Les Templiers de Montsalvage, gardiens du Graal
« De vaillants chevaliers ont leur demeure au château de Montsalvage où l’on garde le Graal. Ce sont les Templiers […] Tout ce dont ils se nourrissent leur vient d’une pierre précieuse qui est en son essence est toute pureté. Si vous ne la connaissez pas, je vous en dirai le nom: on l’appelle lapsît exillis […] Elle porte aussi le nom de Graal. »
Wolfram von Eschenbach, Parzival, tome II, p. 36
La "lapsît exillis"
Le chevalier et poète Wolfram von Eschenbach , qui ne fait que traduire en allemand ce que Kyot le Provençal lui conte en français, donne une traduction quelque peu fantaisiste de la fameuse pierre qui semble avoir des pouvoirs fabuleux - car il est précisé dans ce roman:
« Il n’est point d’homme si malade qui, mis en présence de cette pierre, ne soit assurer d’échapper encore à la mort pendant toute la semaine qui suit le jour où il l’a vue. […] Cette pierre donne à l’homme une telle vigueur que ses os et sa chair retrouvent aussitôt leur jeunesse. » 1
Cette pierre dont le nom précis nous échappe a fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs siècles. Une des explications les plus anciennes, et qui reçut en son temps le plus de suffrages, fut que nous sommes devant la transcriptions déformée du terme latin « lapis ex coelis », « la pierre tombée du ciel », référence à la légende selon laquelle Lucifer, le porte-lumière, créé à l’image de Dieu, portait une couronne sertie sur son front d'une émeraude, symbole de cette unité. C’est l’épée flamboyante de l’archange saint Michel qui frappa l’ange Lucifer qui était rebelle contre son Dieu et fit tomber la pierre qu’il portait sur sa couronne tandis que l’ange déchu chutait du ciel pour être à jamais englouti dans les entrailles de l’Enfer.2
Dans son roman Parzival, on a la surprise de lire : « Il y avait des anges qui n’avaient pas voulu prendre parti quand commença la lutte de Lucifer et de la Trinité. Tous ces anges, nobles et bons, Dieu les a contraints à descendre sur terre pour garder cette pierre. » 3
Comme juste avant Wolfram von Eschenbach nous avait précisé que c’était les Templiers les gardiens de la pierre, on en déduit que ce sont ces frères templiers du château de Montsalvage qui ont refusé de s’opposer à Lucifer.
Pourquoi une telle retenue? Si on s’en réfère à l’antique livre d’Hénoch, arrière-grand-père de Noé, on apprend que ce sont les mauvais anges qui ont appris aux hommes comment fabriquer les épées et les glaives, le bouclier et la cuirasse de la poitrine. Un des mauvais anges (Azazel) leur montra les métaux et l’art de les travailler, le bracelet, les parures et l’art de peindre le tour des yeux. Un autre (Amiziras) instruit les enchanteurs et les coupeurs de racines. Armaros apprit aux hommes à rompre les charmes. Baraqiel instruit les astrologues. Kôkabiel enseigna les signes., Tamiel l’aspect des étoiles et Asdariel le cours de la lune. 4
On croit comprendre que le château de Montsalvage se veut pour les Templiers qui l’occupent un temple de la connaissance. Oserais-je dire une maison de la sagesse? Si ce sont Lucifer et sa troupe qui possèdent la connaissance, on conçoit qu’il ne faille pas trop les contrarier et les Templiers de Montsalvage vont montrer dans ce domaine un zèle plus que suspect.
Une autre interprétation de la lapsît exillis nous a été donnée au début du XXe siècle. Jessie Weston (1850-1928), Konrad Burdach (1859-1936) et Rudolf Palgen (1895-1975) proposent comme transcription « lapis elixir » 5, latin médiéval issu de l’arabe al-Iksir, nom qui selon Rudolf Palgen 6 serait donné par les Arabes à la pierre philosophale mais avec une forte connotation thérapeutique. La lapis elixir pourrait se traduire par « la pierre qui guérit ». En latin médiéval, le mot élixir est attesté dès 1144. Il apparaît aussi dans un traité de médecine de Gérard de Crémone (1114-1187). Rappelons que le roman Parzival de Wolfram von Eschenbach date du début du XIIIe siècle.
Avec cette interprétation, le Graal serait alors directement rattaché à la pierre des philosophes et par conséquent à un art bien précis, celui de l’alchimie - un autre terme que les latins ont découvert chez les Arabes. Le Graal a manifestement chez le poète allemand des qualités curatives sur ceux qui s’en approchent. Wolfram von Eschenbach nous précise aussi que : « Kyot, le maître illustre, trouva à Tolède, parmi des manuscrits abandonnés, la matière de cette histoire, notée en écriture arabe » 7 et que l’auteur du manuscrit, un certain Flégétanis, était né d’un père arabe. L’origine arabe du mot élixir et l’aspect thérapeutique de la pierre donnent des arguments séduisants pour cette thèse.
Toujours en rapport avec l’alchimie, une dernière interprétation se fera jours dans les années 1960. Emma Jung et Marie-Louise von Franz 8 ont proposé que lapsît exillis serait la transcription de l’expression lapis exilis, c’est-à-dire « la pierre de peu de prix », expression que l’on retrouve dans le Rosarium Philosopharum, un florilège de textes alchimiques du XIVe siècle. Quand on connaît la nature de la pierre philosophale, cette définition est très cohérente et elle se rapproche le plus de l’orthographe initiale donnée par le poète allemand.
En réalité, il est bien difficile de trancher entre ces différentes propositions. Dans le roman Parzival, le Graal et ses pouvoirs magiques sont indéniablement liés à une connaissance délivrée par des forces occultes. Mais cette connaissance est multiple. Pour le poète florentin Dante Alighieri (1265-1321), Lucifer est au centre de l’Enfer dont l’étude des caractéristiques nous révèle les clefs de la géométrie descriptive. Cette partie de la géométrie ne sera théorisée en Occident qu’en 1795 par le mathématicien français Gaspard Monge (1746-1818).
Il est fort probable qu’à Montsalvage, dans ce temple de la sagesse, les Templiers aient reçu les leçons du roi géomètre Yusuf Al-Mutaman, troisième roi de la dynastie des Banû Hûd, roi de Saragosse de 1081 à 1085, qui fut l’auteur du Livre de la Perfection. Cet ouvrage est un compendium des connaissances mathématiques, géométriques et d’optique du monde arabe. Le Livre de la Perfection traite des nombres irrationnels, des sections coniques, de la quadrature du segment parabolique, des volumes et des aires des divers objets géométriques. Le prince Yusuf a notamment résolu le théorème d’Al-Mutaman, qui ne sera redécouvert en Europe qu’en 1678 par le mathématicien italien Giovanni Ceva (1647-1734).
En astrologie, ce sont les leçons du maître Albumasar (787-886) 9 que les Latins vont suivre, dont certaines propositions sur le passé, le présent et le futur se retrouvent chez Nostradamus (1503-1566). Pour l’alchimie, le moine Morienus et un certain Rosinus sont des références incontournables de cet art. Tous ces noms et d’autres encore seront pour les Latins les nouvelles troupes du « porteur de lumière » (Lucifer) dont les étudiants au Moyen-Âge seront de plus en plus nombreux en Occitanie.
Flégétanis et Hermès Trismégiste
Pour Pierre Ponsoye, dans son ouvrage l’Islam et le Graal 10, Flégétanis, l’auteur de l’histoire du Graal selon Kyot le provençal serait la transcription maladroite du terme arabe « Felek-Thanis », c’est-à-dire le second ciel. Ce deuxième ciel est en astrologie le ciel de Mercure-Hermès. Si nous comprenons bien Kyot le Provençal, ce serait Hermès Trismégiste qui serait l’auteur de l’histoire du Graal. Le fameux triple Hermès, à la fois descendant de Salomon, avec un père arabe, et qui maintenant se propose d’instruire les Chrétiens. Pierre Ponsoye fait remarquer que la seconde sphère céleste était placée sous l’invocation du messager des dieux avec Sayidnâ AISSA c’est-à-dire Jésus11.
On se rend compte qu’à mots couverts, Wolfram von Eschenbach nous parle de cet hermétisme appelé à nourrir les trois religions monothéistes, voire à les fusionner, dans une nouvelle religion qui possédait ses propres savoirs parmi lesquels l’art de l’alchimie est en bonne place.
Ce que Kyot le Provençal et son traducteur allemand cherche à nous dire de manière obscure autour des années 1200, un savant traducteur n’hésitera pas dans un de ses prologues à nous en parler de manière on ne peut plus claire. Ne nous y trompons pas: ce prologue qui date du 11 février 1144 sonne comme une profession de foi à cette nouvelle religion qui trouvera un certain écho chez les chanoines réguliers toulousains qui sont en charge de la liturgie dans le royaume d’Aragon depuis le concile de Toulouse en 1119 organisé par le pape Calixte II, comme chez nos Templiers occitans en charge de la reconquête espagnole depuis le concile de Gérone en 1143.
L’auteur de ce prologue s’appelle Robert de Chester. Il se trouve en tête de la traduction d’un ouvrage en langue arabe intitulé Le Livre de la Composition d’Alchymie. Ce prologue est un peu long. Nous le citerons tout de même dans son intégralité compte tenu de l’importance que ce texte a pour notre sujet.
