Liste des Maréchaux de l'ordre des Templiers
Le Maréchal était le troisième dignitaire le plus haut placé dans la hiérarchie de l'ordre après le Sénéchal. Sa fonction était essentiellement militaire. C'est lui qui dirigeait les manoeuvres des Templiers sur les champs de bataille sous l'autorité du Grand Maître. C'est aussi lui qui fournissait la pointe, c'est-à-dire qu'il menait la charge de la chevalerie templière tout en portant le gonfanon baucent déployé pour la bataille.
Nom : Hugues Salomon de Quilliou ou (de Quiliuco)
dates : 1150-1153
auparavant :
ensuite : Mort au combat au siège d'Ascalon. La Pierre tombale du Maréchal Hugues Salomon de Quilliou fut retrouvée dans cette cité et nous indique les circonstances de son décès.
« Maréchal Hugues Salomon de Quilliou, preux chevalier de l’insigne milice du Temple, guerrier courageux, assaillant intrépide, redoutable aux ennemis, humble avec ses compagnons, terrassé par la pierre d’une catapulte, inhumé dans cette tombe sous le titre qu’on peut lire. »
Les Templiers payèrent un lourd tribut pendant le siège d'Ascalon qui dura du 25 janvier au 22 août 1153. Grâce à une brèche réalisée dans les remparts qui protégeaient la cité, le 16 août 1153 les Francs eurent l'occasion de prendre Ascalon. Le premier sur la brèche fut le grand-maître des Templiers Bernard de Tremelay, accompagné d'une quarantaine de ses frères. Hélas pour les Templiers, les barons de Terre Sainte qui soutenaient le roi Baudoin III refusèrent de suivre les Templiers sous prétexte que la milice soutenait la reine Mélisende, principale opposante à son fils pour la direction du royaume. La gloire de la prise d'Ascalon devait revenir selon les barons au jeune Baudoin III et non à sa mère et à ses partisans. Le résultat fut terrible pour les Templiers car le grand-maître et ses frères étaient déjà au milieu de la cité quand ils s'aperçurent qu'ils étaient trahis par les barons et abandonnés à leur sort. Les assiégés, après un premier mouvement de panique, purent se ressaisir en comblant la brèche mal défendue avec des poutres enlevées en hâte de leurs propres navires. Au soir du 16 août, les ascalonitains firent pendre les cadavres des quarante Templiers dont celui du grand-maître aux murailles d'Ascalon en signe de victoire. Le chroniqueur Guillaume de Tyr, qui fut un fervent défenseur des barons et de la monarchie, donna une toute autre version des événements. selon lui, ce serait les Templiers qui auraient empêchés les barons de s'engager dans la brèche pour que la milice puisse s'octroyer un plus gros butin. Cette version ne tient pas. Cela faisait plus de six mois que les ascalonitains résistaient à toute l'armée franque. Les Templiers n'étaient pas assez stupides pour penser que quarante d'entre eux pourraient vaincre à eux seuls toute l'armée ennemie. Manifestement, Guillaume de Tyr ment sur le déroulé des événements pour protéger ses amis les barons et calomnier un peu plus les Templiers qu'il détestait. Sa version n'est d'ailleurs pas corroborée par le récit des faits donné par Sigebert d'Haffligen qui est basé sur un témoignage oculaire des événements. Quand on confronte les différentes chroniques de Terre Sainte, on se rend compte que ce n'est pas la seule fois où Guillaume de Tyr se plaît à travestir les faits pour affubler les Templiers de tous les péchés capitaux. Guillaume, archevêque de Tyr de 1175 à 1183 et précepteur du roi de Jérusalem Baudoin IV le Lépreux, finira par être excommunié en 1183 par le Patriarche de Jérusalem Héraclius. Cela résume assez bien l'opinion qu'on peut se faire de sa chronique.
Nom : Robert Franiel
dates : 1186-1187. Robberto Franiel, Maréchal du temple, accompagna, en 1187, le Grand Maître durant ses négociations pour rétablir la concorde entre le Comte de Tripoli et Guy de Lusignan.
auparavant : Commandeur de la terre du royaume de Jérusalem
ensuite : Mort au combat à la bataille de la fontaine Cresson le 1er mai 1187. Par rancoeur contre le roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, le comte de Tripoli, Raymond III, s'était mis sous la protection du sultan musulman Saladin. D'un commun accord avec lui, il avait même autorisé le passage sur ses terres d'une armée de Sarrazins qui voulait mener une expédition punitive envers les Francs de Saint-Jean-d'Acre. Quand le Grand-Maître des Templiers , Richard de Ridefort, partit en ambassade auprès du comte de Tripoli l'apprit, il rassembla en toute hâte une petite troupe pour engager le combat contre une armée forte de sept mille cavaliers commandés par le fils de Saladin al-Afdhal.
Richard de Ridefort n'avait pu rassembler que cent trente chevaliers et quatre cents piétons. Le Grand-Maître de l'ordre des Hospitaliers, Rogers des Moulins, lui fit remarquer que dans ces conditions, il serait suicidaire d'engager le combat. Un chevalier du Temple, Jacques de Mailly, originaire de Touraine1, était aussi de cet avis. Mais pour Richard de Ridefort l'occasion était trop belle de détruire la réputation du comte de Tripoli, principal opposant à la couronne hiérosolymitaine, en lui faisant jouer le rôle du traître dans la tragédie à venir. Richard insulta publiquement Jacques de Mailly, son chevalier, en l'accusant de lâcheté. il lui dit:
"Vous aimez trop cette tête blonde que si bien vous voulez la garder."
Piqué au vif, Jacques de Mailly, qui effectivement ne manquait pas de prestance avec ses cheveux blonds, sur son destrier tout blanc, lui répliqua:
"Je me ferai tuer comme un gentilhomme et c'est vous qui lâcherez pied."
