qui pouvait être synonyme d'une scission définitive entre les partisans de Saint Louis soutenus par l’Église romaine et les tenants de l'indépendance de l'ordre vis-à-vis du roi de France représentés par Thomas Berard. L'ordre allait-il sombrer dans des divisions internes? Il semble que Thomas Berard et son soutien le plus influent, Roncelin de Fos, aient eu le temps pendant la période du double magistère de s'allier la plus grande partie des provinces de l'ordre. On peut croire qu'ils s'étaient forgé un solide réseau d'influence grâce à un outil redoutable : les fameux statuts secrets de l'ordre des Templiers. Frères élus et frères consolés ont veillé au grain, et aucune scission de l'ordre ne sera à constater après la mort du dix-huitième Grand Maître de l'ordre des Templiers.
Les discrets soutiens du Grand Maître Thomas Berard
Dans le conflit qui opposait le Grand Maître Thomas Berard, qu'on suppose de nationalité anglaise, au Grand Maître Renaud de Vichiers soutenu par le roi de France, il apparaît de plus en plus clairement qu'outre l'appui du roi d'Angleterre, Thomas Berard bénéficiait aussi, à travers Roncelin de Fos, du soutien de la très puissante confrérie germanique des rois Mages.
L'histoire de cette confrérie reste à faire. La confrérie des Rois Mages avait été fondée en 1164 par Rainald von Dassel ( 1120-1167), archevêque de Cologne et chancelier de l'empereur germanique Frédéric Barberousse (1122-1190). Le siège de la confrérie était attaché à la cathédrale de Cologne où reposent les reliques des rois mages. Découvertes à Milan lors du siège de cette ville par l’empereur Fréderic Barberousse, les reliques furent transférées dans la cathédrale de Cologne par Rainald Von Dassel.
À l’origine la confrérie des Rois Mages n’a rien à voir avec l’ordre des Templiers. On pense que la première fonction de cette confrérie était d’assurer les cérémonies de couronnement des empereurs romains germaniques dans les trois royaumes qui constituaient l’Empire ; à savoir l’Allemagne, l’Italie et le Royaume de Bourgogne qui incluait la Provence. En Provence, cette confrérie était représentée par la maison seigneuriale des Baux dont le blason représentait une étoile à seize rais en l'honneur de la foi des rois mages.
Cette maison prétendait représenter les intérêts du Saint-Empire germanique en Provence du fait d'un diplôme datée du 10 d'août 1145 qui leur accordait le « Regnum Provincia » et le droit exclusif de battre monnaie à Arles, à Aix ou à Trinquetaille délivré par l'empereur germanique Conrad III (1093-1152). Ce diplôme leur sera renouvelé en 1160 par l’empereur Frédéric Barberousse. La maison seigneuriale des Baux de Provence prétendait aussi descendre du roi Mage Balthazar, et la devise de cette maison était "A l'azard Bautezar".
C’est le 30 juillet 1178 que l’empereur germanique Fréderic Barberousse viendra se faire couronner roi de Bourgogne dans la cathédrale Sainte-Trophime d’Arles par l’archevêque d’Arles Raimon de Bollène et ce sont les seigneurs des Baux de Provence qui seront chargés d’assurer la sécurité et le bon déroulement de la cérémonie4.
L’histoire de l’ordre des Templiers et celle de la confrérie des Rois mages finiront par se rejoindre lorsqu’en 1198 l’ordre des Templiers et le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion, qui revient de la Troisième Croisade, voudront imposer sur le trône du Saint-Empire romain germanique Otton IV de Brunswick, neveu du roi d’Angleterre. Pour ce faire, les Templiers et le roi d’Angleterre vont s’attacher le soutien de l’archevêque de Cologne, Adolphe d’Altena, et du puissant réseau de relations que la confrérie des Rois Mages entretient sur les terres du Saint-Empire germanique.
Ce sera le début d’une étroite collaboration entre l’ordre des Templiers et la confrérie des Rois Mages, comme en témoigne le fait que Raymond II de Baux seigneur de Meyrargues se fera inhumer en 1237 dans la commanderie templière de Bayle en Provence.
Nous avons pu établir que Roncelin de Fos, qui fut plusieurs fois maître de la province templière de Provence et le fidèle soutien du grand-maître Thomas Bérard, avait des liens de parenté avec la très influente maison seigneuriale des Baux de Provence5.