Livre sur la composition de l'Alchymie que Morien le Romain publia pour Calid, roi des Égyptiens; traduit de l'arabe au latin par Robert de Chester
« Nous lisons dans les histoires des anciens auteurs qu’il y avait trois philosophes, tous les trois appelés Hermès. Le premier fut Énoch, aussi appelé tantôt Hermès, tantôt Mercure. Le deuxième fut Noé, lui aussi nommé tantôt Hermès, tantôt Mercure. Quant au troisième, c’est l’Hermès qui régna en Égypte après le déluge, et y maintint longtemps son pouvoir. Celui-ci fut dit « triple » par nos prédécesseurs, à cause d’une triple collection de vertus, que lui avait attribuée le Seigneur Dieu : il était Roi, philosophe et prophète. C’est cet Hermès qui, après le déluge, fut le premier inventeur et diffuseur de tous les arts et disciplines, tant libérales que mécaniques. De fait, tous ceux qui vinrent après lui s’efforcèrent de suivre son chemin et de s’attacher à ses traces. Que dire de plus ? Il serait trop long et difficile pour nous de rappeler présentement les parures et actes de vertu d’un homme tel et si grand. La raison en est aussi que nous n’avons pas choisi cette sorte de discours en traduisant ce divin livre, et aussi que la faiblesse de notre génie, l’étude ou le loisir d’écrire ne pourraient y suffire. Mais si nous avons introduit son nom dans le prologue de ce livre, c’est parce qu’il est le premier à avoir trouvé et publié ce livre. Ce livre est en effet divin et tout rempli de divinité. En lui se trouve en effet contenue la vraie démonstration des deux Testaments – l’Ancien et le Nouveau. Car si quelqu’un étudie dans ce livre et le comprend pleinement, la vérité des deux Testaments, de même que la mesure et la suffisance de l’une et l’autre vie, ne pourront plus lui être abscondes. Ce livre a été appelé Livre sur la Composition de l’Alchymie. Et puisque notre occident latin ignore encore presque totalement ce qu’est l’Alchymie et quelle est sa composition, j’ai dans le présent discours utilisé ce mot, quoiqu’inconnu et étonnant, pour que son sens s’éclaire par une définition. Hermès et ceux qui vinrent après lui définissent ce terme comme dans le Livre de la mutation des substances : l’Alchimie est une substance corporelle composée simplement, à partir d’une seule chose et par une seule chose, qui unit ensemble des choses assez précieuses par une parenté et un effet, et qui, par la même commixtion naturelle, les transforme naturellement par de meilleurs génies. Dans ce qui suit, ce que j’ai dit sera expliqué, là où on traitera pleinement de sa composition. Nous-même, bien qu’ayant un faible génie et un latin moyen, nous avons entrepris de traduire une telle et si grande œuvre, de l’arabe au latin. C’est pourquoi nous remercions ce Dieu vivant très haut, qui est triple et un, pour ce bienfait singulier qu’il nous a attribué parmi les modernes. Il ne m’a pas plu de taire mon nom au début du prologue, pour que personne ne s’attribue notre présent travail et n’en revendique aussi la louange et le mérite comme étant siens. Qu’ajouterais-je de plus ? C’est avec humilité que je vous prie et supplie tous, qu’aucun des nôtres ne se consume par la pâleur de son esprit face à mon nom – ce qui est l’habitude de beaucoup. Dieu sait en effet à qui de tous accorder sa grâce ; de la grâce procède l’esprit, qui inspire qui il veut. C’est donc à juste titre que nous devons nous réjouir, puisque le créateur et fondateur de toutes choses montre à tous pour ainsi dire sa divinité particulière : que celle-là ne nous soit pas totalement cachée !
Discours de Morien, Ermite de Jérusalem.
L’esprit divin d’Hermès atteint pleinement toutes les parties de la Philosophie. Comme, pendant de nombreuses années, celui-ci s’était appliqué à trouver et diffuser le magistère supérieur, enfin, il le trouva et le publia le premier. Il composa un livre à son sujet, qu’il s’attribua à lui-même, et, qu’à sa mort il laissa en héritage à ses disciples. Après sa mort, ses disciples étudièrent longtemps ce livre et ses préceptes, pour pouvoir en obtenir la réalisation. Après donc avoir obtenu cet effet, ils donnèrent des préceptes innombrables et variés à son sujet. S’ils firent cela, c’est pour que ceux qui l’atteindraient après eux ne la révèlent pas aux sots comme une science vulgaire. » 12
Le Liber de Compositione alchemiae raconte l’initiation par le moine Morienus (Morien) du prince et mécène omayyade Khâlib ibn Yazíd (668-704). Morienus est présenté comme un moine chrétien natif de Rome, un Latin qui après un séjour d’étude auprès d’un alchimiste alexandrin se serait installé près de Jérusalem où il aurait initié à son tour un prince arabe à cette science de l’alchimie gréco-égyptienne. Précisons que Morien, c’est-à-dire le romain, désignait chez les Arabes non pas les Latins mais les Byzantins. Le moine Morienus n’était probablement pas natif de Rome mais plutôt de Constantinople.
Le nom de Khâlib ibn Yazíd, élève du moine Morienus, apparaît dans un autre ouvrage d’alchimie: le Livre de Cratès. Ce livre révèle aux initiés le nom de la pierre philosophale sous forme d’énigme.
Voici l’énigme:
« Définition de la pierre qui n’est pas pierre, ni de la nature de la pierre: c’est une pierre qui est engendrée chaque année; sa mine se trouve sur les sommets des montagnes. C’est un minerai contenu dans le sable et dans les roches de toutes les montagnes; il se trouve aussi dans les matières colorantes, dans les mers, dans les arbres, dans les plantes et les eaux, et tout ce qui est analogue. Dès que vous l’aurez reconnu, prenez-le et faites-en de la chaux. » 13
La réponse à cette énigme est le sel d’ammoniac, c’est-à-dire le sel d’Ammon.
Le sel est le troisième élément de base de l’alchimie avec le soufre et le mercure. Troisième élément que les philosophes ne révèlent en aucun cas le nom. C’est la lapis exilis, la pierre de peu de prix, qui reste cependant un élément indispensable pour l’élaboration de médicaments à base minérale, révolution copernicienne dans cette médecine médiévale où l’on soignait les corps essentiellement à base de plantes.14 On en revient au témoignage de l’alchimiste Bernard de Trévise au XVe siècle qui, travaillant sur l’île de Rhodes, siège de l’ordre des Hospitaliers, attestait avoir trouvé chez les chevaliers hospitaliers ce qu’il est convenu d’appeler une tradition secrète des chevaliers du Temple.
Il est probable que les frères templiers se soient intéressés à l’alchimie pour fabriquer des médicaments à base minérale. Il est probable aussi que les frères hospitaliers à Rhodes aient fait ce même genre d’expérience avec des résultats qu’on ignore mais certainement bien plus décevants que ce que les frères templiers s’étaient imaginés dans le roman de Wofram von Eschenbach. Et tout ceci bien avant que le médecin et alchimiste Paracelse (1493-1541) se glorifie d’avoir inventé la formule de ces nouveaux médicaments.
Montsalvage, le mont de la pierre philosophale
Ce qui attire notre attention dans cette définition de la pierre philosophale c’est qu'il est précisé que sa mine se trouve au sommet des montagnes. C’est à ce moment que nous comprenons que Montsalvage ne signifie pas le « mont du Salut » comme beaucoup l’ont longtemps cru 15 mais plutôt le « mont du sel », nom de la pierre philosophale.
Or voilà une chose bien curieuse. Il se trouve que vers les années 1156, les Templiers occitans vont faire construire une commanderie dans les Pyrénées françaises en comminges à proximité d’une ancienne carrière de sel, jadis exploitée par les Romains. Ce lieu s’appelle Montis Salnensis, c’est-à-dire le mont du sel, aujourd’hui Montsaunès. Dans les textes médiévaux comme L’Historia de Guillaume de Puylaurens, Montsaunès s’écrit « Monte Savesio ». Quant au Flores Chronicorum de Bernard Gui, Montsaunès s’écrit « Montem Salves ». 16
Doit-on y voir une simple coïncidence, un hasard pur et simple? On peut en douter, surtout que d’après le cartulaire de cette commanderie,17 les principaux bienfaiteurs de la commanderie templière de Montsaunès sont en premier lieu les comtes de Comminges, puis leurs vassaux les seigneurs de Montpezat ainsi que les seigneurs de Roquefort.
Il se trouve qu’au moment où Gervais de Tilbury,18 alias Kyot le Provençal, remanie le conte du Graal de Chrétien de Troyes dans son palais à Arles en Provence, pour soutenir la cause de l'empereur guelfe Otton IV de Brunswick, la province templière de Provence est dirigée en 1200 par le maître Foulques de Montpezat19 et le bailli de cette province est Hugues de Roquefort. Les familles de ces deux templiers font partie des principales bienfaitrices de la commanderie templière de Montsaunès avec les comtes de Comminges.
On comprend pourquoi Kyot le Provençal parle de ces sujets avec un flou artistique savamment dosé. Pour reprendre les expressions que l’on trouve dans les écrits de Robert de Chester: assez pour « que celle-là ne nous soit pas totalement cachée » mais pas trop pour que « ne la révèlent pas aux sots comme une science vulgaire ».
La bibliothèque d’Al-Mutaman
Le Livre de Cratès est placé parmi les trois ou quatre traités d’alchimie les plus importants avec la Turba Philosophorum et la Table d’Émeraude, dont une version latine se trouve à la fin du Livre des Secrets de la création de Bãlinus traduit par Hugues de Santalla en 1140 pour son protecteur, l’évêque de Tarazona Michel Cornel. Il reste cependant très difficile d’évaluer l’ampleur et la qualité des manuscrits conservés par les rois musulmans des différentes taïfas al-andalus, surtout qu’au Moyen-Âge la prudence était de mise.