Pour convaincre les derniers réticents, le Grand Maître Gérard de Ridefort harangua ses troupes en leur disant:
"Chers amis, vous qui n'avez jamais su reculer ni trembler à la vue de ces impies, c'est ici le moment de vous rappeler votre ancienne valeur, et de ranimer votre courage: c'est ici le combat du Seigneur; vous y tenez la place des illustres Machabées; il s'agit d'en imiter la bravoure, et d'exposer en ce moment ce que vous avez de plus cher, pour la foi, pour l'Eglise, et pour l'honneur des Saints Lieux. Soutenus par la force d'un bras tout-puissant, nos Ancêtres ne comptèrent jamais leurs ennemis; pour moi, qui faits plus de fond sur l'ardeur de votre zèle que sur ces armes fragiles, j'attends tout de vos efforts et de votre magnanimité."
Galvanisés par ces paroles, les chevaliers du Temple répondirent en choeur:
"Vaincre ou mourir pour celui qui nous a rachetés: marchons, qu'attendons-nous? la victoire nous est aussi assurée dans la mort que dans la vie.".
Jacques de Mailly, éperonnera son destrier et participa à la charge de la petite troupe.
D'abord surpris par cette charge intempestive, les cavaliers sarrasins prirent peur et s'égayèrent un peu partout. Mais comme le nombre des Francs était ridiculement bas, ils se ressaisirent et les Francs commencèrent à se faire assaillir de toutes parts. La bataille commença alors à prendre une tournure des plus féroces, et les Francs tombèrent un à un sous les coups redoublés des hommes d'al-Afdhal. Le chevalier du Temple Jacques de Mailly, dont l'acier des armes étincelait au soleil tout de blanc vêtu sur son cheval blanc, se démenait comme un ange exterminateur au milieu de la mêlée. Hélas, tous ses compagnons s'écroulaient autour de lui. C'est à ce moment que le Grand-Maître des Hospitaliers, Rogers des Moulins, fut transpercé de part en part par une lance ennemie. C'est aussi le sort qui attendait le Maréchal du temple Robert Franiel, qui périt dans la bataille. Pressé de toutes parts, isolé face à une multitude, Jacque Mailly semblait pourtant dominer le champ de bataille sur son fier destrier, contrant à lui tout seul les efforts de ses ennemis. C'est son cheval qui céda la premier. Blessé et épuisé de fatigue, il s'abattit et entraîna le cavalier dans sa chute. Aussitôt, l'intrépide templier réussit à se dégager et saisit une lance portant des coups si terribles à ses ennemis que plus personne n'osait l'approcher de trop près. La cotte de maille de Jacques de Mailly finit par être hérissée de flèches. Le sang et la poussière avaient recouverts sa personne. Mais rien ne semblait entamer sa détermination. Bien au contraire. avec une rage de lion, il s'attaquait à ses ennemis.
Admiratifs devant une telle vaillance, les Sarrazins lui proposèrent de se rendre avec la liberté de se retirer où il voudrait. Seulement le templier était là pour mourir au milieu de ses frères et il rejeta toute échappatoire à l'issue fatale. Alors que les flèches et les projectiles recommencèrent à tomber sur lui, le sang qui coulait de ses nombreuses blessures humidifiait le sol à ses pieds. On ne sait à quoi pensait Jacques de Mailly en ses derniers instants. peut-être cherchait-il du regard son Grand-Maître, Gérard de Ridefort, qui réussit à s'échapper et fut un des rares rescapés de la bataille. Les Sarrazins, quant à eux, commençaient à se demander s'ils n'avaient pas affaire à un être surnaturel. Des bruits couraient à propos d'un chevalier nommé Saint Georges monté sur un cheval blanc et qui, disait-on, combattait parfois aux côtés des chrétiens. N'avaient-ils pas face à eux ce fameux Saint Georges?
Dans la plaine jonchée de cadavres, un étrange sentiment superstitieux commençait à s'insinuer dans l'esprit des Sarrazins. en réalité, bien qu'il tenait toujours debout, l'arme à la main, le chevalier se vidait littéralement de son sang et ses dernières forces le quittaient. Un ultime projectile lancé contre lui le fit tomber à la renverse. Ce fut un cri de joie autant que de soulagement du côté des Sarrazins en le voyant tomber. Ils avaient réussi à tuer Saint Georges. Jacques de Mailly, quant à lui, étendu sur le sol, rendait son dernier soupir. Les chroniques des croisades, qui ont relaté la fin glorieuse du templier, précisèrent pour lui rendre hommage, qu'il était plutôt mort de fatigue que vaincu.
Les Sarrazins avaient été tellement impressionnés par ce chevalier, que chacun voulut avoir un morceau du saint guerrier. Ses vêtements furent arrachés, tout ce que le chevalier possédait fut emporté comme relique, certains iront jusqu'à recueillir la poussière imprégnées de son sang et la répandirent sur leur tête et sur leurs habits , convaincus qu'elle leur transmettrait cette force extraordinaire dont le chevalier Saint Georges avait fait preuve.
Nom : Geoffroy Morin
date : 1188. Gaufredi Morini, souscrit comme Maréchal du Temple, en 1188, un acte de Conrad, Marquis de Monferrat.
auparavant : Commandeur de la maison du Temple à Tyr.
ensuite :
Nom : Adam Brion
date : 1198. Adam Bren, souscrit comme Maréchal du Temple, en 1198, un acte entre le Grand-Maître des Templiers Gilbert Erail et l'abbé de Notre Dame de Josaphat.
auparavant : Sénéchal
ensuite :
Nom : Guillaume des Ardillières
dates : 1200-1204. Guillelmus de Ardillières , souscrit comme Maréchal du Temple, en 1201 ou 1204, lors de la donation par le comte Henri II de ses biens et dépendances situés au village de Sancey.
auparavant :
ensuite :
Nom : Hugues de Montlaur
date : 1239. Hugues de Montlaur, est cité comme Maréchal dans la règle des templiers, article 592, détails des pénitences.
auparavant : Maître d'Aragon
ensuite : mort au combat à la bataille de la Forbie le 17 octobre 1244. Il est à souligner que pendant la terrible défaite de La Forbie, les Templiers combattirent auprès de leurs alliés musulmans commandés par le valeureux Malik de Homs al-Mansûr Ibrāhim. Dans cette défaite, les Templiers perdirent 312 chevaliers et 324 turcoples, sans compter les piétons soudoyés par l'ordre. Le maréchal de l'ordre, Hugues de Montlaur, fut tué ainsi que le grand-maître du Temple, Armand de Périgord. Seuls 36 Templiers purent s'échapper du champ de bataille, emportant avec eux l'étendard de la milice, le gonfanon baucent pour qu'il ne tombe pas entre les mains de l'ennemi.
