Liste des membres de le Société du Temple

Le siège de la Société du Temple et aussi le siège des services secrets français. La France va avoir deux types de diplomatie, l'une officielle dirigée depuis Versaille, l'autre secrète conduite depuis l'enclos du Temple de Paris d'où l'intérêt relativement précoce du Grand Prieuré pour la nouvelle société secrète des francs-maçons.
Philippe de Vendôme, duc (1655-1727)

Chevalier de Malte reçu de minorité en 1666 (11 ans), Grand Prieur du Temple en 1678, fondateur de la Société du Temple avec le concours de l'abbé de Chaulieu (vers 1680?), Maréchal de camp des armées du Roi en 1691, Lieutenant général des armées du Roi en 1693, démis de sa fonction de Grand Prieur du Temple en 1719.
Louis-Armand de Bourbon-Conti, prince (1695-1727)

Chevalier de l'ordre du Saint-Esprit en 1711, Maréchal de camp des armées du Roi en 1713, Lieutenant général des armées du Roi en 1719.
Léopold-Philippe d'Arenberg, duc (1690-1754)

Chevalier de la Toison d'or en 1700, Maréchal de camp des armées impériales du Rhin 1713, Lieutenant général des armées impériales en 1716, Grand bailli du Hainault en 1718, puis gouverneur général des Pays-Bas. Commandant en chef des troupes des Pays-Bas en 1737, nommé Feld-maréchal la même année.
Henri François de Foix de Candalle, duc (1640-1714)

Chevalier de l'ordre du Saint-Esprit en 1688, Colonel de son régiment de cavalerie de 1653 à 1672.
Charles-Auguste de La Fare, marquis (1644-1712)

Militaire en service de 1667 à 1674 sous le commandement du maréchal de Turenne puis Capitaine des gardes du corps de Philippe d'Orléans (régent).
Jean-Antoine de Mesmes, comte d'Avaux, académicien (1661-1723)

Membre de l'Académie française en 1710, premier président du parlement de Paris en 1712, officier de l'ordre du Saint-Esprit, maître des requêtes, conseiller d'État ordinaire, frère aîné de Jean-Jacques IV de Mesmes ambassadeur de l'ordre de Malte en France. Jean-Jacques IV de Mesmes était l'un des deux commanditaires de l'Histoire des Chevaliers de Malte de l'abbé Vertot qui deviendra l'un des ouvrages de référence des francs-maçons templiers.
Guillaume Amfrye de Chaulieu, abbé (1639-1720)

Conseiller et gestionnaire de fortune du duc de Vendôme et de son frère Philippe Grand Prieur de Temple, l'abbé de Chaulieu s'installe dans l'enclos du Temple de Paris en 1680. Il est co-fondateur de la société du Temple. Auteur de poèmes d'amour, il est surnommé l'Anacréon du Temple. Cependant certains mots doux pourraient révéler une activité plus secrète, quand il écrit au chevalier de Bouillon en 1712: "Arbre, croissez, disais-je, où nos chiffres tracés consacrent à l'amour nos noms entrelacés". Nous savons que le chiffre et la cryptographie font partie des activités des services secrets. L'ouvrage sur l'ordre de Malte d'Alain Blondy page 226 nous informe que le service de renseignement français utilisait une correspondance secrète avec le grand maître de l'ordre de Malte et franc-maçon Emmanuel de Rohan-Polduc, qui informait Paris sur les affaires de Pologne grâce au chiffre secret français. On connait aussi le fameux code dit "des Templiers" qui utilise la croix de Malte.

Code dit "des templiers" dont les francs-maçons se seraient inspirés pour le "parc à cochons"
François de Castagnère de Châteauneuf, abbé (1650-1708)