Nous savons qu’à cette époque certaines bibliothèques comportaient deux faces: l’une ouverte à tous et ne suscitant aucune objection particulière et l’autre où l’on accédait par des portes dérobées vers une littérature interdite. Une bibliothèque secrète, dévoilée aux seuls initiés, à la nouvelle religion d’Hermès. 20
Un témoignage nous est donné par ce traducteur : Hugues de Santalla qui a développé son activité à Tarazona grâce au patronage de l’évêque Michel de Tarazona (1119-1151). Cet évêque était issu du mouvement canonique des chanoines réguliers de Saint-Sernin de Toulouse. L'évêque Michel de Tarazona fit plusieurs dons à ses amis Templiers.21 Voici la dédicace du traducteur à son évêque: « Monseigneur l’évêque de Tarazona, puisque moi, Sanctalliensis, je ne peux personnellement satisfaire votre demande, j’offre à votre dignité la traduction de ce commentaire… que votre insatiable avidité philosophique méritait de trouver dans un placard à Rota, dans le plus secret de la bibliothèque. » 22
Hugues de Santalla offrait à son évêque un commentaire d’Al-Biruni sur les Tables d’Al-Khwârizmî qui se trouvait à Rota, c’est-à-dire dans la forteresse de Rueda del Jalon, dernier refuge du roi de la grande cité de Saragosse qui fut chassé de sa taïfa par les Almoravides en 1110.
Le roi de Saragosse, Imad al-Dawla (110-1130), descendant de la dynastie des Banû Hûd pour se venger des très conservateurs Almoravides, fit alliance avec le roi très chrétien d’Aragon, Alphonse Ier le Batailleur. Ensemble, ils luttèrent contre les Almoravides et finirent par les chasser de la cité de Saragosse le 18 décembre de l’an de grâce 1118.
La particularité des anciens rois de Saragossse c’est qu’ils possédaient une des plus riches bibliothèques scientifiques du monde Al-Andalus: la bibliothèque d’al-Mutaman qui rassemblait tout ce que le monde musulman connaissait en matière de géométrie, de mathématiques, d’astronomie, de médecine et de philosophie. La grande cité de Saragosse fut à la pointe de la recherche scientifique dès la fin du XIe siècle. Il semble cependant que les rois de Saragosse ne furent pas de très bons musulmans et qu’ils pratiquaient secrètement la magie et les arts divinatoires.
L’autre aspect de la bibliothèque d’Al-Mutuman c’est sa propension à accumuler les livres de sciences occultes, comme l’alchimie, l’astrologie, et tout ce qui entoure la magie divinatoire.
La bibliothèque des anciens rois de Saragosse était loin d’être la plus imposante dans la péninsule ibérique mais toutes les autres bibliothèques du monde musulman étaient en majeure partie constituées de livres religieux, liés à des commentaires du Coran. À Saragosse, dans le merveilleux palais de l’Aljaferia, ce n’est pas le bon Dieu qui faisait recette mais plutôt la gnose et l’hermétisme.
Dès le VIIIe siècle, des textes issus de diverses écoles d’hermétisme ou nommément attribués à Hermès Trismégiste furent diffusés en milieu musulman et l’ésotérisme musulman finit par intégrer Hermès Trismégiste comme un prophète sous le nom d’Idris, qu’Allah éleva à une place sublime, celle de réconciliateur entre le passé païen égyptien, araméen, mazdéen, judéo-chrétien, et la science musulmane incluant les sources hermétiques dans le domaine de la révélation religieuse.
Dans cet univers ésotérique, la dynastie des Banû Hûd, rois de Saragosse, fit figure de prophètes de cette religion hermético-musulmane ouverte aux autres religions.
À tel point que les rois chrétiens d’Espagne vont se disputer leurs faveurs et à ce petit jeu c’est le roi de Castille, Alphonse VII, qui vers les années 1139-1141, va offrir un pont d’or au dernier descendant de la lignée des rois de Saragosse Al-Mutansir (1130-1146) en lui offrant des possessions à Tolède et dans son royaume, ce qui permettra aux Castillans d'obtenir l'appui militaire de ses préceux alliés et de voir transférer la bibliothèque d’Al-Mutaman de la forteresse de Rueda Del Jalon en Aragon à la grande cité de Tolède en Castille. Ce transfert se fera à la grande satisfaction des moines clunisiens, enchantés de priver les chanoines réguliers de leur principale source de connaissances ésotériques.
On peut émettre l’hypothèse que Robert de Chester a traduit en 1144 son livre d’alchimie à Tolède mais que cet ouvrage provenait de la bibliothèque Al-Mutaman récemment transférée dans cette ville.
On pense aujourd’hui que la principale source, voire l’unique source, des traductions de l'arabes au latin dans les régions d’Aragon et de Catalogne, au tout début du XIIe siècle provenait de cette bibliothèque d’Al-Mutaman. Même des savants juifs de Barcelone comme Abraham bar Hiyya Hanassi (1070-1145) sont soupçonnés d’avoir puisé leurs sources dans cette bibliothèque. Son livre de géométrie sur le calcul des aires et volumes sera traduit à Barcelone en latin en 1145 par l’italien Platon de Tivoli sous le nom de Liber Embadorum, ouvrage qui par la suite sera étudié par Leonardo Fibonacci.
Pons de Montpezat un abbé initié
Pendant plus de vingt ans, de 1119 à 1141, les chanoines réguliers de Saint-Sernin de Toulouse, par l’intermédiaire de leur évêque de Tarazona, ont pu se plonger avec avidité dans les placards de la bibliothèque d'Al-Mutaman. Nous estimons que c’est avec la nomination en 1175 de Pons de Montpezat23comme abbé des chanoines réguliers de Saint-Sernin de Toulouse et avec l’entrée en mars 1176 comme templier de son seigneur Bernard III comte de Comminges dans la commanderie de Montsaunès, que va se monter dans les Pyrénées françaises, à Montsaunès ( « le mont du sel » du nom de la pierre des philosophes) la maison de sagesse des Templiers occitans.
Des liens étroits existaient entre la commanderie templière de Montsaunès et l’abbaye des chanoines réguliers de Saint-Sernin de Toulouse qui réglaient leur liturgie comme le prouve le monstre solsticial présent dans ces deux établissements religieux.
Dans le cartulaire de la commanderie templière de Montsaunès, No57 à la date du 21 juin 1179, Pons de Montpezat et son frère Pélerin cèdent leurs droits aux Templiers sur la Pujole contre 50 sous morlaas.24 On se rend compte que toute la famille de Pons fait partie des généreux donateurs de cette commanderie qui se situe à quelques encablures du château familial des Montpezat.25
Un des frères de Pons de Montpezat, Arnaud Bafet, apparaît à maintes reprises comme donateur de la commanderie de Montsaunès, cartulaire: No18, No23, No26, No32, No35, No36. On le retrouve par exemple à Tarbes, le 19 novembre 1177, où il fait donation aux Templiers de Montsaunès du casal d'Amiel de Saint-Quintin en Ballonge. La belle-soeur de Pons de Montpezat Sancia Vaca, veuve de son frère Raymond Garsie de Montpezat, ainsi que ses neveux, Austor de Montpezat et Bernard Alegre de Montpezat, sa femme et ses fils, donnent diverses pièces de terre et de prés aux Templiers de Montsaunès cartulaire: No12, No13 No17, No19, No20, No22, No27, No52. En comparaison, les donations de Bernard IV, comte de Comminge, leur seigneur, paraissent plus modestes même si , comme son père Bernard III dit " Dodon" templier à Montsaunès, il choisira comme nécropole cette commanderie.
On relève aussi, en juin 1164, cartulaire No97, le don par Gilbert de Roquefort, son fils Arnaud Guilhem et ses parents aux templiers d'un casal; en 1184 à Saint-Gaudens, cartulaire No8, don par Béraud de Roquefort aux templiers , de sa personne et de ce qu'il avait avec dame Marthe, sa tante, à Saint-Gaudens et sur la dîme de latoue . Cartulaire No71, cession de serfs au bénéfice des Templiers de Montsaunès par Bonhomme de Roquefort, son fils et ses frères, ainsi qu'un don par Bonhomme de Roquefort et Aner, son fils, aux templiers d'une terre, cartulaire No40.
Il y a peu de doute pour que ce soit les chanoines toulousains qui sous l'autorité de leur abbé ont fait le travail de transmettre aux Templiers de Montsaunès à partir des années 1175-1176, les ouvrages scientifiques traduits en latin depuis les territoires d’Aragon et de Catalogne dans la première moitié du XII°siecle.
la lettre Ω
Dans cette perspective, un détail nous interpelle. On trouve au-dessus du P du chrisme sur le tympan de l’église templière de Montsaunès la lettre Oméga.
On retrouve systématiquement cette lettre Oméga majuscule sur les chrismes figurés à l'intérieur de l'église, ce qui démontre que ce n'est pas un détail anodin pour les Templiers de Montsaunès.
Or tous ceux qui se sont penchés sur la littérature alchimiste savent que le plus grand des alchimistes connu au Moyen-Age sous le nom de Rosinus, alias Zozime de Panopolis, avait construit ses leçons sur l’alchimie selon l’alphabet grec. À chaque lettre de cet alphabet correspond un apprentissage lié à son art. Arrivé à la lettre Oméga, Zozime de Panopolis ne se contente plus de décrire des expériences pratiques: il décide de nous révéler la spiritualité secrète des alchimistes.
