la bulle Omne datum optimum du 29 mars 1139

fulminée par le pape Innocent II

 

TRADUCTION FRANÇAISE

 

 

L’Évêque Innocent, Serviteur des Serviteurs de Dieu.  
À ses fils chéris Robert, Maître de l'ordre religieux du Temple qui est placé à Jérusalem et ses successeurs et frères, tant dans le présent que dans l'avenir et perpétuellement.

Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation.
Avec prévoyance, enfants chéris dans le Seigneur, nous louons Dieu tout-puissant de vous et pour vous, puisque votre ordre religieux, votre institution vénérable s’est faite connaître dans le monde entier.
Bien que vous soyez par essence naturelle enfants violents, s’adonnant aux plaisirs du siècle, par la grâce inspirante vous êtes devenus les auditeurs attentifs de l'Évangile, ayant abandonné l'ostentation temporelle et la propriété privée, ayant en effet abandonné le large chemin qui mène vers la mort, vous avez humblement choisi la dure voie qui mène à la vie et pour justifier de votre appartenance à la chevalerie de Dieu vous portez toujours sur votre poitrine le signe de la croix vivifiante.
En accord avec ceci est le fait que vous, tels de vrais Israélites et guerriers des plus expérimentés dans la guerre sainte, vous êtes en effet embrasés par la flamme de la charité et accomplissez par vos actes les paroles de l'Évangile qui disent : " Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. ", d'où, conformément aux paroles du Grand Berger, vous n'avez pas peur de perdre vos vies pour vos frères et les défendre des attaques des païens.
Aussi, depuis que vous êtes connus sous le nom de Chevaliers du Temple, vous avez été désignés par le Seigneur pour être les défenseurs de l'Église catholique et les assaillants des ennemis du Christ.
Il est en effet légitime que vous puissiez exercer votre quête et votre louable dévotion dans un acte si saint de tout votre cœur et de tout votre esprit.
Néanmoins, votre communauté puise son origine dans le Seigneur et, pour la rémission de vos péchés, par l'autorité de Dieu et de Saint Pierre, le prince des apôtres, nous vous chargeons, vous, aussi bien que ceux qui vous servent, de vous battre intrépidement, en invoquant le nom de Christ, contre les ennemis de la croix, pour protéger l'Église catholique et sécuriser ce qui est sous la tyrannie de païens et doit être sauvé de leur impureté.
Quant aux choses que vous recevrez du butin, vous pouvez avec assurance les mettre à votre propre utilisation et nous interdisons que vous soyez contraint contre votre volonté de donner à qui que ce soit une part de celles-ci.
Nous établissons que la maison ou "le Temple" dans lequel vous êtes réunis, pour l'éloge et la gloire de Dieu et la défense de ses fidèles, aussi bien que la libération de l'église de Dieu, avec tous vos biens et possessions actuels qui sont reconnus comme légitimement acquis, de même que tout ce que vous pourriez  acquérir à l'avenir par les concessions d'évêques, la générosité de rois et des princes, les cadeaux des fidèles ou par tout autre juste moyen, avec l'aide de Dieu, sera sous la tutelle et la protection du Siège Apostolique pour les temps à venir.
Nous établissons aussi dans ce présent décret que la vie religieuse qui a été instituée dans votre maison, inspirée par la grâce divine, sera observée inviolablement et les frères qui servent le Seigneur en son sein vivront chastement sans biens personnels et, confirmant leur profession par leur mots et leur mœurs, seront soumis et obéissants à leur maître et à tout ce leur commandera. De plus, puisque cette maison de votre institution sacrée a mérité d'être la source et l'origine de l'Ordre, on la considérera à l’avenir comme la mère et la principale de toutes les places qui y appartiennent.
De plus, nous commandons qu’après votre mort, Robert, notre fils chéri dans le Seigneur, ou n'importe lequel de vos successeurs, aucun frère de cette maison ne soit investi à moins qu'il ne soit un homme militaire et religieux qui professe les us de votre Ordre et que l'homme proposé ne soit pas élu par rien de moins que tous les frères ou par la meilleure partie des plus purs d'entre eux.