Il semble que les moines bénédictins de l'abbaye de Saint-Albans dans le Hertfordshire en Angleterre, d'où provient cette miniature, n'avaient pas une très bonne opinion des ordres de chevalerie de Terre Sainte. On remarque qu'ils ont surtout mis en valeur la fuite d'un Templier avec le gonfanon baucent pendant la bataille - ce qui paraît assez cruel de la part de ces moines anglais quand on songe que le couvent du Temple fut anéanti sur le champ de bataille de La Forbie, y compris avec la mort du grand-maître et du maréchal de l'ordre qui ont fait le sacrifice de leur vie.
Nom : Renaud de Vichiers
dates : 1249-1250. Renaud de Vichiers participa comme Maréchal à la bataille de la Mansourah, en 1250.
auparavant : Visiteur Cismarin
ensuite : Grand Maître de 1250 à 1252
Nom : Hugues de Jouy
dates :1251-1252
auparavant : Visiteur Cismarin
ensuite : En 1252, pendant la 7ème Croisade, le Maréchal Hugues de Jouy, sous l'autorité du Grand-Maître Renaud de Vichiers, négocie des accords avec le souverain ayyubîde de Damas al-Nâsir Yûsuf. Quand Renaud de Vichiers en parle au roi de France Saint-Louis, pour obtenir son accord de principe, le roi entre dans une colère furieuse - car non seulement les Templiers ne l'ont pas averti de cette démarche mais en plus elle contrecarre la diplomatie du roi qui traite avec les mamelouks d'Egypte.
Saint Louis exige du Grand-Maître que son Maréchal Hugues de Jouy soit banni de Terre Sainte. Renaud de Vichiers s'exécutera et Hugues de Jouy sera envoyé au-delà des mers comme Maître d'Aragon.
Cette soumission du Grand-Maître au desiderata du roi de France ne lui portera pas bonheur car il sera démis de ses fonctions cette même année 1252 par le chapitre général des Templiers qui le remplacera par Thomas Bérard.
Nom : Etienne de Sissey
dates : 1260-1262
auparavant : précepteur de Saint-Jean-d'Acre
ensuite : En septembre 1263, le pape Urbain IV exigera la révocation d'Etienne de Sissey, qui à cette époque n'est pas Maréchal comme on l'a souvent dit mais plus probablement Maître des pouilles. Les historiens ignorent les causes du conflit qui opposa Urbain IV à Etienne de Sissey mais il semble que d'une manière ou d'une autre, Etienne de Sissey se soit élevé contre les manoeuvres du pape qui détournait l'esprit des croisades au profit de la future expédition militaire qui se préparait en Italie.
Dirigé par le frère du roi de France Charles d'Anjou, cette croisade italienne avait pour but de chasser les derniers représentants de la dynastie des Hohenstaufen d'Italie. Pour subvenir aux besoins de cette campagne, le pape Urbain IV accordait les mêmes bénéfices spirituels que s'il s'agissait de s'engager en Terre Sainte. Une défection avait été particulièrement mal ressentie de la part des Templiers. C'était celle du puissant seigneur Barral de Baux. Le seigneur provençal, suivi de nombreux chevaliers de sa suite, avait déjà entrepris des préparatifs pour se rendre en Terre Sainte quand, à la demande spéciale du pape, il fut relevé de sa promesse faite en 1253 devant Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, pour s'engager dans la croisade italienne.
C'est ainsi que toute une petite armée provençale fut détournée de la Terre Sainte pour se rendre en Italie. A l'époque où le royaume de Jérusalem manquait cruellement de bras pour contenir les assauts du sultan Baibars, la politique italienne menée par le pape Urbain IV, était jugée par les Templiers comme un véritable coup de poignard dans le dos.
Quand Etienne de Sissey fut convoqué à Rome, le Maître des Pouilles, plus habitué aux champs de bataille qu'aux séances de contrition, refusa de démissionner de sa charge. Etienne de Sissey avança un argument de droit: ce n'est pas le pape qui l'avait nommé mais le chapitre général de son ordre et le Grand-Maître. Eux seuls avaient le pouvoir selon la Règle de le révoquer. Pour envenimer un peu plus les choses, Etienne de Sissey rajouta qu'il n'avait jamais entendu dire qu'un pape se mêlait des affaires internes de l'ordre. Urbain IV excommunia sur le champ cet insolent.
Perfidement, la curie romaine laissa courir des bruits malveillants à l'encontre d'Etienne , dont la chronique du templier de Tyr se fera l'écho. En 1260, Etienne de Sissey, Maréchal de l'ordre, fut un des rares rescapés de la bataille de Tibériade. On l'accuse à cette occasion d'avoir mené mollement la pointe et de s'être enfui par mauvaise volonté envers Jean Ibelin, seigneur de Beyrouth, qui menait l'expédition. Le Maréchal Etienne de Sissey aurait été jaloux de ce seigneur à cause d'une dame ? Mais d'après une chronique arabe datée de 1312 de la bibliothèque de la Grande Mosquée de Constantinople citée par Laurent Dailliez, le Maréchal Etienne de Sissey aurait été tout bonnement assommé pendant l'assaut et laissé pour mort sur le champ de bataille. Cette version est crédible car il est très possible qu'un chevalier dont le cheval est abattu en plein galop puisse perdre connaissance après avoir percuté violemment le sol - entraînant malheureusement avec lui l'étendard de la milice, le gonfanon baucent
Après avoir fait amende honorable, le pape Clément IV, successeur d'Urbain IV, leva la sentence d'excommunication qui pesait sur Etienne de Sissey à condition que celui-ci retourne en Palestine comme simple frère - pénitence qui ne durera qu'un temps car Etienne de Sissey reprit bientôt sa place parmi les dignitaires de l'ordre.