Le texte complet de cet enseignement sera mis en annexe de l’article. Il relève en partie de la gnose Sethienne, c’est-à-dire de cette gnose développée dans la région d’Edesse et qui fait le lien entre la gnose chrétienne et l’ancienne religion des mages perses avec comme figure tutélaire Zoroastre. On retrouve la figure de Zoroastre dans le roman du Graal du Parzival de Wolfram von Eschenbach.26 Si Hermès Trismégiste restera un philosophe de la nature qui sait garder ses distances avec Destinée, pour Zoroastre, c’est une toute autre affaire. Nous sommes dans cette culture qui rappelle le prophète Balaam et les Rois Mages.
Mais Zoroastre nous entraîne aussi résolument dans l’univers de la magie. Sur ses conseils, on n’hésitera pas à invoquer le concours des démons pour soumettre Destinée à nos propres fins. De mage pratiquant la magie salomonienne, on finit vite par désirer devenir un puissant sorcier.27 C’est tout le danger de la gnose sethienne car sous prétexte de maîtriser les sciences les plus occultes, on finit toujours par inviter le diable parmi les convives du banquet.
Nous redoutons que la lettre Oméga mises en avant sur le tympan de l’église templière de Montsaunès soit aussi la clé de l’enseignement secret délivré chez les Templiers de Montsaunès.
Après le concile de Vienne et la suppression de l’ordre des Templiers, fulminée par la bulle « Vox in Excelso » le 22 mars 1312, suivie de la bulle « Ad providam » du 2 mai 1312 qui décrète que les biens du Temple passeront aux mains des Hospitaliers, l’église de Montsaunès, qui sous les Templiers était dédiée à la Vierge Marie, changera de patronage sous les Hospitaliers pour être dédiée à Saint-Christophe.
Ce changement de vocable signifiait-il une rupture radicale avec la gnose des Templiers de Montsaunès? Quand on découvre le Saint-Christophe représenté dans la tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines dans le comtat Venaissin, on peut en douter.
Le comtat Venaissin en Provence faisait partie des possessions des comtes de Toulouse avant d’être annexées en 1274 par l’Église romaine. Devenu état pontifical, le comtat Venaissin fut administré par l’ordre des chevaliers hospitaliers. Pernes-les-Fontaines était le siège administratif de ce petit état pontifical.
Les puissant seigneurs des Baux de Provence, qui prétendaient descendre du roi mage Balthazar, y possédaient un palais dont la tour richement décorée est encore debout. Barral Ier de Baux (1217-1270) avait exercé la charge de sénéchal du comtat venaissin pour le compte de Raymond VII de Toulouse dont il avait épousé la nièce Sybille d’Anduze.
Il semblerait que le commanditaire des fresques de la tour Ferrande, datées autour des années 1323-133128, soit un des descendants de ce roi mage en la personne de Barral II de Baux (1301-1331), chevalier de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et de Rhodes et commandeur de Gap.
À l’entrée de la salle principale de la tour Ferrande est représenté la Vierge Marie portant l’enfant Jésus, jadis honorée par les Templiers.
Face à la Vierge Marie se situe la représentation de Saint-Christophe portant le Christ sur ses épaules, qui tient dans sa main un livre fermé. On remarque sur cette fresque que le monogramme du Christ IHS: Iesus Hominum Salvator (Jésus Sauveur des Hommes)29 est surmonté de la fameuse lettre oméga majuscule.
Ce détail particulier nous incite à considérer le fait que certains chevaliers influents de l’ordre des Hospitaliers auraient pu porter l’enseignement secret des Templiers de Montsaunès au sein même des états pontificaux.
Nous n’oublions pas qu’en 1372 le frère carmélite Jean de Hildesheim, qui a fréquenté la cour pontificale à Avignon, publiera une histoire des rois mages où au passage il révèle les liens particuliers qui existaient entre la maison seigneuriale des Baux et l’ordre des Templiers30. Quant aux liens privilégiés des seigneurs des Baux de Provence avec la cour pontificale, une charte de la maison des Baux31 nous informe que Barral II de Baux concède une dot à sa soeur Cécile de Baux pour son mariage en 1314 avec Raymond Guillaume de Budos, neveu du pape Clément V (1305-1314).
Raymond Guillaume de Budos a été nommé par son oncle le pape Clément V, qui vient d’installer la cour pontificale à Avignon, recteur du comtat Venaissin en 1310, fonction qu’il occupera jusqu’en 1316.
Si le pape Clément V s’est résolu à abolir l’ordre des Templiers sous la pression du roi de France Philippe le Bel, non sans amertume et en considération des insinuations bruyantes élevées contre cet ordre, il s’est cependant toujours refusé à les condamner.
Le pape Clément V, comme les seigneurs des Baux de Provence descendants des rois mages, était certainement plutôt favorable au projet de fusion de l’ordre des Templiers avec celui des Hospitaliers32, projet de fusion en gestation au sein de la curie romaine depuis le concile de Lyon en 1274. Selon Alexandre du Mège,33 le chevalier templier Célèbrun de Pins qui fut plusieurs fois commandeur de Montsaunès dans la période 1280-1303, qui est aussi à l'origine de la charte de coutumes de Montsaunès du 5 avril 1288,
serait de la même famille que le grand maître des Hospitaliers Ondo de Pins ou Eudes des Pins (1294-1296), de Gérard de Pins nommé vicaire général de l'ordre des Hospitalers en 1317 et du grand maître des Hospitaliers Roger de Pins (1355-1365).
Rappelons-nous que Clément V, avant d’être élu pape, avait été évêque de Comminges de 1295 à 1299, diocèse dont dépendait la commanderie templière de Montsaunès. C’est notamment Clément V qui est à l’origine de la reconstruction en style gothique de la cathédrale Sainte Marie à Saint-Bertrand de Comminges à partir de 1307, qu’il visitera de nouveau en janvier 1309 en tant que pape. Cathédrale qui présente sur son tympan une intéressante scène de l’Adoration des mages.34
Conclusion
Notre impression est que les anciens rois de la grande cité de Saragosse, les Banû Hûd, grâce à leur exceptionnelle bibliothèque scientifique et mystique d’Al-Mutaman et en prêtant leur concours à la reconquête de l’Espagne par les Chrétiens d’Occident, ont été considérés comme faisant partie des Rois Mages, se mettant au service de la Vierge Marie et de l'Enfant Jésus. Les Banû Hûd ont probablement participé à diffuser cette religion de la gnose présente dans le monde musulman et qui va se répandre comme une traînée de poudre chez les Occidentaux. À cet égard, la nature des traductions d'hugues de Santalla pour son évêque Michel Cornel sont révélatrices: ce sera une accumulation de versions latines de traités d'alchimie, d'astronomie, d'astrologie et de géomancie. Il faut remarquer cependant que les chanoines réguliers vont financer plusieurs traducteurs pour s'attaquer à la bibliothèque d'Al-Mutaman. Et le plus prestigieux d'entre eux reste Herman de Carinthie.
Herman de Carinthie traduit vers les années 1142-1143 à Toulouse, chez nos chanoines réguliers de Saint-Sernin, le planisphère de Ptolémée qu'il dédie à son maître Thierry de Chartres. Précisons que planisphère peut se traduire par, plan du ciel ou carte du ciel. Carte du ciel que l'on retrouve précisément à Saint-Sernin.
Dans un esprit de rivalité politique, les moines clunisiens, bien implantés dans le royaume de Castille, vont chercher à débaucher ces traducteurs avant de réussir à mettre la main sur la bibliothèque d'Al-Mutaman. Malgré tout, les chanoines réguliers toulousains ainsi que leurs amis les Templiers occitans semblent être restés en première ligne dans la captation de cette gnose qui sera exploitée lors de la création du Second royaume de Jérusalem (1192), implanté à Saint-Jean-d'Acre. Paradoxalement, ces Templiers occitans ne seront pas ceux qui seront les plus inquiétés lors du procès des Templiers.
Mais pouvait-on condamner la mémoire des comtes de Barcelone rois d’Aragon, qui entrés au Temple ont créé le second ordre des Templiers en Espagne en 1143? Pouvait-on condamner la mémoire des comtes de Comminges qui sont entrés comme Templiers dans la commanderie de Montsaunès? Pouvait-on condamner Pons de Montpezat, abbé des chanoines réguliers de Saint-Sernin de Toulouse, en charge de la liturgie romaine dans le royaume d’Aragon?
Trop de monde en Occitanie et en Espagne était impliqué dans cette étrange reconquête pour qu’on ne préfère pas déposer un voile pudique sur des réalités qu’il n’était pas bon de divulguer au vulgaire. Surtout que contrairement à l’église cathare et aux Albigeois, les gnostiques ont cette culture du secret qui arrangeait bien les affaires des autorités religieuses.
Réaffirmons que le contenu de cet article se présente comme une hypothèse de travail. Tant que nous n'aurons pas retrouvé de traduction latine du texte de Rosinus sur la lettre Oméga, rien ne prouve avec certitude que les frères templiers aient eu connaissance de ce texte.