De plus, aucun ecclésiastique ou laïc ne peuvent empiéter ou diminuer  les coutumes conjointement instituées par le maître et les frères dans le but d'observer leur devoir et la religion. Ces mêmes coutumes, qui ont été observées par vous depuis quelque temps et ont été fixée par écrit, ne peuvent être changées par personne d'autre qu'un maître, au consentement d'au moins la meilleure partie du chapitre.
Aussi, nous interdisons et interdisons de toutes les façons possibles à n'importe quel ecclésiastique ou laïc d'exiger du maître et des frères de cette maison n'importe quelle fidélité, hommage, serments ou d'autres titres, souvent employés par les laïcs.
Soyez aussi conscients que, comme votre institution sainte et la chevalerie religieuse ont été établis par la providence divine, il ne vous est pas permis de la quitter pour un autre endroit sous le prétexte d'une vie plus religieuse, parce que Dieu qui est en effet immuable et éternel, n'approuve pas les cœurs inconstants, mais veut plutôt que vous accomplissiez le plan sacré, auquel vous êtes destinés, jusqu’à la toute fin de l'action due.
Combien de grands hommes investis de l’habit militaire et du pouvoir temporel ont plu au Seigneur en lui laissant un mémorial éternel ?
Combien et comment les grands hommes en armure de bataille, en leur temps, ont courageusement combattu en témoins de Dieu et pour la défense des lois de leurs pères, consacrant leurs mains au Seigneur dans le sang d'infidèles et après œuvrant dans le combat ont reçu la récompense de vie éternelle ?
Considérez votre appel en conséquence, frères, tant chevaliers que servants et, comme l'apôtre dit, " Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il était quand il a été appelé."
Donc nous vous refusons, une fois faits frères, une fois consacrés et reçus dans l'Ordre saint, toute possibilité de retourner à la vie séculaire après avoir fait profession de votre chevalerie et porté  l'habit religieux. Et il n'est pas légal pour qui que ce soit, après avoir fait  profession, de rejeter la croix du Seigneur et l'habit de votre profession, une fois pris, pas plus qu’il ne peut quitter non plus la maison pour une autre place ou même un monastère, sous le prétexte d'une vie plus ou moins religieuse, si les frères ou le maître ne l’ont pas agréé ou n’ont pas été consultés et aucun ecclésiastique ou le laïc profane ne devrait avoir la permission de l’accepter ou de le retenir.
Et parce que ceux qui sont les défenseurs de l'Église devraient vivre et être soutenus par les biens de l'Église nous interdisons par tous les moyens l'extraction de dîmes contre votre volonté sur tous les biens meubles et immeubles ainsi que sur quoi que ce soit qui appartiennent à votre vénérable maison.
Mais nous confirmons avec l'autorité apostolique les dîmes que vous pourriez extraire par votre zèle, avec le conseil et le consentement des évêques des mains des clercs et des laïcs et même ceux que vous obtenez avec le consentement des évêques et de leurs clercs.
Et, afin que rien ne manque pour la plénitude de votre salut et le soin de vos âmes et pour que les sacrements de l'église et saints offices soient plus commodément tenus dans votre ordre saint, nous sanctionnons, par la même façon, qu’il vous soit permis de recevoir d’honnêtes prêtres et clercs, qui ont reçu l'ordination en Dieu, au mieux de votre connaissance, d’où qu’ils vous arrivent et de les garder en votre maison mère ou dans d'autre place qui lui soit subordonnée - à condition que, s'ils sont du voisinage, vous le demandiez à leurs évêques et qu’ils ne soient pas considérés hostiles à une autre profession ou ordre.
Mais si les évêques venaient à ne pas être enclin à vous les concéder, en aucune façon vous n'avez le droit de les recevoir et les retenir par l'autorité de la sainte Église romaine.