L'abbé de Chateauneuf est un littérateur et homme d'esprit à qui l'on doit d'intérressantes études sur la musique des anciens. En 1697 le roi de France Louis XIV l'envoie en mission diplomatique en Pologne auprès de l'abbé de Polignac, l'ambassadeur de France à Varsovie. En fait l'abbé de Chateauneuf est un agent de renseignement chargé de surveiller l'abbé de Polignac qui négocie l'élection de François-Louis de Bourbon-Conti (1664-1709) comme Roi de Pologne. Un des enjeux pour la France est que la Pologne signe un traité de paix avec les Turcs. La Turquie est un allié de longue date de la France. Le frère de l'abbé de Chateauneuf, Pierre-Antoine de Chateauneuf (1644-1728), est ambassadeur auprès de la Sublime Porte à Constantinople depuis novembre 1689. Cependant, trois mois avant l'élection du prince de Conti comme roi de Pologne le 27 juin 1697, Frédéric-Auguste de Saxe, avec l'appui du tsar Pierre le Grand, revendique le trône et entre en Pologne avec son armée pour se faire couronner roi de Pologne à Cracovie le 15 septembre 1697. Bien qu'élu avec la grande majorité des voix de la diète polonaise, François-Louis de Bourbon-Conti doit renoncer au trône de Pologne. François de Castagnère, abbé de Chateauneuf, a un frère aîné qui sera ambassadeur en Turquie, au Portugal, et au Pays-Bas. Un de ses neveux, Charles-Joseph de Castagnère baron de Chateauneuf (1686-1744), fut reçu de minorité comme chevalier de Malte le 12 novembre 1693. Mais l'abbé de Chateauneuf est surtout connu pour être le parrain du jeune Voltaire. C'est l'abbé de Chateauneuf qui introduit François-Marie Arouet, le futur Voltaire âgé de 12 ans, au sein de la société du Temple en 1706.
Hugues-Humbert Servien, abbé (1644-1723)

Hugues-Humbert est le fils de Justine de Bressac, l'une des premières femmes à porter le titre d'ambassadrice de France. Elle était l'épouse d'Ennemond Servien ambassadeur de France pour le duché de Savoie de 1648 à 1676 en poste à Turin. Hugues-Humbert, resté à la cour de France, est choisi à deux reprises par le roi Louis XIV pour remplir des missions extraordinaires à Turin en 1669 et 1670, comme celles de régler quelques différends survenus au sujet des limites entre la république de Gênes et le duché de Savoie. Il fut envoyé à la cour pontificale par son cousin et parrain, Hugues de Lionne, alors ministre des affaires étrangères. Hugues-Humbert fut camérier d'honneur du pape Clément X (1670-1676), puis camérier secret du pape Innocent XI (1676-1689). Il fit probablement office d'agent de liaison entre le gouvernement français et le Saint-siège. Il résida au moins dix-sept ans à Rome et en revint par une lettre de cachet au mois d'août 1687 au moment où le roi de France Louis XIV entame un bras de fer avec le pape Innocent XI à propos du privilège des franchises à Rome. Crise qui provoquera la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège et l'excommunication du marquis de Lavardin, ambassadeur de France à Rome en 1687. En 1715, Hugues-Humbert fut embastillé par le roi Louis XIV mourant et libéré par le régent Philippe d'Orléans.
Frédéric Jules de la Tour d'Auvergne, chevalier de Bouillon (1672-1733)

Chevalier de Malte, Grand Croix de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1690. En 1715 le chevalier de bouillon proposa avec succès au régent Philippe d'Orléans d'organiser des bals masqués à l'opéra à Paris. Plusieurs nobles de la Tour d'Auvergne sont chevalers de Malte comme Ignace-Constantin de la Tour d'Auvergne de Bouillon le 17 juillet 1662, le frère d'Ignace, Henri-Maurice de la Tour d'Auvergne de Bouillon le 1 mai 1671 et le neveu d'Ignace, Emanuel-Théodore de la Tour d'Auvergne de Bouillon le 10 avril 1670, ainsi que Emanuel-Maurice de la Tour d'Auvergne le 7 mai 1692. La famille de la Tour d'Auvergne, proche de la dynastie Écossaise des Stuart confiera l'éducation de Godefroy-Maurice de la Tour d'Auvergne àgé de 11ans à Andrew Michael Ramsay converti au Catholicisme et franc-maçon, avec une rente viagère à vie de trois mille livres versée à partir de janvier 1731, soit cinq ans avant son fameux discours.