Cela dit, les recherches que les Templiers occitans ont mené à Montsaunès ont probablement contribué à faire évoluer la connaissance des Latins dans plusieurs domaines scientifiques. On pense particulièrement à notre conception de l’espace telle qu’elle apparaît définie dans l'Enfer de la Divine Comédie du sieur florentin Dante Alighieri. La tradition latine dans sa vision universelle du monde, nourrie à l'école de platon et de pythagore,35 a toujours eu tendance à rechercher des preuves ontologiques36 de l’existence de Dieu37, ce qu'au Moyen Âge on va appeler la Divine Ténèbre c'est-à-dire la théologie négative issue des leçons du pseudo-Denys l'Aréopagite.38
L’originalité des frères templiers, ou leur lucidité, fut leur propension à utiliser l’art de la géométrie pour construire un espace unifié basé sur l’infini (pi) d'origine néoplatonicienne à l'image d'une sphère parfaite39 et qui permet aux géomètres de mettre plusieurs points de vue sur un même plan pour concevoir un objet en trois dimensions40, mais il vont considérer que la reconnaissance de cet art nécessaire pour construire un monde multipolaire n’est que le pâle reflet aux couleurs d’émeraude d’une réalité qui nous transcende tous.
C’est évidemment le statut du pouvoir laïc qui prend naissance chez les frères templiers, avec comme légitimité la reconnaissance des structures symboliques qui sont les fondements de toute organisation internationale implantée à Jérusalem, lieu sacré des trois religions monothéistes. Cette connaissance reste cependant réservée à cette élite au statut de laïc qui n’avait pas pris parti pendant la lutte décrite dans l’antique Livre d’Hénoch.
Placé dans cette lutte entre les mauvais anges et les bons anges, Wolfram von Eschenbach s’interroge: « Il y avait des anges qui n’avaient pas voulu prendre parti quand commença la lutte de Lucifer et de la Trinité. Tous ces anges, nobles et bons, Dieu les a contraints à descendre sur terre pour garder cette pierre. Et la pierre n’a pas cessé d’être pure. Je ne sais si Dieu pardonna à ses anges, ou s’il résolut leur perte. Il dut les rappeler à lui, si sa justice ne s’y opposait pas. Depuis lors la pierre est gardée par ceux que Dieu lui-même à désignés et à qui il a envoyé un de ses anges [ Hermes Idris?]. Voilà, seigneur, ce qu’est le Graal. » 41
par Jean-Pierre SCHMIT
Annexe
Cette traduction par M. Berthelot du texte grec est moins satisfaisante que celle de Michèle Mertens mais elle est accessible en ligne: https://remacle.org/bloodwolf/alchimie/alchimieIII.htm#L
DU MÊME ZOSIME SUR LES APPAREILS ET FOURNEAUX. COMMENTAIRES AUTHENTIQUES SUR LA LETTRE OMÉGA
L’élément W est rond, formé de deux parties : il appartient à la septième zone, celle de Saturne, dans le langage des êtres corporels; car dans le langage des incorporels, il y a une autre chose qui ne doit pas être révélée. Nicothée seul (la) sait, lui le personnage caché. Or, dans le langage des êtres corporels, cet élément est appelé l’océan, l’origine et la semence de tous les dieux. Tels les principes fondamentaux du langage des êtres corporels.Sous le nom de ce grand et admirable élément W, on comprend la description des appareils de l’eau divine, celle de tous les fourneaux simples et machinés, de tous, absolument parlant.
Zosime (s’adressant) à Théosébie, lui explique ceci avec bonne volonté. (L’exposé des) teintures convenables, ô femme, a fait tourner en ridicule mon livre sur les fourneaux. En effet, beaucoup (d’écrivains), remplis de bienveillance pour leur propre génie, se sont moqués des teintures convenables et ils ont regardé le livre sur les fourneaux et appareils comme n’étant pas conforme à la vérité. Aucun discours ne peut leur persuader ce qui est la vérité, s’il n’est inspiré par leur propre génie. Par un destin fatal, ce qu’ils avaient reçu, ils le tournaient à mal dans leur langage, au détriment de l’art et de leur propre succès, les marnes mots étant détournés malheureusement dans les deux sens (opposés). C’est avec peine que, contraints par la nécessité des démonstrations, ils accordaient quelque point, même au sujet des choses qu’ils avaient comprises précédemment. Mais de tels auteurs ne doivent être approuvés, ni par Dieu, ni par les philosophes. Car les temps (des opérations) étant désignés dans le dernier détail, et après que le Génie les a favorisés dans l’ordre corporel, ils refusent d’accorder un autre point, oubliant toutes les choses évidentes qui précèdent. Ils ont dû partout obéir à la destinée, pour les choses déjà dites et pour leurs contraires, sans pouvoir rien imaginer d’autre, relativement aux êtres corporels; (je dis) rien d’autre que l’ordre fatal de la destinée. Les hommes de cette espèce, Hermès, dans le traité sur les Natures, les appelait des insensés, propres seulement à faire cortège à la destinée, mais incapables de rien comprendre aux choses incorporelles, ni même de concevoir la destinée qui les conduit avec justice. Mais ils font outrage à ses enseignements sur les êtres corporels, et ils se livrent à des imaginations étrangères à leur propre bonheur.
Hermès et Zoroastre ont déclaré que la race des philosophes est supérieure à la destinée. En effet, ils ne jouissent pas du bonheur qui vient de celle-ci. Dominant ses plaisirs, ils ne sont pas atteints par les maux qu’elle cause; vivant toujours dans leur for intérieur, ils n’acceptent pas les beaux présents qu’elle offre, parce qu’ils en voient la fin malheureuse. C’est pour cette raison qu’Hésiode nous présente Prométhée donnant des conseils à Epiméthée: « Quel est le bonheur que les hommes jugent le plus grand de tous? Une belle femme, dit-on, avec beaucoup d’argent. » Il dit qu’il ne reçoit aucun présent de Jupiter Olympien; mais il les rejette, enseignant à son frère qu’il doit repousser, au nom de la philosophie, les présents de Jupiter, c’est-à-dire les dons de la destinée.
Quant à Zoroastre, se glorifiant de la connaissance de toutes les choses supérieures et de celles de la magie, il dit qu’il se détourne du langage des êtres corporels; que tout ce qui vient de la destinée est mauvais, soit en détail, soit dans l’ensemble. Hermès, toutefois, parlant des choses extérieures, condamne la magie, disant que l’homme spirituel, celui qui se connaît lui-même, ne réussit en rien par la magie, et ne regarde pas comme convenable de violenter la nécessité. Mais il laisse aller (les choses), telles qu’elles vont de nature et d’autorité. Il a pour seul objet de se chercher lui-même, de connaître Dieu, et de dominer la triade innommable. Il laisse la destinée faire ce qu’elle veut, en la laissant agir sur le limon terrestre, c’est-à-dire sur le corps. Il s’exprime ainsi : « Si tu comprends et si tu te conduis convenablement, tu contempleras le fils de Dieu, devenu tout en faveur des âmes saintes. Pour tirer ton âme du sein de la région (corporelle), régie par la destinée, (et l’amener) vers la (région) incorporelle, vois comme il est devenu tout, (c’est-à-dire à la fois) Dieu, ange, et homme sujet à la souffrance. En effet pouvant tout, il devient tout ce qu’il veut; il obéit à son père, en pénétrant tout corps, en éclairant l’esprit de chacun; il s’est élancé dans la région heureuse, là où il était avant d’avoir pris un corps. Tu le suivras, excité et guidé par lui vers cette lumière.
Regarde le tableau que Cébès a tracé, ainsi que le trois fois grand Platon et le mille fois grand Hermès; vois comment Toth interprète la première parole hiératique, lui le premier homme, interprète de tous les êtres, et dénominateur de toutes les choses corporelles. Or les Chaldéens, les Parthes, les Mèdes et les Hébreux le nomment Adam: ce qui signifie terre vierge, terre sanglante, terre ignée et terre charnelle. Ces choses se trouvent dans les bibliothèques des Ptolémées, déposées dans chaque sanctuaire, notamment au Sérapéum; (elles y ont été mises) lorsque Asenan, l’un des grands prêtres de Jérusalem, envoya Hermès, qui interpréta toute la Bible hébraïque en grec et en égyptien.
C’est ainsi que le premier homme est appelé Toth parmi nous, et parmi eux, Adam; nom donné par la voix des anges. On le désigne symboliquement au moyen des quatre éléments, qui correspondent aux points cardinaux de la sphère, et en disant qu’il se rapporte au corps. En effet, la lettre A de son nom désigne l’Orient (‘Ἀνατολή) et l’Air (Ἀήρ). La lettre D désigne le couchant (Δύσις), qui s’abaisse à cause de sa pesanteur. La lettre M montre le Midi (Μεσεμβρία), c’est-à-dire le feu de la cuisson qui produit la maturation des corps, la 4e zone et la zone moyenne. Ainsi l’Adam charnel, sous sa forme apparente, est appelé Toth ; mais l’homme spirituel contenu en lui (porte un nom) propre et appellatif. Or nous ignorons jusqu’à présent quel est ce nom propre; car Nicothée, ce personnage que l’on ne peut trouver, savait seul ces choses. Quant au nom appellatif, c’est celui de φῶς (lumière, feu) : c’est pour cela que les hommes sont appelés φῶτες (mortels).
Lorsqu’il était dans le Paradis sous forme de lumière (φῶς), soumis à l’inspiration de la destinée, ils lui persuadèrent en profitant de son innocence et de son incapacité d’action, de revêtir le (personnage d’)Adam, celui qui (était soumis à) la destinée, celui qui (répond) aux quatre éléments. Lui, à cause de son innocence, ne refusa pas; et ils se vantaient d’avoir asservi (en lui) l’homme extérieur.