Si, cependant, certains d'entre eux, après avoir fait profession, semblaient être des fauteurs de troubles dans votre Ordre ou dans votre maison, ou simplement inutiles, vous, avec la meilleure partie du chapitre, êtes autorisés à les en retirer et leur donner la licence pour être transféré à un Ordre où ils pourront mener une vie pieuse, et les remplaçant par d'autres hommes plus appropriés. Ceux-ci, cependant, seront testés dans votre communauté jusqu’au terme d'une année, après quoi, si leur conduite est à la hauteur et s’ils ont été trouvés utiles pour votre service, alors finalement ils pourront faire profession de vie selon la règle et d’obéissance à leur Maître, afin qu’ils puissent avoir la même nourriture et habit que vous, aussi bien que leur literie, à l’exception de ce qu’ils portent comme vêtements du dessous.
Mais même à eux il ne sera pas permis de participer à l'administration de vos chapitres ou de vos maisons  qu'autant que vous pourriez le leur confier. Aussi, ils auront seulement autant soin de vos âmes que vous les en avez chargés. De plus, ils ne seront pas soumis à quelqu'un à l'extérieur de votre chapitre et ils offriront l'obéissance en tout et par tout à vous, Robert, mon fils chéri dans le Seigneur et vos successeurs, comme leurs maîtres et prélats.
De plus, nous commandons que vous laissiez les ordinations des clercs, que vous pourriez vouloir être élevés dans les ordres, à un évêque Catholique, si en effet il est Catholique et a la grâce du siège apostolique, qui, sans aucun doute soutenu par notre autorité, accorde ce qui est requis.
Nous interdisons aussi à ces clercs de prêcher pour de l'argent ou du profit ainsi qu’à vous de les envoyer pour prêcher dans le même but, à moins qu’il n'arrive que le maître du Temple ne prennent à ce moment là une disposition pour ceci, pour des raisons spécifiques.
Et quiconque de ceux-ci est accepté en votre compagnie,  promettra d’observer la permanence de résidence, de changer ses habitudes et se battre pour le Seigneur chaque jour de sa vie, sous l'obéissance au  maître du Temple, ayant prêté une assurance écrite de cela sur l'autel.
Bien que réservant aussi aux évêques les droits épiscopaux, en ce qui concerne les dîmes, aussi bien que les services religieux et les enterrements, nous accordons de même la permission de construire des lieux de culte dans des emplacements donnés au Saint Temple, où votre communauté réside, et dans lesquels des services religieux seraient certainement tenus et où, si n'importe lequel d’entre vous ou de votre communauté devait mourir, pourrait être enterré. Car il est inconvenant et constitue un réel danger pour les âmes que les frères de l'ordre se mélangent avec les multitudes d'hommes et les foules de femmes, sous le prétexte d'aller à l'église.
De plus, nous décrétons par l'autorité apostolique qu’en n'importe quel place où il vous arriverait d’aller, vous ne devriez recevoir les sacrements de confession, d’extrême-onction ou tout autres que de prêtres honnêtes et Catholiques, de peur que quelque chose ne manque dans le partage des bienfaits spirituels.
Parce qu'en effet nous sommes tous un dans le Christ et qu’il n'y ait aucune distinction de faite devant Dieu, tant dans la rémission des péchés que dans d'autres bienfaits, et nous souhaitons que tant vos communautés que vos serviteurs soient les récipiendaires de la bénédiction apostolique que l'on vous a accordée.
Pour ces raisons, il n’est permis à personne de déranger inconsidérément la place susmentionnée ou de prendre ses biens ou retenir les possessions qui lui ont été accordées, aussi bien que de les diminuer ou les user par n'importe quels mauvais traitements, mais ils devraient être gardés intacts et être utilisé pour le bien de votre ordre et la fidélité en Dieu, de toutes les façons possibles.
En conséquence de quoi, si qui que ce soit, ayant la connaissance de notre décret, essayait témérairement d’agir à son encontre et, bien qu’en ayant été mis en garde pour la deuxième et troisième fois ne corrigeait pas convenablement sa faute, il perdrait la dignité de son pouvoir et son honneur. Il se trouvera accusé d’injustice commise devant la le tribunal divin et sera indigne du très saint corps et du sang de notre Dieu, Seigneur et Sauveur Jésus Christ et sera également soumis à une vengeance sévère au jugement final.
Ceux-là, cependant, qui entretiendront ces préceptes obtiendront la bénédiction et la grâce de Dieu tout-puissant et ses apôtres bénis Pierre et Paul.
Amen.