Quant à l’activité de cette confrérie au sein de l’ordre du Temple, c’est Jean de Hildesheim dans son Histoire des Rois Mages écrite en latin entre 1364 et 1375 qui nous en révèle quelques aspects. Selon Jean de Hildesheim, ce sont les seigneurs des Baux qui amènent des ouvrages sur les rois mages à Saint-Jean d’Acre et qui les font traduire en français.
Ce sont ces mêmes seigneurs des Baux qui déposeront dans le trésor des Templiers un diadème orné de pierres précieuses d’une inestimable valeur.
Pour la petite histoire, le jour de l'Epiphanie de l'an de grâce 1200, l’empereur germanique Othon IV de Brunswick (1176-1218) fera don de plusieurs couronnes à la confrérie des Rois Mages. Trois d'entre elles, iront ceindre le crâne des reliques des rois mages dans la cathédrale de Cologne.
Nous savons, grâce à Jean de Hildesheim dans son Histoire des Trois Rois (1372) qu'une autres couronne, peut-être celle de l'empereur lui-même, a été déposée cette même année dans le trésor de l'ordre des Templiers par un membre de la confrérie des Rois Mages, qui était un seigneur des Baux de Provence .
Ce geste hautement symbolique signifiait que l'empereur guelfe Otton IV de Brunswick voulait accomplir la prophétie du Roi des Derniers Jours en faisant déposer sa propre couronne en Terre Sainte.
A propos de la couronne apportée par les seigneurs des Baux à Acre en 1200, Jean de Hildesheim précise dans son Histoire des Trois Rois :
“l'ordre des Templiers qu'ils eurent ce diadème avec autres ornements, de quoi il reçurent grand fruit. Mais ce qu'il devint quand l'ordre fut détruit, nous n'en savons rien […] Tous les nobles de Baux portaient jusqu'à présent en leurs armes le signe de l’étoile, ainsi qu'elle apparut aux rois [Mages]. Il est coutume en parties d'Orient, en la guerre des Chrétiens contre les Sarrasins, le premier étendard est la croix et le second l'étoile, en la révérence des trois Rois. » ( Jean de Hildesheim, Historia Trium Regum (1372), chapitre IV ) 6
les Grands Maîtres martyrs:
Sur les vingt-deux Grands Maîtres de l'ordre des Templiers, cinq sont morts au combat :
Bernard de Tremelay,
Gérard de Rideford,
Armand de Périgord,
Guillaume de Sonnac
et Guillaume de Beaujeu.
Un autre est mort en captivité :
Eudes de Saint-Amand
et le dernier fut brûlé vif à Paris :
Jacques de Molay.
En la mémoire de ces sept Grands Maîtres, et sous le patronage du chevalier Saint Georges, martyr pour sa foi, nous déposons une fleur de lys.
Parmi ces chevaliers, il y a le très controversé Gérard de Rideford, Grand Maître de l'ordre de 1185 au 4 octobre 1189.
Si on peut imputer à ce Grand Maître et à son compagnon d'infortune le roi de Jérusalem Guy de Lusignan une partie de la responsabilité dans la cruelle défaite de Hattin, le 4 juillet 1187, où deux cent trente templiers survivants à la bataille furent mis à genoux et décapités, il faut tout de même considérer qu'il y avait des dizaines d'années déjà que le rapport de force entre chrétiens et musulmans s'était inversé en Terre Sainte en faveur de ces derniers. Les Latins étaient devenus une minorité au sein même de la Syrie franque et la défaite de Hattin ne fut au final que la conséquence d'un état de fait. Cela obligera par la suite l'ordre des Templiers à ouvrir son Chapitre Général aux différentes ethnies présentes en Terre Sainte.
Mais cette démarche innovante était bien dans l'esprit de démocratisation de la Terre Sainte et correspondait tout à fait à l'univers de la Stricte Observance bénédictine qui à l'échelle européenne cherchait déjà à rassembler le plus grand nombre tout en reconnaissant les particularités de chacun. Il faut avoir à l'esprit que si le chapitre général des cisterciens est l'ancêtre du Parlement européen, le chapitre général des Templiers de cette époque peut être considéré comme l'ancêtre de l'assemblée des Nations Unies.