C’est dans ce sens qu’Hésiode a parlé du lien avec lequel Jupiter attacha Prométhée. Ensuite, après ce lien, il lui en envoie un autre, (c’est-à-dire) Pandore, que les Hébreux nomment Ève. Or, Prométhée et Épiméthée, c’est un seul et même homme dans le langage allégorique; c’est l’âme et le corps. Prométhée est tantôt l’image de l’âme; tantôt (celle) de l’esprit. C’est aussi l’image de la chair, à cause de la désobéissance d’Épiméthée, commise à l’égard de Prométhée, son propre (frère).
Notre intelligence dit : Le fils de Dieu, qui peut tout et qui devient tout lorsqu’il (le) veut, se manifeste comme il veut à chacun. Jésus-Christ s’ajoutait à Adam et (le) ramenait au Paradis, où les mortels vivaient précédemment.
Il apparut aux hommes privés de toute puissance, étant devenu homme (lui-même), sujet à la souffrance et aux coups. (Cependant), ayant secrètement dépouillé son propre caractère mortel, il n’éprouvait (en réalité) aucune souffrance; et il avait semblé fouler aux pieds la mort, et la repousser, pour le présent et jusqu’à la fin du monde : tout cela en secret. Ainsi dépouillé des apparences, il conseillait aux siens d’échanger aussi secrètement leur esprit avec celui de l’Adam qu’ils avaient en eux, de le battre et de le mettre à mort, cet homme aveugle étant amené à rivaliser avec l’homme spirituel et lumineux: c’est ainsi qu’ils tuent leur propre Adam.
Ces choses se font jusqu’à ce que vienne le démon Antimimos; jaloux d’eux et voulant les induire de nouveau en erreur, il se dit lui-même fils de Dieu; bien qu’étant sans forme (originale), ni d’âme ni de corps. Mais devenus plus sensés, par suite de la prise de possession de celui qui est réellement fils de Dieu, ils lui abandonnent leur propre Adam; immolant leurs esprits mortels, ils demeurent sauvés, dans le lieu particulier où ils se trouvaient avant (la création du) monde. Ainsi, avant d’accomplir ces choses, il envoie d’abord l’Antimimos, le rival, son précurseur, sorti de la Perse, lequel tient des discours pleins d’erreurs et de fables, et dirige les hommes suivant la destinée. Or les éléments de son nom sont au nombre de neuf, la diphtongue étant conservée, suivant le but que se propose la destinée. Ensuite, après sept périodes, plus ou moins, il viendra aussi lui-même, en vertu de sa nature propre.
Ces choses sont dites seulement par les Hébreux, ainsi que par les livres sacrés d’Hermès sur l’homme lumineux et sur le fils de Dieu, son guide; sur l’Adam terrestre et sur Antimimos son guide, qui se dit, par blasphème et erreur le fils de Dieu. Or les Grecs appellent l’Adam terrestre Epiméthée : ce qui veut dire conseillé par son esprit particulier, c’est-à-dire par son frère, qui lui disait de ne pas accepter les dons de Jupiter. Toutefois, s’étant abusé et repenti, et ayant cherché La région heureuse, il explique tout, et il conseille en tout ceux qui ont un entendement spirituel. Mais ceux qui n’ont qu’un entendement corporel, appartiennent à la destinée; ils n’admettent ou ne confessent rien d’autre.
Tous ceux qui (font des teintures) convenables et réussissent (par hasard) ne disent pas autre chose; ils persiflent l’art exposé dans le grand livre sur les fourneaux, et ils ne comprennent pas non plus le Poète lorsqu’il dit :
« Mais les Dieux n’avaient pas encore donné en même temps aux hommes.... etc. »
Ils ne réfléchissent à rien et ne voient pas les divers genres de vie des hommes: comme quoi les hommes réussissent différemment dans un seul (et même) art; comment ils opèrent différemment dans un seul (et même) art; comment ils pratiquent un seul (et même) art, au moyen des caractères et des figures diverses des astres (?). Ils ne voient pas que tel artisan est paresseux (?), tel artisan isolé; tel autre dégénère, tel devient pire, tel ne progresse pas. Il arrive aussi que l’on rencontre dans tous les arts des gens qui travaillent un même art avec des outils et des procédés différents, et qui ont à un degré différent l’intelligence et la réussite.
Parmi tous les arts, c’est surtout dans l’art sacré qu’il convient de considérer ces choses. Par exemple, après une fracture, si le patient rencontre un prêtre (habile, celui-ci agissant de sa propre inspiration, réunit les fragments, de telle sorte que l’on entend le craquement des os qui se rejoignent. Si l’on ne trouve pas un tel prêtre, que le blessé cependant ne craigne pas de mourir, mais que l’en amène des médecins avec leurs livres, pourvus de dessins et de figures ombrées. Etant pansé conformément aux lignes des figures du livre, le blessé est entouré de liens mécaniquement et il continue à vivre, après avoir repris la santé. Nulle part l’homme ne se résigne à mourir, faute de trouver un prêtre qui réunisse les fractures.
Au contraire, ceux-ci, les malheureux (ignorants), se laissent mourir de faim, plutôt que d’apprendre à connaître et à pratiquer la description des fourneaux, telle qu’elle est tracée: c’est par là que, devenus bienheureux, ils triompheraient de la pauvreté, cette maladie incurable. En voilà assez sur ce chapitre.
Quant à moi j’arrive à mon sujet, qui concerne les fourneaux. Ayant reçu les lettres que tu as écrites, j’ai vu que tu m’invites à rédiger pour toi la description des appareils. J’ai été surpris de voir que tu écrives pour obtenir de moi la connaissance des choses qui ne doivent pas être connues; n’as-tu pas entendu le Philosophe; lorsqu’il dit: « Ces choses, je les ai passées volontairement sous silence, parce qu’elles sont décrites amplement dans mes autres écrits »? Cependant tu as voulu les apprendre de moi; ne crois pas du reste que mon écrit soit plus digne de foi que celui des anciens, et sache que je ne pourrais pas (les surpasser). Mais, afin que nous entendions tout ce qui a été dit par eux, je vais t’exposer ce que je sais. Voici ce que c’est.
Notes.
1. Wolfram von ESCHENBACH, "PARZIVAL",traduction,introduction et notes Ernest Tonnelat,Editions Aubier Montaigne,Paris;1977; Tome 2; pp 36-37
2. La légende du Graal comme pierre luciférienne se trouve dans le poème allemand "der Sängerkrieg auf der Wartburg" écrit dans les années 1245-1260, voici le passage : "Dois-je dépeindre sa couronne ? Cette couronne fut fabriquée par les ordres de soixante mille anges qui voulaient enlever à Dieu le sceptre des cieux. Vois, Lucifer, c'est à toi qu'elle appartint ! Tous les vénérables et savants maîtres qui existent au monde savent bien que mes chants sont véridiques. L'ange saint Michel vit la colère de Dieu s'allumer contre un tel orgueil : il arracha la couronne de la tête de Lucifer, si bien qu'une pierre s'en détacha : cette pierre fut depuis confiée sur terre à Parcival.". Si Parcival garde la pierre, c'est la Vierge Marie qui possède dorénavant la couronne. Le tournoi poétique de la Wartburg traduit pour la première fois en français par L.c.e ARTAUD-HAUSSMANN, PARIS, 1865. pp 275-276.
3. Wolfram von ESCHENBACH? "PARZIVAL", Tome 2 ; p 38
4. MARTIN, François (traducteur du texte éthopien); "Le Livre d'Hénoch"; éditions Books on Demand; Paris; 2019 chapitre VIII, p. 17
5. KHAN, Didier, "Présence et absence de l'alchimie dans la littérature romanesque médiévale, de la renaissance et de l'âge baroque", Savoir et fictions au moyen age et à la renaissance , may 2008, Paris France; PP 3-4;<hal-00768993v5>
6. PALGEN, Rudolf, "Der stein der weisen.quellenstudien zum Parzival", Brelau; 1922
7. Wolfram von ESCHENBACH, "PARZIVAL", Tome 2, p 23
8. Emma JUNG et Marie louise von FRANZ, "Die graalslegende in psychologischer sicht"; Zurich-Stuttgart, Rascher Verlag; 1960
9. Nous connaissons deux traductions latines de l’ouvrage d’Abû Ma'Shar (Albumasar) intitulé l’Introductorium Maius in Astronomian , dont l’une de Jean de Seville en 1133, traducteur au service de l’archevêque de Tolède Raymond de Sauvetat, ancien moine clunisien, et l’autre de Herman de Carinthie en 1140, lui proche de l’Ecole de Chartres et des chanoines réguliers. Ces deux traductions ne semblent pas venir du même ouvrage et par conséquence proviendraient de deux bibliothèques différentes. Voir: Marie-Thérèse d’Alverny, « Humbertus de Balesma », p 136; Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen-Âge, volume 51; 1984; publié par la Librairie Philosophique J. Vrin
10. PONSOYE, Pierre; "L'Islam et le Graal", Étude sur l'ésotérisme du Parzival de Wolfram von Eschenbach; éditions Denoël; Paris 1958; pp. 26-27
11. ibid; pp. 27-30
12. Antoine de LOPHEM, ARCA Librairie, B-1390 Grez-Doiceau, Belgique."Petit livre de Morien le Romain" (Arca n° 2).
13. Le Livre de Cratès, Manuscrit arabe n°440 de la bibliothèque de Leyde, VIII°siecle ( a-p.JC)
14. Dans le Parzival, les pratiques de médecine que laissent transparaître le roman restent assez classiques pour le Moyen-Âge. On croit y déceler les trois méthodes de médecine: celle des plantes, celle des charmes et celle dit du « couteau ». Dans cette médecine médiévale, les pierres précieuses ont des vertus curatives. Mais comme le précise Gervais de Tilbury dans son Otia Imperialia, les péchés des hommes peuvent affaiblir ou détruire les vertus des gemmes. Wolfram von Eschenbach reproduit cette conviction quand les pierres précieuses ne guérissent pas le roi Anfortas mais ne font que le maintenir en vie. Au-delà des compétences propres au sieur Kyot le Provençal en matière de médecine, c’est bien la chimie des corps métalliques en rapport avec la médecine qui est en jeu dans la démarche de l’alchimie. On pense en particulier à l'utilisation de l’antimoine pour soigner les malades pratiqué dès le XIème siècle en Occident par le médecin Constantin l’Africain (1020-1087) dans la célèbre école de médecine de Salerne en Italie.