Nom : Guillaume de Molay 2
date : 1262. Guillaume de Malay, souscrit comme Maréchal du temple, le 19 décembre 1262, une sentence arbitrale mettant un terme à une contestation, relative à des moulins, survenue entre le temple et l'Hôpital.
auparavant : Lieutenant du Maréchal.
ensuite : Drapier
Nom : Amblard de Vienne
date : 1270. Frère Ambelardo, souscrit comme Maréchal du temple, le 11 mars 1271, une décision remettant dans l'état primitif une contestation entre le chapitre de Nazareth et l'Hôpital.
auparavant : Maître d'Angleterre
ensuite : Maître du Poitou
Nom : Gui de Foresta
dates : 1277-1288. Guidone de Foresta, parait comme Maréchal du temple, le 1 juillet 1277, dans l' accord conclu au casal de la sommellerie du temple d'Acre entre Jean de Montfort, seigneur de Tyr, et le Doge de Venise.
auparavant : Maître d'Angleterre
ensuite : Maître d'Angleterre
Nom : Geoffroy de Vandac
date : 1289. Le Maréchal du temple, Jofrey de Vandac , prit part à la défense de Tripoli, qui tomba, le 26 avril 1289. Geoffroy de Vandac put s'échapper mais le commandeur du temple d'Acre Pierre de Moncade fut tué.
auparavant :
ensuite :
Nom : Pierre de Sevry
date : mentionné en 1291
auparavant : Drapier
ensuite : mort au combat.
Cela faisait plus d'un mois que le port de Saint-Jean d'Acre, capitale de l'état franc de Terre Sainte, était assiégé par 220.000 sarrasins. Le mercredi 16 mai 1291, les Mamelouks d'Egypte, commandés par le sultan al-Ashraf Khalîl, réussirent à prendre possession de la Tour Neuve du roi Henri qui faisait partie de la muraille extérieure de la cité d'Acre.
Une deuxième muraille, la muraille intérieure, séparée de plusieurs dizaines de mètres de la muraille extérieure, protégeait encore la cité. Au petit matin du vendredi 18 mai 1291, après un ultime assaut, les armées des Sarrasins prirent pied au niveau de la Tour Maudite sur la muraille intérieure de Saint-Jean d'Acre. Partie de la porte Saint-Antoine, la chevalerie templière et hospitalière, s'engouffrant dans l'espace entre les deux murailles, chargea au triple galop pour dégager la Tour Maudite. Mais l'armée des Sarrasins riposta en utilisant le feu grégeois ainsi que toutes sortes de fumigènes et d'engins explosifs submergeant la chevalerie franque de flammes et de fumées. Ce qui eut pour effet d'aveugler le grand-maître des Templiers, Guillaume de Beaujeu qui menait la charge.
N'y voyant plus à trois mètres, à cause de la fumée, le grand-maître était obligé de faire de grands mouvements pour reformer les rangs de sa chevalerie. Mais de ce brouillard artificiel surgissait des flèches tirées par les archers sarrasins qu'il était impossible de voir venir. L'une d'entre elles vint se ficher sous l'aisselle gauche du grand-maître qui ne portait pas de bouclier. Blessé mortellement, Guillaume de Beaujeu n'était plus en état de combattre. Les frères du Temple prirent son cheval par le mors et l'entrainèrent vers l'arrière. Des chevaliers de Spolète qui combattaient à leurs côtés, croyant que le grand-maître se repliait, s'écrièrent: "Pour Dieu, Sire, ne partez pas, car la ville sera bientôt perdue." Le grand-maître leur répondit: "Seigneur, je ne peux plus car je suis mort, voyez le coup."
A partir de la Tour Maudite, les Sarrasins envahirent la cité en direction de la rue Saint Romain. Pris de panique, la population d'Acre se précipita vers le port mais les embarcations chargées de les transporter des quais sur les différents navires de la chrétienté ancrés au large étaient trop peu nombreux pour tous les accueillir. Certains, parmi les plus chanceux ou parmi les plus riches, réussirent à s'embarquer – voyant s'éloigner avec soulagement le danger mortel. Quant aux autres, ils se jetaient sur tout ce qui pouvait flotter. Beaucoup de frêles esquifs surchargés par le nombre chavirèrent ou coulèrent à pic, emportant par le fond tous ces malheureux qui cherchaient à fuir. Ce jour ressemblait à la fin du monde.
Dans la chapelle de la citadelle des Templiers, on avait déposé le corps du grand-maître Guillaume de Beaujeu. Les dignitaires de l'ordre des Templiers et de l'ordre des Hospitaliers étaient là pour lui rendre un dernier hommage. Le silence à l'intérieur de la chapelle, avec tous ces chevaliers debout, recueillis devant le corps du grand-maître, contrastait avec la fureur et les hurlements qui montaient des ruelles de la cité. Dorénavant c'était au maréchal du Temple, Pierre de Sevry, de prendre les choses en main. A cette heure, il n'y avait plus d'espoir de sauver la ville, les Mamelouks avaient déjà investis les quais du port. Le dernier espoir de la population, prise au piège dans la cité, était de se réfugier dans les différentes maisons fortes des ordres de chevalerie qui étaient nombreuses à Saint-Jean d'Acre.
La majestueuse citadelle des Templiers à Acre, située sur le front de mer, était certainement la plus imposante. Mais le manoir de l'ordre des Hospitaliers ou celui des Teutoniques pouvaient aussi servir de solides refuges.
Le maréchal des Hospitaliers, Mathieu de Clermont, qui était présent dans la chapelle des Templiers, décida de rejoindre avec ses hommes le palais des Hospitaliers en traversant à cheval le quartier génois. Seulement il était déjà trop tard. Les Sarrasins étaient partout. Surpris dans les ruelles du quartier génois, Mathieu de Clermont mena un combat de rue. Submergé par le nombre, il n'arriva jamais à se frayer un chemin jusqu'au palais. Lui et ses hommes furent tués dans ces ruelles.