C'est un Plantagenet, Richard Cœur de Lion, fils d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II qui se chargera pendant la Troisième Croisade ( 1189-1192) de jeter les bases du Second Royaume de Jérusalem selon l'esprit de la Stricte Observance bénédictine.
Quant au Grand Maître, Gérard de Rideford, quoi qu'on en pense, il a fait « le job » et notamment ce coup d'état qui permettra à Guy de Lusignan de devenir roi de Jérusalem et aux Templiers de reprendre leur place à la tête de la Terre Sainte – effaçant du même coup les humiliantes conséquences de la Seconde Croisade.
En 1191, au siège de Saint-Jean-d'Acre, submergé par l'ennemi, ses frères d'armes le supplieront de battre en retraite. Gérard de Rideford eut ces derniers mots : « Ne plaise à Dieu qu'on me revoie jamais ailleurs et qu'on puisse reprocher au Temple de m'avoir trouvé fuyant ! » Quand assailli de toutes parts, il fut fait prisonnier et traîné à genoux devant Saladin pour être décapité, Gérard de Rideford rejoignait ses frères d'Hattin et avec eux il emporta au ciel la fleur de lys des martyrs.
par Jean-Pierre SCHMIT
NOTES:
1. Dans plusieurs documents, le templier Richard de Bures est cité comme châtelain de Château-Blanc. Mais entre le 17 octobre 1244 et le mois de février 1245, le seul templier qui semble assurer l'intérim est Guillaume de Rochefort qui apparaît, dans une lettre collective faite à Saint-Jean d'Acre le 25 novembre 1244, avec le titre de " vice-maître de la maison de la milice du Temple et du couvent de la même maison".
2. La thèse de Pierre-Vincent Claverie sur L'Ordre du Temple en Terre Sainte et à Chypre au XIII° siècle, Nicosie, 2005, laisse entendre que le grand maître en 1245 était Richard de Bures. Dans sa section réservée au fonds épistolaire, il cite un courrier du pape Innocent IV fait à Lyon et daté du 10 mars 1245. Ce courrier adressé aux dignitaires du Temple (n° 579, pages 513-514) est résumé comme suit par Pierre-Vincent Claverie:
"1245 Mars 10 Lyon
Le pape Innocent [IV] recommande au [grand] maître [Richard de Bures], ainsi qu'aux commandeurs et frères de l'ordre de la milice du Temple de Jérusalem, le fransiscain Dominique d'Aragon en partance pour la Petite-Arménie. Le Saint-Père invite ces correspondants à favoriser essentiellement sur le plan matériel le voyage de son légat apostolique."
On peut supposer que les mots entre parenthèses ont été rajoutés par Pierre-Vincent Claverie , ce qui induit une lecture faussée de ce document.
3. On évitera de faire comme l'historien Gustav Reinhold Röhricht (1842-1905) qui, constatant que la mort du grand maître Renaud de Vichiers était établie en 1256, proposa de reculer la date du document concernant le grand maître Thomas Bérard - alors qu'elle était originellement datée d'octobre 1252. Hélas, cette proposition fut relevée par l'historien Jean Richard dans son article "le comté de Tripoli dans les chartes du fonds des Porcellet", année 1972, qui fit faire un bond de six ans et plus au document de Thomas Bérard pour le situer en octobre 1258 ou en octobre 1259 alors que l'acte originel est daté de " l'an de l'incarnation Notre Seignor Jhesu Christ M CC et L II, el mois d'octobre" . En conséquence, l'historien Pierre-Vincent Claverie, qui présente une compilation des actes des Templiers dans son tome III de sa thèse sur l'Ordre du Temple en Terre Sainte et à Chypre au XIII° siècle, année 2005, donne ce même document concernant le grand maître Thomas Bérard sous la date d'octobre 1258 (n° 140, pages 143-144). Voici le document concernant le grand maître Thomas Bérard retranscrit par Pierre-Vincent Claverie, mais avec sa date originelle cette fois-ci:
"Frère Thomas Bérard, humble maître de la chevalerie du Temple par la grâce de Dieu, par le conseil, la volonté et l'octroi de son couvent accorde à différentes personnes nominalement désignées des sauf-conduits afin d'aller à Tripoli demander raison au prince, à ses hommes ou à quelque habitant de la ville, de contentieux ou querelles en suspens. La liste des bénéficiaires de cet engagement comprend Henri, seigneur de Gibelet, Guillaume, seigneur du Bo[u]ron, Melior, seigneur de Maraclée, les enfants de Bertrand de Gibelet, Jean, maréchal de Tripoli, Jean de Farabel, seigneur du Puys, Hugues Saleman, Thomas Arra, Baudoin de Montolif, le vicomte de Tripoli, Jean, Ingo Embriaco, Guy du Patriarche, Raymond d'Eddé ("de Vedde"), Jean de Flaencourt, Bertrand Faisan, Pierre Loup, Philippe Estomac, Hugues de Maraclée, Peire de la Tor, Jean d'Arcas et Jacques "de Tabore" (Terbol?). La maison et le couvent du Temple répondent de leur sûreté et sauvegarde, tant durant leurs voyages d'aller et de retour, que durant leur séjour à Tripoli. Ce privilège s'étend à leurs hommes et héritiers ainsi qu'à tous ceux avec qui ils entreront en rapport, y compris les six juges actuellement nommés pour étudier leurs requêtes et leurs demandes. Six de leurs représentants devront se joindre à ces six médiateurs avant la désignation d'un treizième. Les templiers s'engagent également à le prendre sous leur protection au cas où il n'appartiendrait pas la liste citée en tête d'acte. Les deux parties devant se réunir sous quinze ou quarante jours, selon qu'elles se trouvent ou non dans le comté de Tripoli au commencement de la procédure, les templiers s'engagent à veiller à ce que ces délais soient respectés et à contraindre le cas échéant le prince à les accepter. Thomas Bérard, au nom de son couvent et de ses successeurs, se déclare aussi tenu de contraindre de n'importe quelle manière le susdit [Bohémond VI d'Antioche] à entériner leur verdict. Le présent privilège est considéré valable pour cinq ans à compter du mois de mai déjà passé et est concédé par l'octroi, la volonté et le conseil du couvent du Temple. Scellé de la bulle de plomb de la "Tube", sa valeur probatoire est garantie par frère Roncelin de Fos, frère Geoffroy de Fos, frère Amblar, frère Alfonso Gomes , compagnon du maître, frère Martin Sánchez et frère Gilbert Alboin." "Ce fut fait l'an del l'incarnation notre Seigneur Jhesus Crist M CC et LII, el mois d'octobre ", c'est-à-dire le mois d'octobre 1252.
4. Profitant de cette occasion, Bertrand Ier de Baux fera confirmer ses droits (qui lui sont contestés) sur la cité d'Orange par l'empereur Fréderic Barberousse."L'empereur Fréderic I siégeant sur son tribunal, Bertrand de Baux, I, prince d'Orange, prouve par divers témoins les dernières volontés de feu Raimbaud d'Orange, par lesquelles il donnait à Bertrand et à ses fils toutes ses possessions d'Orange, Courtheson et autres lieux, avec ordre, en mariant ses filles, de leur donner en dot seulement de l'argent et des immeubles, et nuls châteaux et seigneuries. L'Empereur approuve les dernières volontés du testateur, et en concède acte à Bertrand et à ses successeurs. Acte à Orange. 22 juillet 1178." BARTHELEMY, Louis. Inventaire chronologique et analytique de la charte des Baux. Marseille, 1882, note n°71, p. 18
5. Voir mon article sur Roncelin de Fos. Il est aussi intéressant de remarquer que dans les Chroniques de Provence publiées par César de Nostredame en 1614, Roncelin de Fos est cité avec Raimond II de Baux, seigneur de Meyrargues, comme chef et conducteur de la révolte des Marseillais contre le comte de Provence. Roncelin de Fos, l’auteur présumé des statuts secrets de l’ordre des Templiers a pour compagnon d’armes un membre de la confrérie des Rois Mages qui se fera inhumer dans la commanderie templière de Bayle en Provence. Cette promiscuité entre Roncelin de Fos et un membre de la confrérie germanique des Rois Mages nous incite à penser que c’est cette confrérie qui est impliquée dans la constitution des statuts secrets de l’ordre des Templiers.
6.Marianne ÉLISSAGARAY. La Légende des Rois Mages. Éditions du Seuil; 1965; p. 102. traduit du latin en français en 1474.