Pourtant l’antimoine est un métalloïde très proche de l’arsenic, les alchimistes s’en servaient pour purifier l’or. Celui qui résume le mieux la pensée de l’époque sur les espoirs un peu fous qu'a susciter l’art de l’alchimie est le frère franciscain Roger Bacon (1220-1292) dans son Opus Maius: "Aristote dit à Alexandre: « je veux montrer le secret le plus grand »; et c’est bien le secret le plus grand, car non seulement il procurerait le bien de l’Etat et ce qui est désiré par tous à cause de l’or en suffisance, mais, ce qui est mieux, il permettrait de prolonger la vie à l’infini car cette médecine, qui enlèverait toutes les immondicités et corruptions du métal le plus vil, pour le transformer en argent et en or très pur, les sages pensent qu’il détient le pouvoir d’enlever les corruptions du corps humain, au point que la vie en serait prolongée pendant plusieurs siècles. »
15. C'est dans le poème "Der Jüngere Titurel" attribué au poète allemand Albrecht von Scharfenberg datant de 1270 environ que l'on trouve la traduction de Montsalvage comme le Mont du Salut. Extrait du poème: « Dans la terre du Salut, dans la forêt du Salut, se dresse une cime solitaire appelée le Mont du Salut, que le roi Titurel ceignit d’un mur et sur lequel il édifia un précieux château pour servir de temple au Graal; parce que le Graal en ce temps là ne résidait pas en un lieu défini mais flottait, invisible, dans l’air.. La montagne était faite d’onyx, on en avait dénudé et poli le sommet jusqu’à ce qu’il brillât comme la lune. Le temple avait de hauts murs tout enrichi d’or et incrusté de gemmes, il était de forme circulaire et coiffé d’une coupole, et son toit était en or. À l’intérieur, son plafond était incrusté de saphirs pour représenter l’azur du ciel et constellé d’escarboucles. Un soleil d’or et une lune d’argent se déplaçaient dans les deux moitiés de la voûte par tout un jeu de mécanismes, et le claquement des cymbales marquait le passage des heures. »
16. HIGOUNET, Charles, "Trois dates relatives aux origines de la commanderie et de l'Eglise de Montsaunès", dans Revue de Comminges, t.LXV; 1952; p 53
17. HIGOUNET, Charles, "Cartulaire des Templiers de Montsaunès", dans Bulletin philologique et historique, comité des travaux historiques et scientifiques, années 1955/1956, Presse universitaire de France, 1957, PP 211-294
18. Dans Parzival Tome 2 Page 191, Wolfram von Eschenbach nous parle "d'un descendant de ce Virgile de Naples, qui avait lui aussi, inventé maint sortilège magique.". Gervais de Tilbury dans son ouvrage "Otia Impérialia" daté de 1210-1214 est connu pour avoir insisté sur le fait que Virgile de Naples serait le fondateur d'un rituel magique, l'ars Notaria ou Notoria, une branche de la magie Salomonienne. Ce détail confirme notre conviction que derrière Kyot le provençal se cache en réalité le Maréchal de la cour Impériale pour le royaume d'Arles en provence; Gervais de Tilbury. Voir notre article: "qui est Kyot le provençal?".
19. Dans le cartulaire des templiers du Marquis d'Albon, Foulques de Montpezat Maître en Provence et Aragon 1224-1228, est présent à Montsaunès, Brioude, Ruou.Depuis Mango Ier baron de Montpezat (1028-1088), l'arbre généalogique des seigneurs de Montpezat est très large et très incomplet. Il couvre l'Agenais, le Quercy et le Comminges. Geoffroy de Montpezat dans le comté de Comminges était sans doute le frère cadet d'Arnaud Ier de Montpezat d'Agenais et du Quercy. Les deux frères avaient épousé deux soeurs, Flandrine (ou Andrine ?) de Clairac l'ainée et Flandrine de Clairac la jeune. Le Gallia Christiana nous apprend que Geoffroy de Montpezat et sa femme Flandrine la jeune fondent en 1136 l'abbaye cistercienne de Bonnefont en Comminges, qui donna naissance vers 1140 à l'abbaye cistercienne de Pérignac dans l'Agenais grâce aux dons de Flandrine de Montpezat l'aînée . Proches des cisterciens, les seigneurs de Montpezat sont aussi proches des Templiers puisque Rainfroid Ier de Monpezat de Quercy (1145-1196) fait donation aux Templiers avant son départ pour la troisième croisade des terres de brulhe pour la création de la commanderie templière du Temple-sur-Lot qui deviendra le siège des commandeurs templiers d'Agen. DE BELLECOMBE André, Histoire du château, de la ville et des seigneurs et barons de Montpezat et de l'abbaye de Pérignac, AUCH, 1898.pp 254-273.
20. Un des plus célèbres exemples de bibliothèques secrètes nous a été donné par Richard de Fournival (1201-1260) dans son ouvrage Biblionomia, qui est une description de la bibliothèque d’Amiens. Richard de Fournival a été chanoine puis chancelier du chapitre cathédral d’Amiens. Dans cette oeuvre, il spécifie que dans la bibliothèque, il existait une section secrète de 36 livres " la chambre secrète des philosophes ". Cette section ne pouvait être consultée qu’avec l’approbation du maître des lieux. Richard de Fournival, rattaché au haut clergé de l’église d’Amiens, est un gnostique patenté, auteur de facéties comme le Bestiaire d’Amour ou de traités d’alchimie. Richard cumule les qualités d’astrologue, d’alchimistes, de médecin et probablement aussi celles de magicien dont le destin ressemble fort étrangement au personnage du magicien Flocart dans le roman d’Abladane.
21. Après le concile de Gérone en 1143, qui officialise la création d'un second Temple pour la reconquête de l'Espagne, Michel Cornel, évêque de Tarazona, fait donation le 13 mai 1144 aux Templiers de plusieurs maisons à Tarazona. Le 11 novembre 1145, il leur cède l'église de Ribaforada où les Templiers créent une commanderie chargée de protéger la vallée de l'Ebre et le 9 février 1148, il concède à l'ordre l'église d'Ambel (Chartes du Marquis d'Albon pour l'Espagne: ID 333 N° CCCXXXIV. ID 367 N°CCCLXVIII. ID 368 N°CCCLXIX. ID 500 N°DII ).
22.
23. GERARD, Pierre ; GERARD,Thérèse ; "Cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse", Amis des Archives de la Haute-Garonne,Tome 1,1999 ; p117.Pons de Montpezat Abbé ( 1175-1198 ).
24. HIGOUNET, Charles, "Cartulaire des Templiers de Montsaunès"; No57, bulletin philologique et historique, comité des travaux historiques et scientifiques- année 1955/1956, Presse universitaires de France, 1957.
25. De Latour, Patrick; "Les Montpezat de Saint-Martory, fondateurs de l'abbaye cistercienne de Bonnefont en Comminges. Révision généalogique XI-XII", dans: Revue de Comminges; année 2001, volume 117, numéro 2; pp 193-204
26. Wolfram von ESCHENBACH,"PARZIVAL", Tome 2, p 289 . On trouve "le roi zaroastre d'Arabie".
27. Dans le roman d’Abladane concernant l’origine de la ville d’Amiens, daté des années 1260-1280, Christopher Lucken a bien cerné les similitudes de destin qui pouvaient exister entre le magicien Flocart et Richard de Fournival. Le magicien Flocart, qui dans le roman d’Ablabane est qualifié d’homme sage et de bon négromancien, de retour de la cité de Tolède, utilisa sa magie pour protéger sa ville et la rendre plus puissante que Rome, à telle point qu’elle finit par être entièrement rasée. Pour Richard de Fournival, c’est la cathédrale d’Amiens qui devait subir un dévastateur incendie en 1258. Cette incendie brûla de précieux livres et surtout on accusa Robert de Bisaharz, Anseau, sergent de la ville d’Amiens, et Enguerran de Croy, d’avoir à la faveur de la nuit et de l’incendie, dérobé un coffre placé sous un mur de la cathédrale et qui contenait le sceau et les privilèges du chapitres. Richard de Fournival avait voulu faire de sa cathédrale et de sa bibliothèque comportant 300 ouvrages un jardin ouvert à tous les lettrés désireux d’accéder au sanctuaire sacré de la philosophie, donnant ainsi " le plus grand désir d'être introduits dans la chambre secrète des philosophes ". On peut encore admirer de nos jours l'étoile du matin, le pentacle inversé luciférien de la théologie négative sur le vitrail nord de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens.
Ce grand gnostique voit, deux ans avant sa mort, tous ses rêves partir en fumée. Cela fut un terrible coup de destinée pour le chancelier car dans son oeuvre Biblionomia, Richard qui se disait versé dans les calculs astrologiques, avait constaté que son horoscope était parallèle à celui de sa ville natale d’Amiens . Voir Christopher Lucken, « Écrire les fondations d’Amiens et le roman d’Abladane »; pp 95-111 dans: Espaces et Sociétés; revue critique internationale de l’aménagement de l’architecture et de l’urbanisation; directeur de publication Serge Jonas, 1998, conservation numérique BNF 17/01/2011.