Rota. - Ego Innocentius catholice ecclesie episcopus ss.
+ Ego Egidius Tusculanis episcopus ss.
+ Ego Gregorius presbiter cardinalis tituli Apostolorum ss.
+ Ego Petrus presbiter cardinalis tituli Susanne ss.
+ Ego Conradus Sab(inensis) episcopus ss.
+ Ego Theodewinus sancto Rufine episcopus ss.
+ Ego Pettrus presbiter cardinalis tituli sancti Marcelli ss.
+ Ego Albericus Hostiensis episcopus ss.
+ Ego Comes presbiter cardinalis tituli Eudoxie ss.
+ Ego Matheus presbiter cardinalis tituli Eudoxie ss.
+ Ego Gerardus presbiter cardinalis tituli sancte cruces in Iherusalem ss.
+ Ego Anselmus presbiter cardinalis tituli sancti Laurentii in Lucina ss.
+ Ego Lutifridus presbiter cardinalis Vestine ss.
+ Ego Luchas presbiter cardinalis tituli sanctorum Iohannis et Pauli ss.
+ Ego Grisogonus presbiter cardinalis sancte Praxedis ss.
+ Ego Martinus presbiter cardinalis tituli sancte Sable ss.
+ Ego Gregorius presbiter cardinalis tituli sancte Balbine ss.
+ Ego Gregorius diaconus cardinalis sanctorum Sergii et Bachi ss.
+ Ego Adenulfus diaconus cardinalis sancte Marie in Cosmidia ss.
+ Ego Guido diaconus cardinalis sanctorum Cosme et Damiani ss.
+ Ego Vass(alus) diaconus cardinalis sancti Eustachii juxta Templum Agrippe ss.