Quand les habitants d'Acre, réfugiés dans la citadelle des Templiers, s'aperçurent que les navires de la flotte chrétienne étaient en train d'appareiller et de mettre le cap sur l'île de Chypre toutes voiles dehors, les Chroniques nous disent qu'il y eut des cris d'angoisse – certains hurlant leur désespoir du haut des remparts. Pour le maréchal Pierre de Sevry, une autre nouvelle fut désagréable: on comptait plusieurs milliers de personnes qui s'étaient réfugiées dans la citadelle des Templiers. Les Chroniques parlent de 10.000 personnes – soit un quart de la population de Saint-Jean d'Acre. Autant dire que les vivres allaitent vite venir à manquer et que dans ces conditions on ne pourrait pas tenir un siège bien longtemps.
C'est au bout de deux jours, et par humanité pour cette population qui était sous sa responsabilité, que le maréchal Pierre de Sevry engagea des pourparlers. Le sultan al-Ashraf Khalîl proposa aux Templiers une reddition honorable. Il leur accordait à tous la vie sauve, ainsi que la permission de se retirer, lui et ses frères, librement vers l'île de Chypre en emmenant avec eux toute la population réfugiée dans la citadelle. L'accord fut conclu sur cette base. Pour montrer sa bonne foi, le sultan fit remettre aux Templiers son étendard qui, déployée sur la tour de la citadelle, signifiait qu'ils étaient tous sous sa protection personnelle.
Pour faire respecter ces accords, le sultan envoya l'émir syrien Katbughâ al-Mansûri, un homme de confiance, qui se présenta devant les portes de la citadelle accompagné de 100 Mamelouks à cheval. Le maréchal Pierre de Sevry ordonna qu'on ouvre les portes. L'émir et sa chevalerie pénétrèrent dans le cour intérieure de la citadelle sous le regard inquiet d'une foule de chrétiens terrorisés. L'émir était venu pour présider à l'embarquement des chrétiens. Mais les portes de la citadelle restaient grandes ouvertes. A la suite des troupes régulières, c'est toute une bande armée de soldats irréguliers qui s'engouffra. Ces hommes qui n'étaient pas payés par le sultan venaient rançonner les chrétiens car ils se remboursaient de leurs efforts par le pillage de la cité. Parmi ces hommes, certains ne se contentaient pas des bourses et des bijoux, ils entraînèrent les jeunes filles sous les yeux horrifiés de leurs parents dans les coins obscurs de la citadelle. Si le sultan avait accordé la vie sauve aux chrétiens, il faut croire que l'émir considéra que le viol et la rapine ne concernaient par les dits accords. Mais comment croire que les chevaliers du Temple allaient laisser les jeunes filles se faire violer sous leurs yeux au milieu de leur citadelle? En un éclair, les armes sont sorties de leur fourreau et très vite les faits dégénèrent en bataille rangée. On sectionne les garrots des chevaux pour faire chuter les cavaliers Mamelouks. L'émir comprend vite qu'il a besoin de renfort pour mater les rebelles. C'est donc à la porte de la citadelle que tout se joue. Hélas pour l'émir, les Templiers qui étaient sur le qui-vive, surgirent de leurs postes de garde et se ruèrent en masse pour refermer les portes, isolant 150 à 200 Sarrasins qui virent fondre sur eux toute la haine de la population d'Acre. Le plus regrettable dans cette histoire est que, folle de rage, la population s'en pris à l'étendard du sultan qu'elle arracha en petits morceaux. Ce fait constituait une injure directement dirigée contre le chef de l'armée musulmane. Le maréchal Pierre de Sevry, de nouveau retranché dans sa citadelle, avait bien du souci à se faire.
De leur côté, les maisons fortes de l'ordre des Hospitaliers et de l'ordre teutonique, peut être en apercevant au loin l'étendard du sultan flotter sur la citadelle des Templiers, négocièrent ce même jour leur reddition dans les mêmes termes que ce qui avait prévalu pour les Templiers. On ignore le sort qui leur fut réservé.
Le temps passant, la situation à l'intérieur de la citadelle des Templiers, bondée de 10.000 personnes, était intenable – même si maintenant on pouvait manger du cheval. Pierre de Sevry chercha donc de nouveau à prendre contact avec les assaillants. Malgré les derniers événements fâcheux, le sultan semblait toujours bien disposé à leur égard. Il allait même jusqu'à mettre la responsabilité des derniers événements sur le compte des siens qui s'étaient mal comportés. Pour Pierre de Sevry ce fut un grand "ouf" de soulagement. Pour éviter tout autre incident, on décida que cette fois-ci ce serait les chrétiens qui sortiraient de la citadelle escortés par les Templiers et que tout ce monde serait conduit vers la place franque la plus proche. C'est donc une longue marche à laquelle il fallait se préparer. Cette perspective découragea beaucoup d'habitants qui, épuisés, n'avaient plus la force d'un tel périple. Certains ne faisaient pas confiance aux Sarrasins. D'autres étaient trop faibles ou trop blessés.
Pierre de Sevry devait se résoudre à abandonner une bonne partie de cette population cantonnée dans la citadelle. Le maréchal prit la tète des plus valides - ce qui représentait tout de même plusieurs milliers de personnes. Et il les amena à l'extérieur de la cité. C'est le chroniqueur égyptien Abû al-Mahâsin qui nous raconte la suite des événements. Arrivés dans les faubourgs de Saint-Jean d'Acre, il n'était plus question pour les Sarrasins de respecter les accords. En réalité, le sultan était furieux. Les Templiers avaient tués un de ses plus fidèles officiers et, chose surprenante, il avait été profondément choqué par un fait qui nous semble dérisoire compte tenu du nombre de personnes massacrées pendant ces journées: le sultan, qui devait beaucoup aimer les chevaux, avait été horrifié que l'on puisse couper les jarrets des chevaux pour abattre ses cavaliers. Le chroniquer nous dit qu'en représailles, il massacra plus de 2.000 personnes dont le maréchal du Temple Pierre de Sevry et ses hommes qui furent décapités. Quant aux femmes et aux enfants, amenés à la porte du pavillon du sultan, ils furent réduits en esclavage.
Quand les Francs, restés dans la citadelle, apprirent le sort qui fut réservé à leurs compagnons, ils décidèrent de poursuivre la résistance jusqu'à leur dernier souffle. Il fallut pour les réduire saper les fondations de la citadelle. Le 28 mai 1291, soit dix jours après la chute de la cité, une brèche fut finalement provoquée. Mais quand les troupes musulmanes se précipitèrent par la brèche, leur poids fit céder les étançons des sapes et la tour s'écroula sur eux, provoquant de nombreux morts dans leurs rangs. Pour les chrétiens survivants le sultan fit mettre à part les femmes et les enfants et décapita tous les hommes – ce qui consituait une grande masse d'exécutés.