Il est fort probable que c'est dans l'Hôtel du Grand Prieuré du Temple de Paris qu'est née cette chevalerie Maçonnique héritière de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1736 puis des Templiers vers 1743.
François Courtin, abbé (1659-1739)

François Courtin est le fils d’Honoré Courtin intendant, diplomate, conseiller d’état, ambassadeur de France en Suède et en Angleterre, un des grands commis de l’état et proche du clan des princes de Bourbon-Conti dont l’un des descendants est membre de la société du Temple. Hélas François Courtin ne semble pas être de la trempe de son père. Nommé abbé du Mont-Saint-Quentin, François fut un poète et libertin et selon le jugement définitif de Saint-Simon un bon à rien.
Jean-François-Paul Lefèvre de Caumartin, évêque et académicien (1668-1733)

Membre de l’Académie Française en 1694, docteur en théologie, vicaire général de l’Archevêque de Tours, puis évêque de Vannes en 1717 et évêque de Blois en 1719. Jean-François est le filleul du cardinal de Retz ( 1613-1679). Il fut élevé "sur les genoux" de ce cardinal qui fut l’un des principaux acteurs de la Fronde ( 1648-1653). La Fronde est au XVIIe siècle une sorte de répétition générale de la Révolution française du XVIIIe siècle. Pendant cinq ans les parlementaires, puis les princes de sang vont lutter en vain contre le pouvoir absolu du jeune roi Louis XIV (1638-1715) et de son premier ministre le cardinal Mazarin (1602-1661). 
Parmi les frondeurs, outre le cardinal de Retz, on compte « Monsieur » le duc d’Orléans (1608-1660), Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686), Armand de Bourbon-Conti (1629-1666), Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne duc de Bouillon (1605-1652), Henri Duc de Rohan-Chabot (1615-1652).
On remarque que certains des descendants de ces frondeurs se retrouvent au sein de la société du Temple mais seront aussi des animateurs de premier plan au sein de l’ordre de Malte et de la franc-maçonnerie française. Jean-François-Paul Lefèvre de Caumartin est aussi un évêque de tendance janséniste. Il semblerait qu’il faisait partie des « appelants », c’est à dire des ecclésiastiques français qui appelaient à la tenue d’un concile général pour remettre en cause les bulles pontificales qui condamnent le jansénisme.

Au XVIIe siècle les Jansénistes se retrouvent en opposition frontale aussi bien avec le roi Louis XIV qu’avec le Saint-Siège et au XVIIIe siècle les Jansénistes seront une force décisive pendant la révolution française lors de la constitution de l’Assemblée nationale le 17 juin 1789 avec le soutien de l’abbé Grégoire et de ses partisans. Parmi les Jansénistes célèbres, soulignons la présence du bailli du Temple, l’avocat Louis Adrien le Paige (1712-1802), protégé dans l’enclos du Temple de Paris par le prince de Conti. C’est probablement la mère de Jean-François, Catherine-Madeleine de Caumartin, qui pousse le cardinal de Retz à écrire ses mémoires sur les événements qu’il a vécu pendant la Fronde. Les mémoires du cardinal de Retz ne seront publiés que sous la régence de Philippe d’Orléans en 1717. Jean-François a aussi un demi-frère Louis-Urbain Lefèvre de Caumartin qui invite régulièrement le jeune Voltaire dans son château de Saint-Ange.
Le curriculum vitae de Jean-François-Paul Lefèvre de Caumartin nous fait prendre conscience que la société du Temple, loin d’être un inoffensif club d’épicuriens comme il nous l’est parfois présenté, est en réalité une redoutable organisation politique particulièrement dangereuse pour les monarchies absolues. Marqués par l’échec de la Fronde et influencés par la spiritualité des Jansénistes ces Templiers de la fin du XVIIe siècle vont développer une stratégie d’entrisme dont les deux principaux objectifs seront de se constituer un réseau international à travers des organisations comme l’ordre de Malte ou la franc-maçonnerie et de soutenir le parlement de Paris contre l’autorité du roi de France. Ces Templiers jouerons Paris contre Versailles.
Michel-Celse-Roger de Bussy-Rabutin (1669-1736)

Nicolas de Malézieu, académicien (1650-1727)

François-Joseph de Beaupoil de Sainte-Aulaire, académicien (1643-1742)

Charles-Jean-François Hénault, académicien (1685-1770)

Jean-Baptiste Rousseau (1670-1741)

François-Marie Arouet dit Voltaire, académicien (1694-1778)

Marguerite Jeanne Cordier de Launay, Baronne de Staal, femme de lettre (1684-1750)


Le Grand Prieur du Temple le prince de Conti (1749-1776) Chevalier de Malte, franc-maçon membre de la loge "Hôtel de Bussy", premier Directeur officiel des services secrets français, reçoit le jeune Mozart dans l'Hôtel du Grand Prieuré du Temple de Paris. Peinture de Michel-Barthélemy Ollivier, 1766. ( le prince de Conti est le personnage représenté de dos à côté de la fenêtre)
