Donné à Latran, par la main d'Imeric, diacre cardinal et chancelier de l'Église Romaine, le 4ème jour avant les calendes d’avril seconde indiction, l'année d'incarnation du Seigneur 1139, dixième année du pontificat de notre Seigneur le Pape, Innocent II.

 

VERSION ORIGINALE LATINE

 

Innocentius episcopus, servus servorum Dei. Dilectis filiis Roberto magistro religiose militie Templi quod Iherosolimis situm est, ejusque successoribus et fratibus tam presentibus quam futuris in perpetuum.

Omne datum optimum et omne donum perfectum desursum est, descendens a patro luminum, apud quem non est transmutatio nec vicissitudinis obumbratio. Provide, dilecti in Domino filii, de vobis et pro vobis, omnipotentem Dominum collaudamus, quoniam in universo mundo vestra religio et veneranda institutio nuntiatur.
Cum enim natura essetis filii ire et seculi voluptatibus dediti, nunc, per aspirantem gratiam, evangelii non surdi auditors effecti, relictis pompis secularibus et rebus propriis, dimissa etiam spatiosa via que ducit ad mortem, arduum iter quod ducit ad vitam, humiliter elegistis, atque ad comprobandum quod in Dei militia computemini signum vivifice cruces in vestro pectore assidue circumfertis.
Accedit ad hoc quod tanquam veri Israelite atque instructissimi divini prelii bellatores, vere karitatis flamma succensi, dictum evengelium operibus adimpletis quod dicitur: majorem hac dilectionem nemo habet quam ut animam suam ponat quis pro animis [sic] suis; unde etiam, juxta summi Pastoris vocem, animas vestras pro fratribus ponere eosque ab incursoribus paganorum defensare, minime formidatis; et, cum nomine censeamini milites Templi, constituti estis a Domino catholice ecclesie defensores et inimicorum Xpisti impugnatores.
Licet autem vestrum studium et laudanda devotio in tam sacro opere, toto corde et tota mente desudet.
Nihilominus tamen universitatem vestram exortamur in Domino, atque, in peccatorum remissionem, auctoritate Dei et beati Petri, apostolorum principis, iam vobis quam servitoribus vestres injungimus, ut pro tuenda catholica ecclesia, et ea que est sub paganorum tyrannide, de ipsorum spurcitia eruenda, expugnandos inimicos crucis, invocato Xpisti nomine, intrepide laboretis.
Ea etiam que de eorum spoliis ceperetis, fidenter in usus vestros convertatis, et, ne de his, contra velle vestrum, portionem alicui dare cogamini, prohibemus. Statuentes ut domus seu Templum, in quo estis, ad Dei laudem et gloriam, atque defensionem suorum fidelium, et liberandam Dei ecclesiam, congregati, cum omnibus possessionibus et bonis suis que inpresentiarum legitime habere cognoscitur, aut, in futurum, concessione pontificum, libertate regum vel principum, oblatione fidelium, seu aliis justis modis, prestante Domino, poterit adipisci, perpetuis futuris temporibus, sub Apostolice Sedis tutela et protectione consistat. Presenti quoque decreto sanctimus, ut vita religiosa que in vestra domo est, divina inspirante gratia, instituta, ibidem inviolabiter observetur, et fraters inibi omnipotenti Domino servientes, caste et sine proprio vivant, et, professionem suam dictis et moribus comprobantes, magistro suo aut quibus ipse preceperit, in omnibus et per omnia, subjecti et obedientes existant.
Preterea quemadmodum domus ipsa hujus sacre vestre institutionis et ordinis fons et origo esse promeruit, ita nichilominus omnium locorum ad eam pertinentium caput et magistra in perpetuum habeatur. Ad hec adjicientes, precipimus ut, obeunto te, dilecte in Domino fili Roberte, vel tuorum quolibet successorum, nullus ejusdem domus fratribus proponatur, nisi militaris et religiosa persona, que vestre conversationis habitum sit professa, nec ab aliis, nisi ab omnibus fratribus insimul vel a saniori ac puriori eorum parte qui proponendus fuerit, eligatur.
Porro consuetudines, ad vestro religionis et officii observantiam, a magistro et fratribus communiter institutes, nulli ecclesiastice seculariove persone infringere vel minuere sit licitum.
Easdem quoque consuetudines a vobis aliquanto tempore observantas, et scripto firmatas, non nisi ab eo qui magister est, consentiente tamen saniori parte capituli, liceat immutari.
Prohibemus autem et omnimodis interdicimus ut fidelitates, hominia sive juramenta, vel reliquas securitates, que a secularibus frequentantur, nulla ecclesiastica secularisve persona, a magistro et fratribus ejusdem domus exigere audeat. Illud autem scitoto quoniam, sicut vestra sacra institutio et religiosa militia, divina est providentia stabilita, ita nichilominus nullius vite religiosioris obtentu ad locum alium vos convenit transvolare: Deus enim qui est incomutabilis et eternus, mutabilia corda non approbat, sed pocius sacrum propositum semel inceptum perduci vult usque in finem debite accionis.
Quot et quanti sub militari cingulo et clamyde terreni imperii Domino placuerunt, sibique memoriale perpetuum reliquerunt?
Quot et quanti, in armis bellicis constituti, pro testamento Dei et paternarum legum defensione, suis temporibus, fortiter dimicarunt, atque manus suas in sanguine infidelium Domino consecrantes, post bellicos sudores, eterne vite bravium sunt adepti?
Videte itaque vocationem vestram, fraters, iam milites quam servientes, atque juxta apostolum, unusquisque vestrum, in qua vocatione vocatus est, in ea permaneat; ideoque fraters vestros, semel devotos atque in sacro collegio receptos, post factam in vestra militia professionem, et habitum religionis assumptum, revertendi ad seculum nullam habere precipimus facultatem.