Nom : Baudoin de La Andrin
dates : 1292-1294. Baudewin de la Andrin, souscrit comme Maréchal du Temple un acte daté, du 20 avril 1292. Archive de la couronne d'Aragon.
auparavant :
ensuite : Précepteur de Nicosie
Nom : Barthélemy de Quincy
dates : 1300-1302
auparavant :
ensuite : mort au combat lors de la défense de l'îlot de Rouad le 26 septembre 1302. En 1300, l'ordre des Templiers fait de l'îlot de Rouad, en face du port deTortose, la tête de pont de sa reconquête de la Terre Sainte.
Le grand maître Jacques de Molay espère cette reconquête grâce à l'alliance militaire obtenue avec le chef des Monghols, Ghâzân. Les Tartars venaient de remporter une grande victoire sur les Mamelouks le 24 septembre 1299.
Durant l'été 1301, Jacques de Molay est encore confiant. Il écrit au roi d'Aragon:
"Ghâzân une fois de plus a annoncé sa venue et nous ayant su cela, avons à présent l'intention d'aller sur l'île de Tortose (Rouad) où notre couvent a séjourné avec chevaux et armes toute cette présente année, en causant beaucoup de dommages aux villages du littoral et en capturant beaucoup de Sarrasins. Nous avons l'intention de nous y rendre et établir pour attendre les Tartars."
Touché par le zèle des templiers, le pape Boniface VIII leur céda le 13 novembre 1301 la moitié de l'îlot de Rouad qui leur manquait et qui relevait de l'église de Tortose - désormais in partibus.
Dorénavant pleinement chez eux sur l'îlot de Rouad, les Templiers peuvent y renforcer les fortifications à leur guise et notamment la courtine qui court tout autour de l'île – faisant de l'îlot une véritable forteresse sur la mer.
Pour ce faire, Jacques de Molay mobilise toutes les ressources de l'ordre en hommes et en matériel. Bien qu'aucune information n'a été donnée à ce sujet, on pense aussi que le grand-maître a fait transférer le trésor des Templiers de leur maison de Limassol sur l'îlot de Rouad, au plus près de son couvent.
Les relations de l'ordre avec le roi de Chypre Henri II sont à cette époque assez tendues. Jacques de Molay se souvient très bien que le père d'Henri II n'avait pas hésité en 1279 à séquestrer tous leurs biens sur l'île de Chypre et à faire abattre la maison des Templiers de Limassol – maison cheftaine de la province de Chypre.
C'est très certainement le couvent du Temple au complet qui est engagé sur l'îlot – c'est-à-dire au moins 300 chevaliers et non pas 120 comme on l'a souvent répété.
En 1302, Jacques de Molay est à Limassol car la diplomatie et les affaires du Levant se traitent sur l'île de Chypre. Il a laissé son couvent aux mains du maréchal de l'ordre, Barthélémy de Quincy. Mais il a aussi pris le soin de lui adjoindre des hommes en qui il a toute confiance comme le maître de France, Gérard de Villiers. Les Templiers s'installent donc sur l'îlot de Rouad pour durer.
Ils semblent assez confiants car ils étaient persuadés que les Mamelouks d'Égypte n'avaient pas la capacité militaire d'armer une flotte conséquente capable d'aller les chercher sur l'îlot. La suprématie maritime des Francs n'avait jusqu'alors jamais remise en question.
C'est pour cette raison qu'au mois de septembre 1302, quand les Templiers virent à l'horizon s'approcher une flotte armée de 16 galères de combat, ils n'en crurent pas leurs yeux. L'armée d'Égypte venait envahir l'îlot. Cette armée était commandée par l'émir mamelouk Sayf ad-Dîn Zarrâk al-Mansûri. L'émir avait pris le soin de faire un détour par la cité de Tripoli pour embarquer une armée de combattants redoutables dirigée par Sayf ad-Dîn Ansadamur al-Kurdjî (dit "le Géorgien").
Même si cette bataille n'a pas laissé beaucoup de traces dans la mémoire des croisades, certainement parce qu'elle s'est passée à huis clos, elle fut pour les Templiers la dernière de toutes les batailles. L'ancien secrétaire du grand-maître Guillaume de Beaujeu la qualifiera de "très âpre", doux euphémisme pour dire que le couvent des Templiers sera pratiquement totalement anéanti et que cinq ans après les faits on en parlait encore dans les chapitres du Temple.
C'est au son des tambours que les premières vagues d'assaut mamelouk débarquèrent en même temps aux deux extrémités de l'île. Nous n'avons que très peu de détails sur le déroulement des combats mais il semble que les charges répétées des chevaliers du Temple et le feu nourri des archers syriens à leur solde ont réussi l'impossible en repoussant la flotte égyptienne. Le nombre de tués dans les deux camps est inconnu mais on peut penser que le Temple a dû payer un lourd tribut pour réussir cet exploit.
L'îlot de Rouad n'est qu'à trois kilomètres du port de Tortose, ce qui constituait un avantage certain pour la flotte égyptienne qui pouvait à très peu de distance se replier pour récupérer des derniers combats et éventuellement se renouveler en troupes fraiches.
Comme cela avait déjà été le cas lors de la chute du port de Saint-Jean d'Acre avec le maréchal du Temple Pierre de Sevry, Barthélémy de Quincy devait à ce moment se soucier en priorité de l'évacuation du trésor de l'ordre vers l'île de Chypre. Il semble que ce soit au maître de France Gérard de Villiers que fut confiée cette mission. Le maître de France prit avec lui un certain nombre de chevaliers et pendant la nuit chargea le trésor sur les petits navires du Temple amarrés au port pour s'éloigner au plus vite vers la haute mer.