28. Térence LE DESCHAULT DE MONREDON, La Tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) : nouvelle lecture du programme iconographique; Société Française d'Archélologie, bulletin monumental, tome 173-4, année 2015
29. Le monogramme du Christ a connu au fil du temps de multiples interprétations. Pour certains, il serait lié aux Hospitaliers avec Sancti Johannis Hospitalis, pour d'autre liés aux grades maçonniques ce serait plutôt Jéhovah Hiram Stolkin. Quant à l'inscription qui est à côté de saint Christophe, elle nous dit: "Je suis assis au cou de Christophe, moi qui porte les péchés /quiconque regarde l'image de saint Christophe / n'est atteint, c'est un fait, le même jour, d'aucune maladie."
30.Jean de HILDESHEIM, Historia Trium Regum, dans ELISSAGARAY Marianne, la légende des Rois Mages, éditions de Seuil, 1965
31. BARTHELEMY L., Inventaire chronologique et analytique des chartes de la maison des Baux, Marseille, 1882, n° 993, 21 octobre 1314
32. En 1306, le pape Clément V relance le projet de fusion des deux ordres de chevalerie de Terre Sainte et réclame un mémoire à ce sujet au Grand Maître des Templiers Jacques de Molay. En réponse au pape, Jacques de Molay rejettera catégoriquement cette option. Voici un extrait de sa réponse au pape:
"Très Saint-Père, à la question que vous me posez relativement à l'union des ordres du Temple et de l'Hûpital, moi maître du Temple, je réponds comme suit: Assurément, je me rappelle que lorsque le pape Grégoire était au concile de Lyon avec saint Louis [ Erreur: saint Louis mourut le 25 août 1270 et le concile général de Lyon se tint du 7 mai au 17 juillet 1274] et beaucoup d'autres personnes ecclésiastiques et séculières, il s'y trouva aussi frère Guillaume de Beaujeu, alors maître du Temple, et avec lui beaucoup d'autres frères de notre ordre, des anciens ; frère Guillaume de Courcelles, de l'ordre de l'Hûpital de saint Jean, y fut également avec plusieurs autres frères et discrètes personnes de cet ordre. Et ledit pape et saint Louis voulurent avoir un avis relativement à l'union susdite et leur intention était de ne faire qu'un ordre de tous les ordres militaires religieux. Mais on répondit que les rois d'Espagne n'y consentiraient pas du tout a cause des trois ordres militaires religieux qui sont établis chez eux C'est pourquoi l'on décida qu'il valait mieux que chaque ordre restât dans son état. De même, au temps du pape Nicolas IV, par suite de la perte de la Terre Sainte qui eut lieu alors, parce que les Romains et d'autres peuples se plaignaient avec force qu'il n'eût pas envoyé un secours suffisant pour la défense de ladite Terre, le pape, pour s'excuser en quelque façon et pour montrer qu'il voulait remédier à la situation de la Terre Sainte, renouvela ou reprit le projet susdit d'union ; mais, finalement, il ne fit rien. Ensuite le pape Boniface en parla à plusieurs reprises ; cependant, tout considéré, il préféra abandonner entièrement l'affaire, comme vous pourrez l'apprendre de quelques-uns des cardinaux qui vivaient de son temps." source: https://www.templiers.net/accusateurs/index.php?page=fusion-des-deux-ordres
33. DU MEGES Alexandre, "Notice sur quelques monuments de l'ordre de la Milice du Temple, et sur l'église de Montsaunès" Société archéologique du Midi de la France, t.V, année 1841-1847 pp 187 à 222, Toulouse, 1847
34. SAINT-PAUL François-Guillaume, Pélerinage au coeur de la Tradition Paroles et Symboles Cathedrale Sainte Marie de Comminges, PHRIXOS éditions. Le procès en sorcellerie en 1317-1318 de l'archevêque d'Aix-en-provence Robert de Mauvoisin un parent du pape Clément V, à qui il doit sa charge d'archevêque, nous révèle que Robert de Mauvoisin avait fait appel à un astrologue juif nommé Moïse de Trets pour la fabrication de talismans sous forme de trois anneaux gravés d'une formule astrologique qui pouvaient le prémunir contre les maladies et favoriser les bonnes grâces des puissants. L'astrologue lui avait été présenté par Raimon de Baux seigneur de Meyrargues. Selon les témoignages du procès, au cours de certaines discussions dans le palais de l'archevêque à propos des prédictions de Moïse de Trets étaient présents le seigneur Hugues de Baux et Peire Audebert, vice sénéchal du comté de Provence. Jean-Patrice BOUDET et Julien THÉRY, Le procès de Jean XXII contre l'archevêque d'Aix: astrologie, arts prohibés et politique, Cahiers de Fanjeaux, année 2012, pp158-235.
35. Dans "PARZIVAL",Tome 2, p 33, Wolfram von Eschenbach nous dit :" Platon l'a dit en son temps et Sibylle aussi, qui fut prophétesse; sans se tromper en rien...", plus loin, Tome 2, p 292 :" le sage Pictagoras qui fut jadis astronome et qui savait tant de choses que nul homme, sans conteste, depuis le temps où vécut Adam, n'eut autant de connaissances."
36. Le statut ontologique des objets géométriques se trouve dans le commentaire de Proclus sur les éléments de géométrie d'Euclide qui fut transmis aux latins par Boèce. SOLĖRE Jean-luc, "Bien, Sphères et Hebdomades", In: A. Galonnier, éd., "Boèce ou la Chaine des Savoirs",Leuven/Louvain-la-Neuve, 2003,pp 55-110.2003. Academia.edu. et LERNOULD Alain, "Le statut ontologique des objets géométriques dans l'In Euclidem de Proclus", etudes Platoniciennes, 2011, OpenEdition Journals.
37. Alain de Lille (1116-1202), mort à l'abbaye de Cîteaux, dans son sermon sur la sphère intelligible daté des années 1177-1179, se demande: "À qui s'adapte mieux la propriété de la forme sphérique qu'à l'essence divine, elle qui est l'alpha et l'oméga, le principe et la fin sans principe ni fin? ". Pensée qu'il illustre par l'image du diadème de Martianus Capella, diadème que Jupiter retira de la tête de sa fille aînée Éternité pour la poser sur celle de chloé, figure de l'âme humaine. Chez Martianus Capella, le diadème ou la couronne signifient qu'elle est sans début ni fin, à l'image de la sphère divine. Edit Anna Luká (dir), " Dieu est une sphère . La métaphore d'Alain de Lille à Vincent de Beauvais et ses traducteurs", Presse universitaires de Provence, Senefiance, Aix-en-Provence, 2019. Publication sur OpenEdition Books: 14 octobre 2021.
38. Denys l'Aréopagite, Traité de la théologie mystique, traduit du grec par l'abbé Darboy, 1845 ; la bibliothèque libre. Et Oeuvres de Saint Denys L'Aréopagite, de la théologie mystique, traduit du grec en français par l'abbé J. Dulac, Paris, 1865; oeuvre numérisée par Marc Szwajcer.
39. À Paris, à Londres ou à Tomar au Portugal, très tôt, les Templiers vont élever des églises à plan centré où se réunissaient les chapitres provinciaux. Non pas en référence au Saint-Sépulcre, comme l’a cru Viollet le Duc, mais en référence à une certaine Table Ronde. Table ronde, où est affirmée l’égalité des chevaliers et l’élection du meilleur d’entre eux. Cette Table ronde conçue par Merlin l’Enchanteur, né d’une vierge et d’un démon, est aussi à l’image du Ciel, c’est-à-dire à l’image d’une sphère dans la plus pure tradition néoplatonicienne. Seulement, élever des églises à plan centré, surmontées d’une coupole pour signifier la sphère, comme celle du dôme du Rocher à Jérusalem, reste hors de portée des compétences des maîtres bâtisseurs du XIIe siècle, qui ne peuvent que reproduire la technique des églises à plan centré déjà réalisées sur le modèle du Saint-Sépulcre, d’où la méprise de Viollet le Duc. Les frères templiers ont eu leur période alchimique, ils ont eu aussi leur période magique, mais au final la seule voie qui ait tenu la route reste celle du Grand Architecte de l’univers, comme en était persuadé en son temps le dignitaire du Temple Roncelin de Fos.
Alors préférons la traduction « Lapis ex coelis » même si elle ne fut pas forcément celle que Kyot le Provençal avait à l’esprit.
40. Le moine cistercien Hélinand de Froidmont (1160-1237), dans son sermon 23 pour la Toussaint, nous signale la polémique qui existait au Moyen Âge entre ceux qui voulurent une pluralité innombrable de mondes et de sphères (physique d’Aristote) et les partisans d’un univers unifié (conception néoplatonicienne), qu’il renvoie dos à dos dans son sermon mais qui ne sera pas sans conséquence sur la manière dont les géomètres concevront leurs plans en architecture. (Voir notre article sur l’initiation sacerdotale selon l’ordre de Melchisédech 3ème partie.). TROTTMANN Christian, "Bernard de Clairvaux et la philosophie des Cisterciens du XIIe siècle",Thèse 1avril 2017,Théologie Catholique,Université de Strasbourg, p 361 et note 833.
41. Wolfram von ESCHENBACH,"PARZIVAL", Tome 2, p 38