Nec alicui eorum fas sit, post factam professionem, semel assumptam crucem Dominicam et habitum vestre professionis abicere, vel ad alium locum seu etiam monasterium, majoris sive minoris religionis obtentu, invitis seu inconsultis fratribus aut eo qui magister extiterit, liceat transmigrare nullique ecclesiastice secularive persone ipsos suscipiendi aut retinendi licentia pateat.
Et quoniam qui sunt defensores ecclesie, de bonis ecclesie debent vivere ac sustenari, de rebus mobilibus vel se moventibus seu de quibuslibet que ad vestram venerabilem domum pertinent, a vobis decimas exigi, contra voluntatem vestram, omnimodis prohibemus. Ceterum decimas quas, consilio et consensu episcoporum de manu clericorum vel laicorum, studio vestro extrahere poteritis, illas etiam quas, consentientibus episcopis et eorum clericis, acquiretis, vobis auctoritate apostolica confirmamus.
Ut autem ad plenitudinem salutis et curam animarum vestrarum nichil vobis desit, et ecclesiastica sacramenta et divina officia vestro sacro collegio commodius exhibeantur, simili modo sancimus, ut liceat vobis honestos clericos et sacerdotes, secundum Deum, quantum ad vestram scientiam, ordinatos, undecumque ad vos venientes, suscipere, et tam in principali domo vestra quam etiam in obedientits et locis sibi subditis, vobis habere. Dummodo si e vicino sunt, eos a propriis episcopis expetatis, idemque nulli alii professioni vel ordini teneantur obnoxii.
Quod si episcopi eosdem vobis concedere forte noluerint, nihilominus tamen eos suspiciendi et retinendi auctoritate sancta Romane ecclesie habeatis.
Si vero aliqui horum, post factam professionem, turbatores religionis vestre aut domus, vel etiam inutiles apparuerint, liceat vobis eos, cum saniori parte capituli amovere, ejisque tanseundi ad alium ordinem, ubi, secundum Deum vivere voluerint, licentiam dare et loco ipsorum alios idoneos substituere; qui etiam unius anni in vestra societate spatio probentur, quo peracto, si mores eorum hoc exegerint, et ad vestrum servitium utiles inventi fuerint, tunc demum professionem faciant regulariter vivendi et magistro suo obediendi, ita ut eundem victum et vestium vobiscum habeant necnon lectisternia, excepto eo quod clausa vestimenta portabunt.
Sed nec ipsis liceat de capitulo vel cura domus vestre se temere intromittere, nisi quantum a vobis eis fuerit injunctum; curam quoque animarum tantum habeant quantum a vobis fuerint requisiti; preterea nulli persone extra vestrum capitulum sint subjecti tibique, dilecte in Domino fili Roberte, tuisque successoribus tanquam magistro et prelato suo, in omnibus et per omnia obedientiam deferant. Precipimus insuper ut ordinationes eorumdem clericorum qui ad sacros ordines fuerint promovendi a quocumque volueritis, catholico suscipiatis episcopo, siquidem catholicus et gratiam apostolice sedis habuerit, qui nimirum nostra fultus auctoritate quod postulatur indulgeat.
Eosdem autem pro pecunia predicare aut lucro, vosque pro hujusmodi causa ad predicandum mittere prohibemus, nisi forte magister Templi, qui pro tempore fuerit, certis ex causis id faciendum esse providerit.
Quicumque sane ex his in vestro collegio suscipientur stabilitatem loci, conversionem morum, seque militaturos Domino, diebus vite sue, sub obedientia magistri Templi, posito scripto super altare, in quo contineantur ista, promittent. Salvo quoque episcopis jure episcopali, tam in decimis quam in oblationibus et sepulturis, nihilominus concedimus facultatem, in locis sacro Templo collatis, ubi familia vestra habitat, oratoria construere, in quibus utique ipsa divina officia audiat ibique, si quis ex vobis vel ex eadem familia mortuus fuerit, tumuletur.
Indecens enim est et animarum periculo proximum, religiosos fraters, occasione adeunde ecclesie, se virorom turbis et mulierum frequentie immiscere. Decernimus insuper auctoritate apostolica, ut, apud quemcumque locum vos venire contigerit, ab honestis atque catholicis sacerdotibus penitentiam, unciones seu alia quelibet sacramenta ecclesiastica suscipere liceat, ne forte ad preceptionem spiritualium bonorum vobis quippiam deesse valeat.
Quia vero omnes in Xpisto unum sumus, et non est personarum differentia apud Deum, tam remissionis peccatorum quam alterius beneficeintie, atque apostolice benedictionis que vobis indulta est, etiam familias et servientes vestros volumus esse participes.
Nulli ergo hominum liceat, predictum locum temere perturbare aut ejus possessions aufferre vel ablatas retinere, minuere aut alilquibus vexationibus fatigare, sed omnia integra conserventur vestris atque aliorum Dei fidelium usibus omnimodis profutura.
Si quis igitur hanc nostre constitutionis paginam sciens, contra eam temere venire temptaverit, secundo tertiove commonitus nisi reatum suum congrua satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui dignitate careat, reumque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et domini redemptoris nostri Ihesu Xpisti alienus fiat atque in extremo examine districte ultioni subjaceat.
Conservantes autem hec omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus benedictionem et gratiam consequantur.
Amen.