Au chapitre provincial tenu à Paris le jour de la Chandeleur 1307, le Templier Renaud de la Folie accusera Gérard de Villiers d'être responsable de la perte de l'îlot parce qu'il était parti avec ses amis – tous de bons combattants – un jour avant la chute de Rouad. Renaud de la Folie rendait responsable le maître de France de la mort ou de la capture d'un grand nombre de frères. Ce Templier accusait sans raison et manifestement il n'était pas présent lors des événements, sinon il ne serait pas à Paris pour en parler.
Quand vint le jour de l'ultime assaut, pour les Templiers il n'y avait plus qu'une stratégie possible: combattre au plus près du rivage quand les Mamelouks sont encore sur leurs navires, car si les Égyptiens arrivaient à prendre pied sur l'île, avec leur supériorité numérique, ils seraient impossibles à contenir.
C'est en combattant sur la rive de l'îlot de Rouad que le maréchal du Temple Barthélémy de Quincy fut tué. Débordés de toutes parts, les derniers survivants se réfugièrent dans le château. On ne compte plus à ce moment que 120 chevaliers et 500 archers, ainsi que 400 civils retranchés dans la forteresse. Une fois la maîtrise du port acquise, les Égyptiens purent faire débarquer leurs troupes et c'est plusieurs milliers de soldats qui assiégèrent le château du Temple.
Après la mort du maréchal Barthélémy de Quincy, c'est un chevalier catalan nommé Hugues d'Empúries qui prit le commandement. On ignore quel titre il portait. Tout ce que l'on sait de lui est qu'il avait déjà été fait prisonnier pendant la chute de la cité de Tripoli en 1289 et qu'il fut libéré des geôles du Caire grâce aux bonnes œuvres du roi Jacques d'Aragon autour des années 1294-1295.
Hugues d'Empúries aurait pu faire le choix de résister jusqu'au bout, de "faire Camerone" comme disent nos soldats de la Légion Étrangère. Mais il choisit au contraire une reddition peu glorieuse le 26 septembre 1302. La conséquence fut que les 500 archers syriens au service du Temple furent tous décapités, certainement pour se venger des lourdes pertes qu'avaient subis les assaillants. Les civils furent réduits en esclavage. Quant aux chevaliers du Temple, la plupart d'entre eux finiront leur vie oubliés de tous, dans les geôles du Caire – à l'exception de quelques privilégiés comme le frère templier Dalmau de Rocaberti, frère de l'archevêque de Tarragone qui fut fait prisonnier sur l'îlot de Rouad et libéré au début de l'année 1315.
Nom : Aimé de Oyselier
dates : 1302-1312
auparavant : précepteur de Bourgogne
ensuite :Le maréchal Aimé de Oyselier était prêt à tout pour sauver l'ordre des Templiers . En octobre 1307 le grand-maître Jacques de Molay a été fait prisonnier par le roi de France. En janvier 1308, le maréchal Aimé de Oyselier décide que la royauté à Chypre devait échoir à Amaury de Chypre , régent du royaume et frère du roi de Chypre Henri II.
Le maréchal du Temple sait qu'Amaury de Chypre est plus favorable aux Templiers que son frère. Aimé de Oyselier envisage, avec très certainement l'assentiment de son couvent, d'enlever le roi de Chypre, Henri II, pour qu'il abdique en faveur de son frère. On peut se douter que pour Amaury de Chypre cette initiative paraissait par trop radicale. Le régent aurait été immanquablement excommunié s'il avait suivi le maréchal du Temple dans cet audacieux projet.
Le 6 mai 1308, Amaury de Chypre reçut la bulle fulminée par le pape Clément V lui ordonnant d'arrêter tous les Templiers dans l'île. Amaury, qui était proche de l'ordre, dû être bien embarrassé. C'est après mûre réflexion qu'il dût juger que la raison d'état exigeait qu'on se soumette à la volonté du pape.
Le 12 mai, le régent envoya Balian d'Ibelin négocier la reddition des Templiers qui étaient dans leur maison de Limassol. La réponse du maréchal Aimé de Oyselier est intéressante. Il était prêt à accepter à ne plus exercer le contrôle direct sur les domaines de l'ordre mais refusait d'abandonner les armes et le trésor, demandant qu'il soit conservé là où seraient les frères. Le maréchal dans une ultime concession proposait que les frères se retirent dans une de leurs propriétés sous la garde des chevaliers laïcs jusqu'à ce que le pape ait tranché l'affaire.
Le maréchal de Oyselier parle d'un trésor sous sa garde. S'agit-il du trésor général que Jacques de Molay avait emmené à Paris? Si c'était le cas, il faudrait admettre que Gérard de Villiers à qui le grand-maître avait confié le trésor du Temple, se soit embarqué de la Rochelle pour mettre les voiles en direction du port de Limassol à Chypre. Le port de la Rochelle était le seul port au plus proche de Paris où les Templiers de leur commanderie à la Rochelle avaient un accès direct à la mer, leur permettant de se dérober à la vigilance des officiers du roi. Gérard de Villiers, qui avait été récemment nommé visiteur cismarin par le grand maître Jacques de Molay, aurait remis son précieux chargement entre les mains du maréchal du Temple Aimé de Oyselier. Ce n'est qu'une hypothèse, mais elle reste logique car depuis le grand maître Jacques de Molay, l'ordre avait pris l'habitude de faire voyager son trésor au plus près de son couvent. Et c'est ce que réaffirme le maréchal quand il demande que le trésor soit conservé là où seraient les frères.
Le 19 mai, Amaury envoya un autre émissaire: Baudoin, chanoine de la cathédrale de Nicosie. Cette fois-ci le ton était beaucoup plus menaçant. Si les frères n'obéissaient pas, le régent les ferait mettre à mort et les détruirait tous. Le maréchal chercha à gagner du temps en demandant un délai jusqu'en septembre, le temps d'informer le pape de la situation et qu'il leur fasse connaître sa décision.
Bien entendu, Amaury de Chypre ne pouvait accéder à de telles exigences. Il lui fallait impérativement accélérer les choses. Le 24 mai, le maréchal Aimé de Oyselier et les dignitaires du Temple se présentèrent devant Amaury de Chypre à Nicosie. Les frères lurent publiquement une profession de foi devant le clergé et le peuple, puis s'en retournèrent à Limassol. A Limassol, l'armée du régent avait commencé à se mettre en place pour se saisir des Templiers. Le 29 mai, le maréchal et tout son couvent prennent les armes pour leur défense. Mais finalement le 1er juin 1308, les Templiers se rendirent aux hommes du régent qui les fit emprisonner dans leurs deux châteaux de Khirokitia et de Yermasoyia.