Rota. - Ego Innocentius catholice ecclesie episcopus ss.
+ Ego Egidius Tusculanis episcopus ss.
+ Ego Gregorius presbiter cardinalis tituli Apostolorum ss.
+ Ego Petrus presbiter cardinalis tituli Susanne ss.
+ Ego Conradus Sab(inensis) episcopus ss.
+ Ego Theodewinus sancto Rufine episcopus ss.
+ Ego Pettrus presbiter cardinalis tituli sancti Marcelli ss.
+ Ego Albericus Hostiensis episcopus ss.
+ Ego Comes presbiter cardinalis tituli Eudoxie ss.
+ Ego Matheus presbiter cardinalis tituli Eudoxie ss.
+ Ego Gerardus presbiter cardinalis tituli sancte cruces in Iherusalem ss.
+ Ego Anselmus presbiter cardinalis tituli sancti Laurentii in Lucina ss.
+ Ego Lutifridus presbiter cardinalis Vestine ss.
+ Ego Luchas presbiter cardinalis tituli sanctorum Iohannis et Pauli ss.
+ Ego Grisogonus presbiter cardinalis sancte Praxedis ss.
+ Ego Martinus presbiter cardinalis tituli sancte Sable ss.
+ Ego Gregorius presbiter cardinalis tituli sancte Balbine ss.
+ Ego Gregorius diaconus cardinalis sanctorum Sergii et Bachi ss.
+ Ego Adenulfus diaconus cardinalis sancte Marie in Cosmidia ss.
+ Ego Guido diaconus cardinalis sanctorum Cosme et Damiani ss.
+ Ego Vass(alus) diaconus cardinalis sancti Eustachii juxta Templum Agrippe ss.

Datum Laterani per manum Imerici sancte Romane ecclesie diaconi cardinalis et cancellarii, iiii kalendas aprilis, indicione ii, incarnationis Dominice anno MCXXXVIIII, pontificatus vero domni Innocencii pape ii anno x.

 

 

 

 

Additional information