Par la suite, le maître du Temple Aimé de Oyselier, le maître de la province de Chypre Jacques de Doumanin, le drapier Jean de Vila, le turcoplier Bertrand de Gourdon, le trésorier frère Albert et le maître des Pouilles Odon de Villaret furent transférés au château de Lefcara. Il semblerait que l'on ait craint que les dignitaires cherchent à s'enfuir sur une galère génoise. Les Templiers ne furent interrogés qu'à partir du mois de mai 1310. Le vendredi 5 juin 1310, le procès fut interrompu. Amaury de Chypre venait d'être assassiné, probablement par un partisan de son frère Henri II. C'était une très mauvaise nouvelle pour les Templiers qui pouvaient s'attendre dorénavant à moins d'indulgence.
Le résultat de l'enquête menée à Chypre se révéla trop favorable aux Templiers. Le pape Clément V ordonna dans une lettre écrite en août 1311 que l'on organise un nouveau procès en utilisant la torture. Cette fois-ci c'était Henri II, l'ennemi personnel des Templiers, qui était au pouvoir. Les Templiers furent transférés dans le très austère château de Kyrenia où Pierre de Plaine-Cassagne, évêque de Rodez et légat pontifical en Orient, avait le champ libre pour collaborer avec les inquisiteurs et faire appliquer la torture.
De ce nouveau procès, nous ignorons tout. Mais le chroniqueur Fransesco Amadi précisa tout de même en 1316 que le maréchal Aimé de Oyselier ainsi que bien d'autres frères étaient morts dans le donjon de Kyrenia. Sous le règne du roi Henri II, les Templiers de Chypre, isolés de tous, furent torturés à mort dans un sinistre donjon.
Le 1er juin 1308, quand les chevaliers du régent Amaury avaient fouillé la maison cheftaine de l'ordre à Limassol, ils avaient retrouvé à l'intérieur 120.000 besants blancs. On a du mal à croire que cette somme correspondait au fameux trésor dont parlait le maréchal. Quand on connaît un peu les habitudes de l'ordre, on se dit qu'un des premiers soucis du maréchal Aimé de Oyselier fut de faire évacuer le trésor de l'ordre avant que le régent puisse mettre la main dessus.
Si le trésor dont parle le maréchal était bien le trésor général, on peut croire qu'Aimé de Oyselier a confié cette mission à celui-là même qui lui avait apporté – c'est-à-dire à Gérard de Villiers. Nous n'avons aucune trace de ce chevalier à chypre à cette période, mais Gérard de Villiers dont on sait qu'il avait sous sa protection le trésor général n'a laissé aucune trace nulle part. On imagine bien que le nouveau visiteur cismarin devait se faire discret au moment où toute la chrétienté réclamait la destruction de l'ordre.
Toujours en suivant cette hypothèse, on peut penser que la pseudo résistance des Templiers à Limassol le 29 mai 1308 n'avait pour seul but que de protéger l'évacuation du trésor de l'ordre du port de Limassol vers d'autres cieux. Un des moyens d'en savoir plus sur cette affaire serait peut-être de suivre la piste du second procès des Templiers de Chypre. Il n'est pas impossible que Pierre de Plaine-Cassagne, légat pontifical en Orient, ait cherché à en savoir plus à propos de ce fameux trésor qui, rappelons-le, contient la couronne du Roi des Derniers, celui-là même qui à Jérusalem réunira les Nations Unies, autour des valeurs de la citoyenneté et de la démocratie.
On ne doute pas que Pierre de Plaine-Cassagne avait des arguments pour faire parler le maréchal. Sur cette question, la seule manière d'en avoir le cœur net serait de retrouver dans les archives du Vatican ou ailleurs le compte-rendu des interrogatoires du second procès des Templiers à Chypre.
NOTES:
1. Selon la chronique Les Gestes des Chyprois, compilée au début du XIV° siècle, Jacques de Mailly serait à ce moment maréchal du Temple. Ce fait est contredit par plusieurs lettres datées de 1187, écrites par des prélats et des barons de Terre Sainte qui furent adressées au pape, à l'empereur germanique et à d'autres seigneurs d'Occident. Dans ces lettres, Robert de Franiel est cité comme maréchal du Temple lors de la bataille de La Fontaine-Cresson. Soit le chroniqueur a fait une confusion entre les ordres de chevalerie de Terre Sainte, et Jacques de Mailly aurait été en réalité maréchal de l'ordre des Hospitaliers, soit la grande réputation du chevalier a poussé le chroniqueur à lui donner un titre qu'il n'avait pas au sein de son ordre.
2. Bien que ce fait ne soit pas encore établi, nous avons pris le parti de donner le nom du dernier grand-maître des Templiers au maréchal Guillaume de Malay. Compte tenu des variations orthographiques qui avaient cours à cette époque, cette initiative est autorisée. Nous pensons que le haut dignitaire du Temple Guillaume de Malay était en fait l'oncle de Jacques de Molay, et que c'est grâce à la réputation de ce parent que Jacques atteindra les plus hautes fonctions de l'ordre. On remarque par exemple que Jacques de Molay, qui semble avoir fait toute sa carrière en Terre Sainte, est présent à Paris en 1285 - date de la mort de Guillaume de Malay, alors maître de France. A cette occasion, Jacques de Molay aura le privilège de présider à la réception de nouveaux frères alors qu'il n'occupe aucune fonction officielle dans l'ordre à notre connaissance. Ce fait rarissime ne peut s'expliquer que si Jacques de Molay bénéficiait de puissants appuis au sein de l'ordre. Il n'est pas rare de constater que certains chevaliers font de belles carrières grâce à l'appui de parents bien placés dans l'ordre. Ce fut le cas notamment d'Hugues de Pairaud, le grand rival de Jacques de Molay au sein du chapitre général - qui était le neveu du dignitaire du Temple Humbert de Pairaud.